Le cholestérol, un nouveau domaine pour Sanofi
Le groupe doit réussir le lancement de son anticholestérol Praluent dans un contexte de concurrence et de prix difficile.
Le lancement de Praluent, un produit de nouvelle génération contre le cholestérol, crédité par les analystes d’un chiffre d’affaires potentiel d’au moins 3 milliards de dollars, est indiscutablement le grand défi de cette année pour Sanofi, jusque-là quasi-absent des anticholestérols. Qu ’Olivier Brandicourt ait été chargédu marketing du Lipitor, alors anticholestérol vedette de Pfizer (9,6 milliards de dollars de ventes à son apogée en 2011) est un atout. Et ce ne sera pas inutile car le contexte est délicat.
Pfizer travaille sur une version orale
Si le Praluent est en pole position dans la course au marché, il n’est pas le seul produit de sa catégorie. Une molécule quasi identique développée par Amgen le talonne. Son autorisation aux Etats-Unis par la FDA devrait intervenir avant le 27 août alors que celle du Praluent est attendue pour le 24 juillet. Et ce, parce que Sanofi a racheté, pour 67,5 millions de dollars à une autre entreprise, un « ticket prioritaire » qui lui assure un examen accéléré de son dossier par la FDA. Par mesure de rétorsion, Amgen a alors intenté un procès à Sanofi, l’accusant d’avoir enfreint ses brevets. S’il est peu probable qu’il réussisse à l’empêcher de fabriquer et de vendre le Praluent, il pourrait, au pire, obliger Sanofi à lui verser des royalties, selon des spécialistes de la propriété intellectuelle.
Avec quelques longueurs de retard sur ce duo de tête, Pfizer arrive en troisième position avec une molécule actuellement en phase III et, de façon plus originale, une version orale du traitement mais qui devrait seulement entrer en phase I cette année.
Supplanter les statines
Comment, dans ces conditions, le produit de Sanofi va-t-il se démarquer de celui d’Amgen ? Sanofi a déjà entrepris aux Etats-Unis une campagne Internet, sur un site aux couleurs du drapeau américain, pour tester les connaissances de la population relative à son taux de cholestérol, savoir qui est concerné et quels sont les traitements suivis. Car cette nouvelle classe de produits va aussi devoir s’imposer sur un marché aujourd’hui dominé par les statines, largement génériquées et qui sont efficaces chez de nombreux patients. Il va falloir convaincre les médecins et les payeurs que ces nouveaux produits sont supérieurs aux statines. D’où les études portant sur des dizaines de milliers de patients menées par les deux leaders pour apporter la preuve que, grâce à leurs produits, la diminution de 50 à 60 % du « mauvais » cholestérol aboutit à une réduction considérable du nombre d’accidents cardiovasculaires.
Nécessaire pour convaincre les prescripteurs, ces études vont aussi conditionner le prix. Les analystes évoquent pour ces traitements le chiffre de 7.000 à 12.000 dollars par personne et par an (contre 1.200 euros pour les statines). Mais il faudra alors des résultats capables de convaincre les payeurs. Sans compter que le lancement de deux produits quasi identiques dans un mouchoir de poche devrait plutôt peser sur les prix.