Le travail d'identification des victimes se poursuit sur les lieux du crash de l'A320 dans les Alpes qui a fait 150 morts.

Le travail d'identification des victimes se poursuit sur les lieux du crash de l'A320 dans les Alpes qui a fait 150 morts.

AFP PHOTO / HO / FRANCIS PELLIER /

1. Les prétendus "mensonges" sur le suicide du copilote

Ce que disent les conspirationnistes. La thèse du suicide du co-pilote de l'avion Andreas Lubitz est "bien commode comme beaucoup de suicides sans cause brandis dès qu'une explication embarrassante doit être fournie", estime le site reseauinternational.net. L'explication du crash de l'Airbus A320 de Germanwings serait donc à chercher ailleurs.

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"Le copilote Lubitz n'a pas pu vouloir se suicider, poursuit le site. Un jeune pilote reconnu à 100% apte à piloter selon les normes très, très strictes appliquées dans le domaine de l'aviation, surtout dans un pays comme l'Allemagne, ne peut se transformer, le temps d'un crash, en un psychopathe bourré de médicaments."

Pourquoi c'est fumeux. "Si le copilote de l'A320 ne s'est pas suicidé, toute la narrative officielle tombe à l'eau", affirme reseauinternational.net. Le problème, c'est que le site n'avance aucun élément pour contredire cette version des faits. A défaut de contredire la "narrative officielle", il se contente donc d'affirmer, sans preuve, qu'elle serait fausse pour mieux spéculer sur le cours des événements.

Contrairement à ce qu'avance le site, de nombreux éléments accréditent la thèse du suicide du copilote de l'avion. Au premier rang desquels on trouve les premières conclusions de l'enquête dévoilées par le procureur de la République, notamment à partir de l'analyse d'une des boîtes noires. Eléments auxquels il faut ajouter le portrait qui se dessine, au fil des jours, d'Andreas Lubitz. Dépression, arrêt maladie, problème de vue (avec le risque de perdre en conséquence son job de pilote)... N'en déplaise aux complotistes, l'homme ne s'est pas "transformé en psychopathe" en un jour (voir ci-dessous).


2. Un "expert" qui discréditerait la version officielle

Ce que disent les conspirationnistes. C'est une vidéo dont de nombreux sites complotistes bien connus de L'Express font leur miel. Un extrait du Grand Journal de Canal+ du 26 mars dernier remettrait en cause la "version officielle des événements". Gérard Arnoux, ancien commandant de bord et expert en aéronautique, y pointe des "anomalies et incohérences" au sujet du crash de l'A320 de Germanwings.

L'expert explique par exemple que "le procureur nous dit que, pendant toute la descente, on entend le souffle du copilote. Moi qui ai dix-huit ans d'expérience, je peux vous certifier qu'on ne peut pas entendre le souffle de qui que ce soit, à moins que ce ne soit un asthmatique." Suffisant pour que le site leschroniquesderorschach.blogspot.fr assène, catégorique: "Pour un spécialiste français, les explications données par le procureur de Marseille ne tiennent pas".

Pourquoi c'est fumeux. Attention, manipulation! Contacté par L'Express, Gérard Arnoux s'agace de voir certaines personnes détourner ses propos à des fins de propagande. Sa réponse est sans équivoque: "Aujourd'hui, la thèse du suicide du copilote est la meilleure explication que nous ayons sur ce drame. Et je n'accorde aucun crédit aux versions conspirationnistes."

Pour que ce ne soit pas un suicide, il faudrait la conjonction de trois éléments fort peu probables, analyse-t-il:

  1. que l'avion se soit mis en descente tout seul
  2. que le pilote se soit évanoui avant
  3. que le code d'urgence d'ouverture de la porte du cockpit ne fonctionne pas

L'expert en aéronautique n'a donc jamais remis en cause le fond de l'enquête. Il critique simplement le fonctionnement du Bureau d'Enquêtes et d'Analyses (BEA), qui est "inféodé au pouvoir exécutif en France. Or, ça ne fonctionne pas et les textes internationaux prévoient l'inverse", souffle-t-il.

Gérard Arnoux pointe aussi, il est vrai, des "approximations flagrantes" dans les explications techniques fournies par le procureur. Mais il s'agit avant tout d'erreurs de communication qui ne "font pas sérieux de la part de gens sérieux". Et regrette justement que ces "cafouillages" nourrissent la rhétorique complotiste.

3. La pseudo-explication qui "ne va pas plaire à M. Obama"

Ce que disent les conspirationnistes. Le site MetaTV.org affirme dans un article que Barack Obama serait "furieux" que le vol 9525 de Germanwings "ait été abattu dans le sud de la France". Il serait tout aussi "furieux" du fait que "deux ingénieurs du Pentagone faisaient partie des victimes (...) des victimes spécialisées dans les radars ou justement, peut-être spécialistes du système de défense High Energy Liquid Laser Area (HELLADS) qui sert actuellement secrètement, dans les opérations de l'OTAN contre la Fédération de Russie."

Pourquoi c'est fumeux. Ces révélations fracassantes s'appuient sur un "nouveau rapport publié par le Service de renseignements Russe". Problème: ni MetaTV.org, ni le site italien sur lequel il s'appuie, ni les sites russes cités par ce dernier ne sont capables d'en fournir la référence... Un point, cependant, est en (petite) partie validé de source sûre: Yvonne Selke, une des deux victimes américaines du crash, travaillait bien pour la National Geospatial-Intelligence Agency.

Tout le reste, en revanche, n'est qu'élucubrations et extrapolations sans autre source. Rien n'accrédite par exemple l'idée selon laquelle l'avion aurait été abattu. "L'explosion en vol est hautement improbable, notamment car les débris de l'avion ne s'étendent pas sur des kilomètres, comme c'est généralement le cas en pareil cas, ils sont restés circonscrits à une zone relativement étroite dans le massif montagneux", explique France Info. La petite taille des débris va dans le même sens.



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