
En pleine crise de gouvernance
Réforme du format des compétitions, révision des clés de répartition des droits télé entre Ligue 1 et Ligue 2, mise en place d'un pouvoir exécutif modernisé, création d'une société commerciale et suppression de l'UCPF : le foot français s'agite beaucoup en ce moment.
La fracture est désormais ouverte entre les tenants d’une dynamique plus élitiste et les défenseurs d’une pratique solidaire basée sur une juste répartition des droits télé entre les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2. Agacé par les lourdeurs de la chaîne des prises de décision, très au fait des modes de fonctionnement en vigueur dans les grands Championnats et soucieux de rentabiliser son nouveau grand stade, Jean-Michel Aulas a préparé le terrain d’une modernisation de la gouvernance. Le président lyonnais milite pour que l’on se rapproche de ce qui se pratique en Angleterre avec la création d’une société commerciale du type de celle chapeautant la Premier League. Pour Aulas, l’Union des Clubs professionnels (UCPF) pourrait devenir le bras armé commercial du foot français alors que la Ligue rejoindrait le giron de la Fédération. Cette proposition a indirectement reçu le soutien de Noël Le Graët. Le président de la FFF est convaincu que la Ligue ne peut plus être la chambre d’enregistrement des volontés de l’UCPF, le syndicat des présidents. L’ancien président de Guingamp souhaite que le football pro puisse parler d’une seule voix et il n’est pas opposé «à une mutualisation de certains services de la Ligue et de la Fédération pour réaliser des économies drastiques.»
Cette nécessaire réforme de la Ligue et du champ de ses compétences est réclamée par bon nombre de dirigeants. Mais ils n’en ont pas tous la même vision ni la même conception. Les clubs les plus puissants demandent plus d’autonomie et veulent disposer d’une plus grande marge de manœuvre. Ils voudraient notamment s’affranchir des petits clubs et pouvoir gérer les sujets les concernant sans aucune interférence des représentants de Ligue 2. Lors du conseil d’administration de la LFP du 16 avril, le duo Frédéric de Saint-Sernin - Pierre Dréossi présentera un rapport de dix-sept pages contenant plusieurs propositions pour améliorer la compétitivité du foot français. En réalité, un simple toilettage car il préconise la mise en place de «mesurettes» ayant fait consensus. Il n’y sera pas question du passage de la Ligue 1 à dix-huit clubs qui suscite trop de réticences, ni de la suppression de la Coupe de la Ligue qui permettrait pourtant d’alléger le calendrier. D’où un agacement ambiant, prélude à une profonde crise de gouvernance.
Eric Champel
Lors du conseil d'administration de la LFP du 16 avril, le duo Frédéric de Saint-Sernin - Pierre Dréossi présentera un rapport de dix-sept pages contenant plusieurs propositions pour améliorer la compétitivité du foot français.