Vidéo de l’A320 : et si Paris-Match s’était trompé d’avion ?

Vidéo de l’A320 : et si Paris-Match s’était trompé d’avion ?

Depuis que Paris-Match et Bild ont affirmé mardi avoir visionné une vidéo du crash de l’A320 de Germanwings, de sérieux doutes persistent sur l’authenticité d’un tel enregistrement. D’après les deux journaux, ladite vidéo «  de...

Par David Perrotin
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Depuis que Paris-Match et Bild ont affirmé mardi avoir visionné une vidéo du crash de l’A320 de Germanwings, de sérieux doutes persistent sur l’authenticité d’un tel enregistrement.

D’après les deux journaux, ladite vidéo «  de quelques secondes  » aurait été filmée avec un portable dans l’avion et «  récupérée dans les décombres par une source proche de l’enquête ». L’hebdomadaire français décrit :

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«  On entend crier “mon Dieu” en plusieurs langues. On entend également, par trois fois au moins, des coups métalliques qui laissent penser que le pilote tente d’ouvrir la porte du cockpit au moyen d’un objet lourd. Vers la fin, après une secousse plus forte, les cris s’intensifient. Puis plus rien.  »

Immédiatement après ces révélations, le lieutenant-colonel Jean-Marc Ménichini, a assuré à CNN que les affirmations de Match et Bild étaient «  complètement fausses  » et «  déplacées  ». Le procureur de Marseille en charge de l’enquête, Brice Robin, précisait à Rue89 :

«  Toutes les pièces ramassées sur les lieux n’ont pas encore été envoyées au labo pour les exploiter, donc cette information est étonnante.  »

Malgré le démenti des autorités, le journaliste auteur de ce scoop, Frédéric Helbert, maintenait ses informations. Contacté par Rue89, il affirmait :

« Oui, je confirme mes informations. Toute l’équipe éditoriale de Paris-Match a également visionné l’enregistrement qui ne nous appartient pas et que nous avons refusé de publier car c’est très violent. »

Sur Youtube, une vidéo de décembre 2014

Sauf que ce jeudi, William Reymond, journaliste indépendant et rédacteur en chef du site Breaking 3.0, met en doute les révélations de Frédéric Helbert. Sur son site, il explique qu’une fausse vidéo se promène « dans les entrailles du Net » depuis le 25 mars, lendemain de la catastrophe. Elle pourrait correspondre à l’enregistrement vu par Paris-Match.

William Reymond explique :

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« Le film que j’ai retrouvé est troublant car il correspond sur plusieurs points à la description donnée dans l’article de Frédéric Helbert. »

Sur son site, il détaille :

« Il est trop “secoué” pour reconnaître quoi que ce soit. Ou qui que ce soit. Des mouvements qui semblent amplifiés volontairement par la personne qui l’a filmé et/ou en montage (Même si le film est celui d’un véritable épisode de turbulence, celui que nous avons pu voir a été “ retravaillé ”). »

Ce « véritable épisode de turbulence », le voici ci-dessous.

Cette vidéo a été mise en ligne sur YouTube le 16 décembre dernier. On peut y voir – selon l’internaute qui l’a postée et le Mail qui l’a reprise – l’intérieur de l’avion AA280 de la compagnie American Airlines qui reliait Séoul à Dallas. Le passager qui filme est visiblement à l’arrière de l’appareil. On entend des cris de personnes effrayées par les violentes turbulences, l’avion traversant une zone de tempêtes, à l’est du Japon.

(L’incident s’était soldé par l’hospitalisation de cinq personnes, après un atterrissage d’urgence à l’aéroport de Tokyo.)

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Ce qu’il faut retenir, c’est sa date de publication : le 16 décembre 2014.

Paris-Match refuse de répondre

William Reymond explique qu’une autre version de cette vidéo (raccourcie, elle dure environ 15 secondes) a été diffusée dès le 25 mars sur différents sites comme 4chan, Liveleak, YouTube. Celle-ci est cette fois présentée comme venant du crash de la Germanwings. Le journaliste en a donc extrait l’audio et a publié la bande-son sur son site.

Capture d'cran d'un post sur 4chan, avec un lien vers LiveLeak, o une fausse vido de l'intrieur de l'A320 aurait t poste. Elle a t supprime depuis
Capture d’écran d’un post sur 4chan, avec un lien vers LiveLeak, où une fausse vidéo de l’intérieur de l’A320 aurait été postée. Elle a été supprimée depuis

L’extrait datant du 25 mars n’est plus disponible. Rue89 l’a toutefois retrouvé sur YouTube.

Sur celui-ci, les éléments sonores correspondent étonnement à la description de Frédéric Helbert et à celle d’Olivier Royant, directeur de rédaction de Paris Match, relatée dans Paris-Match et Bild.

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Dans les deux versions, il y a une panique générale, des cris et des bruits métalliques (qui correspondent selon Match aux tentatives du commandement de bord pour enfoncer le cockpit). Enfin, la vidéo dure une quinzaine de secondes.

Interrogé par la radio québécoise, 98,5 fm, Régis Le Sommier, directeur adjoint de la rédaction de Paris-Match, affirme que le film dure aussi 15 secondes.

Frédéric Helbert a-t-il trompé Paris-Match en présentant une fausse vidéo ? William Raymond s’interroge :

« Je sais que Paris-Match a un processus de vérification béton, mais là, ils devraient s’expliquer face à toutes ces interrogations. »

Dans plusieurs interviews, Régis Le Sommier et Frédéric Helbert assurent que toute l’équipe éditoriale de l’hebdomadaire a vérifié l’enregistrement avant de publier l’information. Mais depuis mardi matin, nous avons tenté de joindre à plusieurs reprises Régis Le Sommier, qui refuse de donner suite à nos appels.

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Helbert : « Je fais confiance à mes sources »

De nouveau joint par Rue89, Frédéric Helbert change finalement la version de Paris-Match :

« En réalité, la vidéo ne dure pas 15 secondes mais 30 secondes. Je ne change pas d’avis, je fais confiance à mes sources. »

Interrogé pour savoir qui, de l’équipe éditoriale de Paris-Match a pu visionner l’enregistrement et si des experts ont pu l’authentifier, il refuse de répondre :

« Cela vous change quoi que je vous dise ça ? »

Depuis que nous lui avons envoyé un lien vers la fausse vidéo, Frédéric Helbert ne souhaite plus nous répondre.

En plus de tous ces éléments troublants, le parcours professionnel du journaliste n’inspire pas vraiment confiance. Après avoir publié un reportage sur des crimes commis à Gaza en août 2014, certains sites l’ont accusé, preuve à l’appui, de l’avoir bidonné.

David Perrotin
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