VIDEOS. Des ex-otages d'Hyper Cacher attaquent BFMTV en justice
Les plaignants reprochent à la chaîne de télé de les avoir mis en danger en divulguant leur présence alors qu'ils étaient cachés. Une enquête préliminaire a été ouverte.

La chaîne BFM a-t-elle fait peser une menace sur la sécurité des ex-otages de l'épicerie Hyper Cacher de la porte de Vincennesâ??? Après la polémique, place à la justice. Selon nos informations, le parquet de Paris a ouvert, mercredi 1er avril, une enquête préliminaire consécutive à la plainte contre X pour « mise en danger de la vie d'autrui », déposée par plusieurs anciens captifs du magasin. Les investigations ont été confiées à la brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) de la police judiciaire.
Sept otages, dont un bébé, cachés dans la chambre froide
La plainte, déposée le 27 mars par l'avocat Me Patrick Klugman, vise les propos tenus à l'antenne par un journaliste de la chaîne info, le 9 janvier dernier, alors qu'Amedy Coulibaly était encore retranché, les armes à la main, à l'intérieur du magasin. A 14â??hâ??58, le journaliste s'était exprimé ainsi : « Il y a une personne, une femme, qui se serait cachée dès le début, dès l'arrivée de cet homme à l'intérieur du supermarché, qui s'est cachée dans une chambre froide, qui s'est réfugiée dans la chambre froide et qui y serait encore, qui serait à l'intérieur de la chambre froide, donc à l'arrière de l'établissement. »
En réalité, sept otages, dont un bébé de 10 mois, ont vécu toute l'attaque depuis l'intérieur de cette chambre froide, manifestement à l'insu d'Amedy Coulibaly. A plusieurs reprises, le terroriste avait envoyé des clients chercher les otages restés au sous-sol. La plupart avaient accepté de remonter, sauf ces sept-là. De fait, les six plaignants sont tous d'anciens reclus des entrailles de l'épicerie.
« La divulgation de la présence de ces personnes cachées, en pleine prise d'otages, est une faute qui ne peut rester impunie, d'autant qu'on savait très bien que le terroriste regardait la chaîne, estime Me Klugman. Une information, même si elle est juste, ne doit pas mettre en danger des vies. »
«Notre principal souci était de nous faire oublier»
Selon l'article 223-1 du Code pénal, la mise en danger de la vie d'autrui nécessite la violation d'une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi. Dans sa plainte, l'avocat en réfère à la loi du 30 septembre 1986 sur la liberté de communication. « Ce texte rappelle que la liberté d'expression ne peut s'affranchir du respect de la dignité de la personne humaine et de la sauvegarde de l'ordre public. En l'occurrence, ces garanties n'ont pas été respectées », développe l'avocat qui en appelle à la mise en place d'un nouveau cadre juridique sur l'information en temps réel en cas de crise.
Selon l'un des plaignants, « la diffusion de cette information aurait pu avoir de graves conséquences ». « En restant dans la chambre froide, on savait qu'on avait désobéi, explique cet ex-otage. Notre principal souci était de nous faire oublier, en ne faisant aucun bruit. Si Coulibaly avait découvert notre présence, il y aurait pu avoir des représailles. »
Du côté de BFMTV, on ne commente pas l'ouverture de cette enquête. La chaîne renvoit aux précédentes déclarations de son directeur de la rédaction. Hervé Béroud a ainsi admis que cette phrase « inopportune » était une « erreur ». Mais ce dernier a plusieurs fois indiqué que le journaliste ayant tenu ces propos avait obtenu des garanties, de la part de ses sources, que leur diffusion ne mettait pas en danger les otages.
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