
« Ecrivez de façon positive. » Le chef de la junte thaïlandaise a menacé, vendredi 3 avril, de fermer les médias critiques au lendemain de nombreux reproches à l'international au sujet de la loi martiale. « Je n'ai encore fait fermer aucune publication, mais s'il vous plaît, écrivez de façon positive. Si ce n'est pas le cas, je devrai le faire », a déclaré devant la presse le général Prayuth Chan-ocha, visage fermé, lors de la visite d'une école militaire à Bangkok.
Enervé par un article faisant état de dissensions au sein de la junte, il avait déjà menacé la semaine dernière d'appliquer plus sévèrement la censure et de faire taire les récalcitrants. Pressé de dire comment il s'y prendrait pour museler les journalistes, le général avait placidement répondu : « Peut-être en les exécutant ? »
Système « draconien »
La levée mercredi soir de la loi martiale en Thaïlande, près d'un an après un coup d'Etat militaire, n'a convaincu ni Washington, ni l'Union européenne, ni l'ONU, qui a dénoncé jeudi un dispositif de remplacement « encore plus draconien ». L'article 44 de la Constitution provisoire, qui remplacera certaines dispositions de la loi martiale, est perçu comme une manière de donner un vernis de légalité au pouvoir des généraux du « Conseil national pour la paix et l'ordre », nom que s'est attribué le régime depuis le putsch.
Des critiques largement rapportées par les médias thaïlandais, inquiets d'une nouvelle législation qui donne aussi à la junte le pouvoir d'« empêcher la diffusion de (...) n'importe quel média comportant des messages provoquant la peur ou relayant des informations déformées ou créant le malentendu ».
Depuis le coup d'Etat de mai 2014, les libertés civiques sont fortement restreintes, les manifestations interdites, ainsi que tout rassemblement politique. Pendant plusieurs semaines après le coup d'Etat, les militaires avaient déjà fermé des télévisions jugées trop partisanes.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu