Loin derrière l’Allemagne et l’Espagne, mais devant l’Italie et dans la moyenne de la zone euro. La France, après trois années de quasi stagnation, retrouverait une croissance un peu plus forte au premier semestre 2015. Le PIB accélérerait de 0,4 % au premier trimestre et + 0,3 % au second, estime l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans sa note de conjoncture rendue publique jeudi 2 avril. Ce n’est pas le Pérou, mais c’est beaucoup mieux que la moyenne enregistrée depuis le printemps 2011 (+ 0,1 %.).
A l’horizon de la prévision, fin juin, la croissance française atteindrait + 1,1% en glissement annuel (mi-2015 par rapport à mi-2014). D’après les conjoncturistes de l’Insee, il suffirait ensuite d’une croissance de 0,4 % au troisième et au quatrième trimestre pour obtenir une croissance de 1,2 % en moyenne annuelle.
Forte baisse de l’inflation
« La croissance au premier trimestre a été correcte, cohérente avec notre objectif de 1% pour l’année, qui était pourtant perçu comme irréaliste par beaucoup il y a quelques mois », a commenté, jeudi matin, le ministre des finances Michel Sapin. « C’est désormais pour nous un seuil plancher, et notre objectif est de faire plus », a-t-il ajouté, précisant toutefois : « Je ne changerai pas l’objectif de 1 % lorsque je présenterai au gouvernement et à l'Europe nos prévisions pour 2015, 2016 et 2017. Il vaut mieux faire des schémas réalistes et prudents. »
De fait, la reprise française est fragile. Elle doit beaucoup à la baisse des prix du pétrole et à la dépréciation de l’euro, qui stimulent respectivement la consommation des ménages et les exportations. Leur effet cumulé sur l’activité a été légèrement (+ 0,1 point) revu à la hausse : il serait de 0,4 point de PIB supplémentaire au premier semestre 2015. Mais si ces « vents favorables » devaient faiblir, la reprise s’en ressentirait. Quant au chômage, il augmenterait de 0,1 point par trimestre et s’éléverait mi-2015 à 10,6 %.
Le pouvoir d’achat des ménages, qui s’est redressé en 2014 (+ 1,1% en moyenne annuelle) du fait de l’accélération des revenus d’activité et du moindre dynamisme des prélèvements obligatoires, accélérerait de nouveau au premier semestre 2015 en raison de la forte baisse de l’inflation. Restée nulle entre 2011 et 2014, la consommation des ménages s’en trouverait requinquée et atteindrait + 0,3 % au deuxième trimestre.
En revanche, et c’est une source de grande fragilité pour la reprise française, l’investissement des entreprises est toujours désespérément plat alors même que « beaucoup de conditions sont désormais réunies » pour qu’il accélère : l’Insee fait ainsi état du « très net » redressement du taux de marge des entreprises, de conditions de financement pour les entreprises plus accommodantes, et de perspectives de demande interne et externe plus favorables. Pourtant, les enquêtes de conjoncture, notamment dans les services, indiquent que les chefs d’entreprise restent attentistes.
« l’investissement, l’investissement, l’investissement »
Le gouvernement en est conscient. « Notre objectif, a insisté M. Sapin, est que l’investissement des entreprises, qui s’est stabilisé à un bas niveau, puisse redémarrer pour que la France et les autres pays d’Europe rattrapent leur retard par rapport à la période d’avant-crise. Le déficit d’investissement par rapport à la période 2007/2008 est considérable en Europe. Nous avons un retard de modernisation, de capacité de production économique. Le premier Ministre a raison : « l’investissement, l’investissement, l’investissement ».
« Désormais, il faut que le monde économique soit certain que le cap fixé sera maintenu. Maintenir le cap, ce n’est pas être immobile ! C’est bouger, faire des réformes » , a insisté le ministre, qui a laissé entrevoir la possibilité de nouvelles mesures en faveur des entreprises qui investissent. Sans reprise de l’investissement, l’économie française resterait fragile et la croissance, prévient l’Insee, risquerait à nouveau de décevoir.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu