Avant un éventuel retour au premier plan, Martine Aubry devra lever l'hypothèque judiciaire qui assombrit de nouveau son horizon. Après la décision rendue par la Cour de cassation, mardi 10 décembre, elle reste mise en examen pour « homicides et blessures involontaires » dans l'un des volets de l'affaire de l'amiante. C'est donc accompagnée de ces mots encombrants que la maire socialiste de Lille devra mener campagne pour sa réélection.
Depuis que la cour d'appel de Paris avait, en mai, annulé sa mise en examen, Mme Aubry avait pu avancer un peu plus librement ses pions sur l'échiquier politique. Un jeu contraint et subtil, consistant à mobiliser ses troupes, mais sans trop en faire, pour ne pas être accusée de jouer contre son camp. Coup sur coup, l'ancienne candidate à la primaire de 2011 s'était affichée à l'université d'été du PS à La Rochelle, puis avait publié dans Le Monde une tribune plaidant pour une « nouvelle renaissance » de la France.
Le 1er décembre, elle avait réuni à Paris les premiers « ateliers créatifs » de sa « coopérative d'actions et d'idées » baptisée « Renaissance » – un « do tank » mêlant travail intellectuel et expérimentations sur le terrain, comme l'avait alors expliqué son entourage.
TRÉBUCHET
Cette discrète montée en puissance, indirectement alimentée par la forte défiance de l'opinion vis-à-vis du gouvernement, devait se poursuivre avec un objectif à moyen terme : une réélection, si possible confortable, à la mairie de Lille en mars 2014, qui pourrait asseoir sa stature si d'aventure François Hollande décidait de rebattre les cartes au sein de l'exécutif.
C'est au beau milieu de ce retour à pas comptés, où chaque mot et chaque geste sont pesés au trébuchet, qu'est intervenue la décision de la Cour de cassation, comme un élément perturbateur qu'il convient de contenir pour préserver un édifice en délicate reconstruction.
C'est à cette tâche que s'est immédiatement attelée Mme Aubry. Dans un communiqué publié mardi en début d'après-midi, l'ancienne ministre a fait savoir qu'elle restait « totalement sereine ». Remarquant que la Cour de cassation ne se prononce pas sur le fond mais sur la forme, Mme Aubry a notamment souligné que l'association nationale des victimes de l'amiante avait « rappelé à plusieurs reprises (…) que l'on n'avait rien à reprocher sur ce dossier ».
Il vous reste 37.11% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.