EELV : Placé prêt à entrer au gouvernement contre l'avis de son parti
Alors que les écologistes favorables à l'entrée au gouvernement organisent un colloque ce samedi à Paris, le sénateur EELV fait ouvertement des offres de service au gouvernement, quitte à ignorer la ligne officielle de son parti.

«Effectivement, nous nous sommes un peu cornerisés en donnant une image de chasse aux maroquins.» Ainsi parlait Jean-Vincent Placé en mai 2012, au lendemain de l'élection de François Hollande à la présidence de la République. Raillé pour avoir montré son envie d'entrer au gouvernement avec un peu trop d'empressement, le chef de file des sénateurs écologistes avait concédé ce «mea culpa». Trois ans ont passé et Placé veut toujours en être. Il le redit, ce vendredi, dans une interview à liberation.fr.
Mais à la différence du printemps 2012, lorsque les cadres d'EELV s'accordaient sur la participation gouvernementale, cette question divise le parti comme jamais. D'un côté, Cécile Duflot, qui a claqué la porte après l'arrivée de Manuel Valls à Matignon, ne retient plus ses coups contre le duo exécutif, et se tourne vers le Front de gauche et les frondeurs PS. De l'autre, les présidents des groupes EELV à l'Assemblée et au Sénat, Barbara Pompili, François de Rugy et Jean-Vincent Placé, partisans d'un retour dans ce gouvernement comme... 92% des sympathisants écologistes, selon un récent sondage Odoxa pour l'émission CQFD d'i-Télé et «Le Parisien» - «Aujourd'hui en France».
«Duflot est dans un ni-ni: ni gouvernement, ni opposition de gauche
Ce vendredi, Placé franchit un pas supplémentaire : «Ceux qui souhaitent participer au gouvernement sont majoritaires parmi les parlementaires (EELV). Si les dirigeants d'EELV décident l'inverse de ce que souhaitent nos électeurs et leurs élus, c'est de leur responsabilité. Nous prendrons les nôtres.» Il va plus loin encore, lorsqu'on lui demande s'il «pourrait passer outre une décision du parti». Le chef de file des sénateurs écolos lâche alors : «Face aux enjeux actuels et compte tenu de la morale et l'éthique de responsabilité qui sont les nôtres, ce n'est pas une contrainte qui s'impose.»
Quant à la députée Cécile Duflot, très critique envers l'exécutif, le sénateur «note chez elle une inflexion : Cécile se recentre sur une posture classique d'écologie autonome». «Elle est dans un
ni-ni
:
ni gouvernement, ni opposition de gauche
. A équidistance entre Hollande et Mélenchon. Notre débat se recentre sur la ligne politique et la participation au gouvernement», jure-t-il.
Les écologistes favorables à l'entrée au gouvernement organisent ce samedi à l'Assemblée nationale un colloque sur le thème : «Quelle responsabilité aujourd'hui pour les écologistes ? » Emmanuelle Cosse, qui a succédé à Cécile Duflot au secrétariat national d'EELV, y est aussi attendue mais pour porter un message d'unité, alors que la réunion nourrit un peu plus les rumeurs de scission du parti.