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Ce que le recul des matières premières nous dit de l'économie mondiale

•Les prix ont encore reculé au premier trimestre 2015, le troisième de suite. Du jamais-vu depuis 2001.•La fin du supercycle, lié au ralentissement économique chinois, change la donne pour de nombreux marchés.

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Par Muryel Jacque

Publié le 7 avr. 2015 à 01:01

Le secteur des matières premières vient d'achever un trimestre « à oublier », dixit les analystes. Trois mois au cours desquels le S&P GSCI, l'un des grands indices de référence pour les ressources naturelles, a encore reculé de plus de 5 %. C'est le troisième trimestre de baisse d'affilée : il faut remonter à 2001 pour retrouver un tel enchaînement négatif.

En cause, les cours du pétrole, qui restent dans un marasme profond. Le dollar toujours plus fort, avec en toile de fond la perspective d'une remontée des taux américains, a aussi joué un rôle prépondérant. Par ailleurs, la surproduction étouffe certains marchés au moment où l'économie chinoise, premier consommateur mondial de minerais et de pétrole, connaît son plus sérieux coup de frein en vingt-cinq ans. Les marchés agricoles renouent avec des productions historiques. Les stocks de céréales sont au plus haut depuis quinze ans. Résultat : les matières premières ont conservé leur statut de classe d'actifs la moins performante depuis le début de l'année.

L'effet dépressif du dollar

C'est un fait : traditionnellement, la vigueur du billet vert joue contre les matières premières, qui se cotent en général dans cette devise. Il n'en a pas été autrement au premier trimestre. Citigroup a ainsi noté que « l'influence des mouvements de change a exacerbé la volatilité sur les marchés de produits libellés en dollar ». La devise américaine a bondi de 10 % face à l'euro en trois mois. Elle n'a jamais été aussi forte depuis au moins dix ans. Par conséquent, il faut regarder ce qui motive cette hausse, estiment les experts. Si elle reflète la solidité de l'économie des Etats-Unis, les prix du pétrole et des métaux industriels devraient, théoriquement, profiter de la reprise de la demande mondiale.

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La « nouvelle normalité » de la Chine

En annonçant, fin février, que sa croissance économique serait la plus faible depuis un quart de siècle, la Chine, grande dévoreuse de matières premières, a fait trembler les marchés. Les minerais, comme le fer, dont les mines tournent à plein régime, et les métaux, comme le nickel et le cuivre, accusent le coup.

D'ores et déjà, les besoins du pays ne semblent plus si importants. Les premiers chiffres sortis après le Nouvel An, très suivis par les spécialistes du secteur, ont déçu. C'est symptomatique : les coûts du fret maritime ont plongé à leur plus bas niveau depuis trente ans.

Après la fin du supercycle

« La demande chinoise de matières premières va énormément changer dans les cinq prochaines années, prévient Barclays, à mesure que la transition se fait vers une économie moins menée par l'investissement et davantage par la consommation (donc, pas aussi compétitive dans l'industrie mondiale). » Cela marque la fin du supercycle, selon Citigroup, dont les analystes ont été parmi les premiers à annoncer la mort de ce mouvement centré sur l'ascension fulgurante de la Chine.

Ceux-ci ont donc essayé d'imaginer les dix années à venir. La hausse de la demande devrait être moins rapide, moins synchronisée et plus diversifiée géographiquement. Aujourd'hui moteurs, les Etats-Unis, la Chine et l'Europe devraient peu à peu être dépassés par ceux que la banque appelle les « Emerging 5 » : l'Inde, l'Asean (Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie et Cambodge), le Moyen-Orient, l'Amérique latine et l'Afrique.

Malgré tout, les besoins grandissants de l'ensemble de ces pays émergents ne devraient pas suffire à compenser le moindre appétit du géant chinois.

Muryel Jacque

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