Le changement climatique menace nos assiettes

Une étude australienne pointe du doigt les effets désastreux du réchauffement climatique sur la saveur et la consistance des aliments. Alarmant.

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Le réchauffement climatique pourrait bien affecter notre assiette. C'est en tout cas ce que suggère une étude australienne parue en mars et relayée par le site internet de CBS News.
Le réchauffement climatique pourrait bien affecter notre assiette. C'est en tout cas ce que suggère une étude australienne parue en mars et relayée par le site internet de CBS News. © AFP PHOTO

Temps de lecture : 3 min

Le réchauffement climatique pourrait bien affecter notre assiette. C'est en tout cas ce que suggère une étude australienne relayée par le site internet de CBS News. Selon cette étude scientifique parue en mars, non seulement les changements de température de la planète altéreraient le goût de nombreux aliments, mais ils rendraient surtout certaines variétés de fruits, de légumes, et certains crustacés plus difficiles à trouver. "Les fermiers australiens ont toujours fait face à des variations de climat, relève Richard Eckard, directeur du Primary Industries Climate Challenges Centre à Melbourne, mais à présent l'accélération du processus va modifier en profondeur leur façon de travailler. Ainsi que notre manière de consommer."

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Climate change will affect our farmers http://t.co/LD8e5MYNAx

- Richard Eckard (@rjeckard) 15 Mars 2015

Ce qu'il faut entendre par là ? L'étude ne saurait être plus claire, et décrit pour chaque variété les changements qui la guettent si nous gagnons d'ici 2030 1,6 °C, comme prévu par les climatologues. Ainsi, les carottes seront amenées à ramollir, le chou deviendra de plus en plus amer, les aubergines nous paraîtront difformes et l'huile de canola aura perdu à peu près un quart de sa valeur nutritionnelle. Et ce n'est pas tout. Menacés par plus de maladies, framboises, citrons, betteraves, pommes de terre, lentilles et pois chiches pourraient avoir des rendements bien inférieurs et s'avérer plus difficiles à trouver.

Adieu les coquilles Saint-Jacques !

Même constat du côté de la viande, dans la mesure où les éleveurs seront contraints de choisir des races bovines plus résistantes à la chaleur et produiront du même coup une viande de moindre qualité. Idem pour le porc et la volaille. L'étude relève également que les vaches laitières donneront 40 % de lait en moins et que celui-ci devrait également subir une baisse significative de qualité. Tout cela pour un prix évidemment de plus en plus élevé, du fait de la rareté des bons produits.

Quant aux espèces marines, certaines sont déjà menacées. À en croire l'étude australienne, on peut purement et simplement dire adieu au poulpe et aux coquilles Saint-Jacques dans nos assiettes. "Pour nous, les conséquences du réchauffement climatique sont des plus concrètes et tout à fait spectaculaires, confient Graham et Annemarie Brookman, producteurs de pistaches à Gawler (Australie-Méridionale). Il s'agit de la disparition annoncée de notre principale source de revenus. Et si nos pistachiers produisent moins, que va-t-on devenir ?"

En août 2013, une étude japonaise publiée dans la revue Scientific Reports avait déjà alerté les consommateurs. Celle-ci révélait des modifications dans le goût et la texture des pommes du fait des floraisons plus précoces et de la hausse des températures pendant la maturation des fruits. Résultat : on mange déjà des pommes moins acides, moins fermes et plus sucrées qu'il y a quelques dizaines d'années.

Mangues et fruits exotiques

À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre De son côté, Rob McCreath, agriculteur à Felton dans le Queensland, déplore l'absence d'intervention des politiciens : "Les fermiers constituent le dernier maillon de la chaîne climatique. L'année dernière, nous avons vécu un véritable record de chaleur et celui-ci pourrait bien être dépassé cette année. La sécheresse a déjà ravagé des kilomètres de terres. Malgré l'urgence et les preuves scientifiques qui s'accumulent, nos idiots d'hommes politiques continuent de s'accrocher au charbon et au pétrole, alors que c'est précisément la source du problème."

Si le rapport se veut alarmiste, il n'omet pas cependant de souligner que, à l'inverse, certaines espèces ne s'en porteront que mieux. Les patates douces pourraient ainsi proliférer, les variétés d'olives décupler et peut-être - qui sait - aurons-nous aussi la surprise de voir pousser mangues et autres fruits exotiques sous nos latitudes tempérées ?

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Commentaires (12)

  • Paul lo Pofre

    @Jipebe 29 : "plus le non-réchauffement climatique perdure (depuis 18 ans déjà) ".
    Cela fait quelque temps que certain...s propagent cette légende urbaine et ils continuent bien qu'ils soient réfutés à chaque fois.

    Que l'on se contente des relevés au sol ou qu'on ajoute ceux des océans, 9 des années les plus chaudes sont au XXIe siècle, l'exception étant 1998, qui est entre le 3e et le 6e rang (source NASA). J'avais trouvé aussi une courbe, ce qui est plus parlant, et malgré les différences selon les années, son allure générale montrait la même chose. Il reste que le réchauffement continue de façon plus modérée depuis 2004 environ que dans les années 80 et 90, mais de telles irrégularités sont normales pour des raisons cosmiques (le troisième quart du XXe siècle avait déjà montré que la courbe ne pouvait être linéaire et le faible nombre de taches solaires dans la période récente a été observé). Peut-être serait-il plus prudent d'affirmer que le réchauffement s'est arrêté en 2014, en attendant la publication des chiffres de 2015, bien entendu.

  • Paul lo Pofre

    Il est possible que le changement climatique soit plus marqué en Australie qu'ailleurs, c'est ce que feraient subodorer ...les dramatiques incendies de ces dernières années. Mais ailleurs aussi les milieux agricoles s'en préoccupent. En Catalogne, les propriétaires de vignes commencent à acheter des terres dans les Pré-Pyrénées (vers 800m d'altitude) car la qualité des vins des zones plus basses et plus méridionales (Priorat, etc. ) serait en train de se modifier et la teneur en alcool augmenter un peu trop.

    Ceci dit, les modifications de qualité dues au réchauffement global ne sont pas forcément toutes défavorables, mais il faudrait étudier la question de plus près. S'il est possible de s'adapter en montant les cultures en latitude ou en altitude, restera, si le processus continue, quelques problèmes : les régions montagneuses sont généralement très accidentées (pour l'altitude) et les plantes adaptées à un climat chaud le sont aussi à un faible contraste entre les saisons (pour la latitude). Or, même si dans quelques siècles il faisait en moyenne aussi chaud aux Cercles polaires que maintenant à l'Equateur, il resterait une nette opposition de durée du jour et de températures entre l'hiver et l'été et même entre le printemps et l'été, que n'a pas l'Equateur. Les bananiers devront donc s'adapter avant de conquérir les plaines du Jutland ou les Îles Kerguelen, même en l'an 3000... J'imagine que les fabricants d'OGM se frottent déjà les mains à cette idée !

  • VieuxSinge

    Admettons que cette étude soit réaliste. Elle montre tout simplement que l'Australie, par exemple, va voir son agricultu...re et sa pêche modifiées. Dont acte. Et alors ? Ce réchauffement va permettre à certaines régions aujourd'hui trop froides d'accueillir des cultures plus intéressantes. On va alors assister à un glissement des ressources agricoles, et le vrai problème est là. Certains pays vont souffrir, d'autres se porteront mieux. Au global, cela ne va pas changer grand-chose, sauf peut-être des mouvements migratoires massifs de populations.