C’est une Belgique très mal à l’aise qui a appris le jeudi 2 avril le suicide de Steve Stevaert. Ancien homme politique de premier plan, il a été retrouvé dans le canal Albert, à Hasselt, quelques heures après l’annonce par la presse de son renvoi en correctionnelle dans le cadre d’une affaire de viol remontant à 2010.
Stevaert laisse derrière lui de nombreuses questions face à des accusations sur lesquelles on ne pourra jamais faire la lumière, et un suicide dont très vite on a imputé la responsabilité au pouvoir judiciaire, à la presse, mais aussi à la victime présumée.
Ainsi, ému, Willem Elias, professeur de psychologie à la Vrije Universiteit Brussel (VUB), écrivait ce message sur Facebook :
Tu vas nous manquer, Steve. Tu étais un homme bon et particulièrement intelligent. Les femmes… une faiblesse que nous comprenons. A la dame qui a cette décision sur la conscience, j’aimerais dire ceci : en cas de viol, on se rend directement à la police, ou, si nécessaire le jour suivant. Pas trois ans après.
Ashley Vandekerckhove, une jeune Flamande, a trouvé ces mots si blessants qu’elle lui a adressé un long message vidéo, qui a très vite circulé sur la Toile. “Cher Monsieur Elias, déclare-t-elle face caméra. Vous êtes doyen de psychologie. J’ai toutes les peines du monde à contenir ma colère en entendant quelqu’un qui a ce statut tenir un tel discours sur les victimes de viol. J’ai moi-même été victime de viol. Et tout comme la femme en question, il m’a fallu trois ans pour porter plainte.” Le coupable, explique-t-elle, était son petit ami de l’époque, et si elle n’a pas osé porter plainte, c’était par honte et par crainte de n’être pas comprise. “Le premier ami auquel j’en ai parlé m’a répondu : ‘Comment ? Mais vous êtes ensemble, non ?’“
“Avec votre remarque, vous avez blessé de nombreuses femmes victimes de viol”, poursuit la jeune femme, qui conclut son message en appelant au renvoi de Willem Elias et en encourageant les victimes de viol à oser témoigner “pour que les statistiques soient enfin justes et que le gouvernement réalise à quel point le problème est grave”.
La VUB a fait savoir ce 7 avril qu’elle avait réprimandé M. Elias et ouvert une enquête, rapporte De Morgen.