7 avril 2015

Temps de lecture : 7 min

Qui c’est le plus fort sur Twitter ? Evidemment c’est Jean-Michel Aulas !

Tôlier de l’Olympique Lyonnais depuis 1987, Jean-Michel Aulas fait figure d’ovni dans le petit milieu des présidents de club du foot français. Il faut dire que l’homme aux lunettes rondes maîtrise comme personne la « punchline » sur Twitter. Un véritable esthète.

Tôlier de l’Olympique Lyonnais depuis 1987, Jean-Michel Aulas fait figure d’ovni dans le petit milieu des Présidents de club du foot français. Il faut dire que l’homme aux lunettes rondes maîtrise comme personne la « punchline » sur Twitter. Un véritable esthète.

C’est presque devenu un rituel pour de nombreux twittos. Dès la fin d’un match de l’Olympique Lyonnais, les férus de déclarations passionnées prennent la direction du compte Twitter du Président du club rhodanien, un certain Jean-Michel Aulas. Arrivé aux commandes du club en 1987, l’homme fort de l’OL distille les caviars à des milliers de twittos avec autant d’aisance sur le terrain qu’Alain Cavéglia, ancienne figure du club. Au menu du programme court en 140 signes ? Tout, absolument, tout : la performance de ses joueurs et des adversaires, les décisions arbitrales, la qualité du terrain, la ferveur de son public, les choix tactiques de son coach et peut-être même un jour la lenteur de certains ramasseurs de balle… Et il y a même du « rab » en semaine : au fil de l’actualité footballistique, le Président régale avec autant d’ardeur que le week-end.

Un cow-boy romantique

28 février 2015. Dans un match serré, l’Olympique Lyonnais s’incline sur le terrain de Lille et voit alors sa première place menacée par le Paris Saint-Germain. Le moins que l’on puisse dire, c’est que JMA goûte très peu cette défaite. Plutôt que de s’exprimer dans l’intimité du vestiaire, il va choisir Twitter pour faire passer son message, et pas de n’importe quelle manière. Il décide tout simplement de retweeter le commentaire un brin vindicatif d’une supportrice de l’OL : « Fournier, il a clairement craqué à mettre Gourcuff sur le banc, on peut pas se permettre de mettre notre meilleur joueur de côté ». Le message est passé et la machine médiatique n’a plus qu’à se mettre en branle. Très agacé, le coach lyonnais a tenu à remettre les choses au clair en conférence de presse : « Qu’on ait des divergences et des discussions, c’est une chose. Ce qui est malheureux, c’est de les mettre sur les réseaux sociaux. Ça fait partie de la communication du président, je ne vais pas rentrer là-dedans. Il a le droit d’avoir son avis. Après, c’est moi, jusqu’à nouvel ordre, qui vais décider jusqu’à la fin de la saison ».

Mais alors, qu’est-ce qui anime Monsieur Aulas dans sa stratégie digitale ? Dans une interview accordée à L’Equipe, l’homme se qualifiait avant tout de « romantique » et justifiait ses prises de parole par un désir de proximité avec les supporters : « Twitter est actuellement le moyen le plus pertinent d’être vrai avec les supporters, ça permet la proximité. C’est un moyen de communication direct avec les gens laudatifs et les détracteurs par principe. En s’adressant directement à des anonymes, et en leur montrant que j’attache une certaine importance à ce qu’ils peuvent dire, il me semble que l’on peut être amené à modifier leur état d’esprit et leurs a priori. J’apprécie l’échange. On m’a parfois reproché mes tweets avec les supporters de Saint-Etienne et Marseille. Je pense qu’ils sont souvent exemplaires. Il n’y a jamais d’insulte. Je reviens de Paris, il y a au moins dix personnes dans le TGV qui sont venues me voir pour me dire que je les faisais rire sur Twitter. Et ce n’était pas des supporters de l’OL. Twitter est un moyen adapté, utilisé avec sang-froid et au second degré, pour permettre à tout le monde de retrouver un visage humain ». Alors que son club est engagé dans la lutte pour le titre de champion avec le PSG, rappellons que le groupe lyonnais est très jeune et inexpérimenté. Si Paris a ses stars et ses millions, Aulas joue le rôle de paratonnerre et protège son groupe au maximum de toute pression en attirant l’attention, même s’il lui arrive de déborder un peu, comme mentionné plus haut. A chacun ses armes.

Aulas, ce leader de communauté

Avec ses 182 000 abonnés, JMA compte autant voire plus de followers que la moitié des clubs de Ligue 1 et ses méthodes intriguent. Telle une « louve », le Président Aulas protège ses « petits », son institution. Même s’il en fait parfois un peu trop, notamment en ce qui concerne les décisions arbitrales, il détonne dans l’univers des présidents de club, plutôt habitués au discours policé. Dans un article publié il y a quelques semaines : « Y a-t-il un pilote dans l’avion », SoFoot pointait justement le manque de présence et de charisme du président du club de la capitale, Nasser al-Khelaïfi. « Les amoureux de Paname ont deux rêves. Le premier consiste à imaginer le retour de Leonardo aux manettes. Le second découle de l’impossibilité de voir le premier se réaliser, c’est-à-dire avoir un président -en l’occurrence Nasser al-Khelaïfi- qui assure après chaque match le SAV et la mauvaise foi habituelle devant les micros et sur Twitter. Un Jean-Michel Aulas 2.0 en gros. Un mec qui gueule et défend son club en toutes circonstances, même quand il n’y a rien à défendre, afin que l’on ne parle que de lui et pas du reste ». Là où son homologue parisien se contente de sourire et d’arrondir les angles, Monsieur Aulas n’hésite pas à gonfler les « pecs », comme mieux pour rappeler qui est le boss.

Et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Sa dernière victime en date ? Le président de l’Olympique de Marseille, Vincent Labrune. L’objet du courroux ? Un dossier à charge monté par l’homme fort de l’OM et envoyé à la Fédération Française de Football. En substance, Monsieur Labrune dénonce l’influence de JMA dans ses sorties médiatiques envers les arbitres et l’univers du ballon rond. Un rapport de 10 pages qui prend en compte… seize ans de déclarations. Ni une ni deux, Monsieur Aulas dégaine sur Twitter et rembarre même le président de Lille, Michel Seydoux, qui a eu l’audace de commenter l’affaire.

#rmclive qu’il s’occupe de son club de son entraîneur avec qui il a peu de connivence! Son défaut : croire qu’il est + fort que tous en com!
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 6 Avril 2015

Enfin, Jean-Michel Aulas aime échanger avec sa communauté, que ce soit avec ses fans ou les « haters ». Mais là encore, ce mode d’expression fait débat. En s’exprimant parfois comme un « ado », on découvre une autre facette du personnage, celui du supporter passionné, bien loin de son costume de chef d’entreprise. Et c’est là que sa communication est payante. Le football est un sport populaire et il est de bon goût de donner son avis sur tout et n’importe quoi. Jean-Michel Aulas, c’est ce collègue qui se plaint de l’arbitrage un lundi matin à la machine à café. Jean-Michel Aulas, c’est ce supporter passionné qui effectue tous les déplacements de son club. Parce que son club, il l’aime  » putain  » ! Et c’est ça qui est jouissif. Quels fans ne rêvent pas d’avoir un président comme lui, un président passionné à la communication imprévisible ? Un seul regret quand même : qu’il n’ait pas de rival digne de ce nom sur Twitter.

Un fin bâtisseur

Le Président rhodanien a transformé la R5 lyonnaise en Renault Alpine. Sous sa coupe, le club a remporté sept titres de champion de France, deux coupes de France et trois coupes de la Ligue. L’OL, seul club français à être côté en bourse, est devenu un centre de formation (on dit « académie » à Lyon) référence en Europe et la livraison d’un stade flambant neuf et ultramoderne pour la prochaine saison devrait permettre à son club de retrouver son lustre des années 2000. Car en devenant propriétaire de son écrin, le club s’assure une manne financière conséquente, à l’image des plus grands comme le Bayern Munich, Manchester United ou le Real Madrid.

A n’en pas douter, Monsieur Aulas est bien le boss et sa manière de commenter l’actualité est rafraîchissante. Que peut-on lui reprocher ? Une  » grande gueule  » en comparaison des présidents des plus grands clubs européens ? Certes, mais on imagine que JMA doit pouvoir se regarder sereinement dans une glace, quand d’autres sont accusés de fraude fiscale ou de transferts frauduleux. Surtout, il a rendu sa fierté au peuple lyonnais, contraint de raser les murs face au glorieux passé de son voisin stéphanois. Même la section féminine écrase tout sur son passage : neuf titres de championnes de France consécutifs et deux Ligues des Champions à son actif. Alors que le monde du foot voit se succéder les présidents, entraineurs et joueurs à vitesse grand V, lui est bien présent et semble toujours avoir un coup d’avance dans la gestion de son club. Si jamais l’OL devient champion de France au soir de la 38ème journée, au nez et à la barbe du mastodonte parisien, ses commentaires sur Twitter devraient rentrer à tout jamais dans la postérité. Comme le chante Queen : « The show must go on ».

Cover : AFP

Florilège

Le jour du match on pouvait pas imaginer que ce rapport était en cours de rédaction par Vincent Labrune : triste pic.twitter.com/TF8cesos0E
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 6 Avril 2015

Il va falloir être fort et subjectif pour démontrer ce qui m’est reproché à la CNE : les commentaires médiatiques sont déplacés car erronnés
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 31 Mars 2015

Demain à Rodez notre OL féminin va tenter de conquérir un 9 Ème titre ce champion de L1 consécutif : un exploit : j’accompagne notre équipe🍀
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 27 Mars 2015

Twitter est aussi l moyen d’exprimer d souhaits simples affectueux à d dizaines d milliers d personnes qui me suivent et à qui je dis merci
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 22 Mars 2015

Je suis toujours surpris par les interprétations de l’Equipe sur notre unité et force collective à l’Ol: toujours le jour des big Match! ?
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 15 Mars 2015

Match nul sur 1 terrain synthétique d mauvaise qualité qui change beaucoup d choses ds la gestion du match : comment peut on le garder en L1
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 15 Février 2015

En y réfléchissant longuement je trouve vraiment inéquitable l’arbitrage de dimanche dernier :erreurs d’arbitrage non reconnues c triste!
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 14 Février 2015

1 Er main de Matuidi = penalty ( certains autocrates ont estimé que le ballon allait à la main : vaste complot corporatiste ) c’tait penalty
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 9 Février 2015

Belle victoire de Psg à St Et ils sont costauds …! Du coup depuis la 6ème journée il me semble qu’ on leur a pris 6+ 8 = 14 points â StE?
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 25 Janvier 2015

Juste avant de vous souhaiter à tous une bonne soirée veille de Noël un plaisir partagé car je vous aime pic.twitter.com/fNOY2odeGd
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 23 Décembre 2014

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