“J'ai encore quatre ans de mandat, je ne lâcherai rien”, Mathieu Gallet

Le pdg de Radio France s'exprimait ce mercredi matin devant la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale. Un comité central d'entreprise est prévu dans l'après-midi.

Par Laurence Le Saux

Publié le 08 avril 2015 à 12h48

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 05h34

Ce mercredi 8 avril, le pdg de Radio France répondait aux questions des députés, inquiets de la durée record de la grève du groupe public, devant la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale. Après une très longue salve de questions variées – portant sur le projet musical, la détérioration du climat social, les précaires... –, Mathieu Gallet s'est exprimé à sa guise, sans répondre précisément sur chacun des points évoqués.

Le pdg a commencé par une ode à France Bleu : « L'une des plus belles richesses de Radio France », créatrice de « lien social » ; évoqué une réflexion sur « une chaîne à destination des francophones et francophiles », proposant un best-of des antennes publiques, afin de toucher « les 7 millions de locuteurs francophones » espérés en 2050 (une idée proche de celle déjà défendue par Olivier Poivre d'Arvor, directeur de France Culture). Il s'est ensuite félicité des succès d'audience des antennes. « Cela m'aide énormément à tenir bon dans la période actuelle, ça veut dire que les choix faits par les directeurs et directrices que j'ai nommés sont bons. »

Un autosatisfecit global, des départs forcés à France Inter et Musique, à la nouvelle grille de Mouv'. Avec un léger bémol, toutefois : « Ma faute a probablement été d'avoir intégré certaines contraintes trop tôt. Avec une dotation réduite, j'ai eu des choix à faire. J'ai intégré ces contraintes car je suis loyal vis-à-vis de mon actionnaire, l'Etat, qui n'est ni de droite ni de gauche mais soutient Radio France. » Une caresse aussitôt tempérée par l'évocation du redimensionnement des orchestres de la maison, prévu dans le projet stratégique validé par Fleur Pellerin. « Ce choix n'était pas le mien, je ne m'en cache pas. C'est une décision de la ministre [de la Culture et de la Communication, ndlr]. »

“Le problème de fond, ce n'est pas moi, mais le modèle économique de Radio France.”

La justification s'est poursuivie : « Pour expliquer la durée de la grève, on parle de ma personnalité. Oui, je suis peu expansif. Mais il faut arrêter de penser que je suis impoli, que je ne serre pas la main des collaborateurs [Mathieu Gallet évoque ici une rumeur tenace, voulant qu'il ignore les salariés du groupe quand il les croise, ndlr]. Je sais dire bonjour, y compris dans les ascenseurs. Le problème de fond, ce n'est pas moi, mais le modèle économique de Radio France, des choix douloureux à porter. Il est difficile de se dire qu'on ne peut plus continuer comme avant. »

Après un tacle au Canard enchaîné (« on me salit en racontant n'importe quoi »), le pdg a évoqué une potentielle dotation de l'Etat de 80 millions d'euros, non encore confirmée, et appelé à « se retrousser collectivement les manches ». « On n'a probablement pas assez partagé, diffusé ce projet, reconnaît-il. (…) Il faut se demander comment on reconstruit le dialogue social. Peut-être aura-t-on besoin d'une intervention extérieure pour le retisser. » Après cette suggestion d'une médiation pour négocier avec les syndicats, Mathieu Gallet s'est montré volontariste : « J'ai encore quatre ans de mandat, je ne lâcherai rien ». Pendant son audition la CGT appelait elle aussi à « ne rien lâcher ». Cet après-midi, le pdg exposera son projet stratégique en comité central d'entreprise.

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