
DOCUMENTAIRE - La vengeance est un plat qui se mange froid. Remercié par François Hollande au lendemain du désastre des élections municipales de mars 2014, Jean-Marc Ayrault n'a fait ni esclandre ni publié de livre incendiaire. Redevenu simple député de Loire-Atlantique, ce fidèle du président de la République a pris du champ non sans ruminer sa rancoeur à l'égard de ses anciens ministres qui lui ont patiemment savonné la planche.
Sorti de l'enfer de Matignon, l'ancien chef du gouvernement aura attendu un an pour dévoiler sa version des polémiques qui ont bousculé sa primature, de son bras de fer avec Arnaud Montebourg jusqu'à son éviction brutale. Et c'est devant la caméra de sa propre fille, la journaliste Elise Ayrault, que ce "taiseux" a (enfin) accepté de vider à son sac.
"Ma loyauté a été poussée à l'extrême", regrette-t-il. Entre chronique familiale et droit d'inventaire, "Mon père ce Ayrault" sera diffusé ce lundi 13 avril juste après le portrait de Manuel Valls par Franz-Olivier Giesbert et Virginie Linhart dans le cadre du mois du documentaire politique sur France3 (après le Sarkozy-Kadhafi de ce jeudi soir). Le film revient sur ces deux années difficiles passées à Matignon, à commencer par le psychodrame gouvernemental de Florange. Le HuffPost vous dévoile en exclusivité les souvenirs amers de Jean-Marc Ayrault (et la justification de François Hollande, présent dans le documentaire en commentateur de son propre quinquennat en cours):
A en croire l'ancien premier ministre, c'est bien d'un "dysfonctionnement entre l'Elysée et Matignon" qu'est né ce pataquès politico-industriel. A l'origine, Matignon avait été écarté des discussions, pilotées directement depuis l'Elysée et Bercy. "Quand ça a commencé à devenir difficile, quand on s'est aperçu qu'il n'y avait pas de repreneur et que la nationalisation n'était pas une option sérieuse, le dossier est revenu à Matignon", raconte Jean-Marc Ayrault qui tranchera contre son ministre du Redressement productif.
Après une violente altercation avec son ministre Arnaud Montebourg, à l'époque favorable à une nationalisation temporaire du site Florange, Jean-Marc Ayrault est contraint par François Hollande de l'empêcher de démissionner. "J'aurais dû à l'époque laisser Arnaud Montebourg prendre ses responsabilités", explique l'ancien premier ministre. "J'ai considéré à ce moment là qu'il était très important [...] quelques mois après la victoire de mai 2012, qu'il convenait de garder l'ensemble des personnalités", reconnaît quant à lui le président de la République.
A l'époque, Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, avait pourtant assumé qu'à la place de Jean-Marc Ayrault, il aurait exigé le départ du ministre du Redressement productif. Signe que l'histoire ne se répète pas, plus d'un an plus tard, François Hollande ne refusera pas à son nouveau premier ministre Manuel Valls de démissionner Arnaud Montebourg après une énième provocation. De quoi nourrir durablement l'amertume de Jean-Marc Ayrault.