Pas de ministre pour visiter Industrie 2015
Le plus grand salon français de l’industrie ne pèse visiblement pas assez lourd pour le gouvernement. Pas un seul ministre n’aura trouvé le temps de sauter dans un TGV pour Lyon afin de prouver, au-delà des incantations, son attachement à l’industrie.
Patrice Desmedt
"Il ne suffit pas de me dire Seigneur, Seigneur, pour entrer dans le royaume des cieux". La République étant laïque depuis plus d’un siècle, les ministres ne sont pas tenus de suivre cette leçon de l’Evangile. Mais alors que depuis quelques années l’industrie semble - enfin - reconnue à sa juste place par le gouvernement, prendre le TGV pour se rendre à Lyon semble trop compliqué. Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, a très poliment présenté ses excuses, pour cause de contraintes gouvernementales. Il n’empêche, pour inaugurer officiellement le salon Industrie 2015, les organisateurs, malgré leurs efforts, n’ont su convaincre que le préfet de Région, tout juste arrivé de Bordeaux et ne maîtrisant pas encore la géographie des banlieues lyonnaises.
L’édition 2015 est pourtant la meilleure depuis 2008, avec 850 exposants dont 25% étrangers et une fréquentation qui a semblé, dès le premier jour, partir sur de bonnes bases. La version lyonnaise d’Industrie, les années impaires, dépasse l’édition parisienne. Les organisateurs n’ont pas, jusqu’à présent, osé en tirer toutes les conséquences, même si Olivier Ginon, président de GL Events, l’organisateur du salon, souligne qu’ « il s’agit du plus important salon depuis 2007, plus important que celui de Paris ».
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Pourquoi pas un salon Industrie ancré chaque année à Lyon, à deux heures seulement de Paris en TGV ? Comme l’ont répété à l’envi les différents élus locaux, la région Rhône-Alpes est la première région industrielle française avec un chiffre d’affaires de 101,2 milliards d’euros, dont 41% à l’export. C’est aussi la première région pour la sous-traitance, avec plus de 30 000 implantations industrielles. En outre, "le CICE a apporté environ un milliard d’euros à l’économie rhônalpine, a tenu à rappeler Michel Delpuech, préfet du Rhône et de la région Rhône-Alpes, et a aidé 80 000 entreprises".
"J’embauche des jeunes et je les forme"
Lors de sa visite, Michel Delpuech a pu découvrir quelques entreprises représentatives de l’esprit du salon, françaises mais aussi étrangères. Des solutions innovantes du travail de la tôle chez Salvagnini, avec une panneauteuse de nouvelle génération capable de remplacer une presse plieuse avec une consommation électrique très réduite au prototype de cobot (robot collaboratif) pour manipuler des charges sans effort du CEA doté d’un système anticollision, en passant par le fabricant de machines spéciales d’assemblage et de contrôle à haute cadence Guy Neyret. "Je ne trouve aucune école qui forme à nos machines, glisse Guy Neyret, le PDG du groupe, à l’oreille de Michel Delpuech. J’embauche des jeunes diplômés de niveau BTS, et je les forme."
Le préfet échange une poignée de main, un peu plus loin, avec Saïd Nezlioui, directeur général de Mazak France, qui l’accueille sur l’un des grands stands d’Industrie 2015. Les principaux fabricants de machines-outils continuent de rivaliser. Dans ce domaine, les différents exposants ont joué le jeu, puisque 350 machines fonctionnent sur le salon. Enfin, l’arrêt chez Mecalac, invité d’honneur, était de rigueur. Le responsable du fabricant d’engins de chantier adaptés aux environnements urbains a proposé à Michel Delpuech, mais sans succès, de grimper dans la cabine d’une pelleteuse. Mais il a eu le temps de pointer que la polyvalence de ses engins les rendait capable de remplacer "trois, voire quatre engins différents" et d’insister sur le fait que la moitié des sous-traitants sont français. Le préfet de Région aura pu, dès sa première semaine d’exercice de ses fonctions, toucher du doigt l’importance de l’industrie. Mais un préfet dépend du ministre de l’Intérieur, pas du ministre de l’Industrie...
Patrice Desmedt
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