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ARABIE SAOUDITE

Répression en Arabie saoudite : "Ils ont peur que les chiites se révoltent à cause du Yémen"

La ville d’ Awamiyah, dans l’est de l’Arabie saoudite, a été le théâtre dimanche d’affrontements entre des activistes chiites et les forces de l’ordre. Notre Observateur sur place nous explique que la répression en cours est le signe que la monarchie sunnite s’inquiète des répercussions possibles, à l’intérieur de son royaume, de la guerre au Yémen et des tensions croissantes entre chiites et sunnites dans la région..

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Une maison endommagée par des affrontements à Awamiyah, dans l'est de l'Arabie saoudite, dimanche soir.

La ville d’ Awamiyah, dans l’est de l’Arabie saoudite, a été le théâtre dimanche d’affrontements entre des activistes chiites et les forces de l’ordre. Notre Observateur sur place nous explique que la répression en cours est le signe que la monarchie sunnite s’inquiète des répercussions possibles, à l’intérieur de son royaume, de la guerre au Yémen et des tensions croissantes entre chiites et sunnites dans la région.

Les affrontements ont fait plusieurs blessés des deux côtés et ont coûté la vie à un policier. D’après un communiqué du ministère de l’Intérieur saoudien, quatre militants ont également été arrêtés. Les heurts ont débuté à la suite d’un raid de la police saoudienne à Awamiyah, ville située près de Qatif, majoritairement chiite, qui constitue un foyer de rébellion récurrent dans le pays.

Les chiites représentent environ 10 % de la population saoudienne. Ils sont considérés comme hérétiques par la monarchie sunnite et sont marginalisés d’un point de vue religieux, économique et politique.

Des affrontements ont eu lieu entre les forces de sécurité et les habitants d'Awamiyah dimanche soir. Dans la vidéo, on peut voir des pneus incendiés sur la route et entendre des tirs d'armes automatiques.

"Je pense que des violences vont reprendre dans les prochaines semaines"

Omar (pseudonyme) vit à proximité d’Awamiyah.

La situation était tendue depuis vendredi dernier. Des activistes chiites locaux ont voulu organiser une manifestation dans le centre de Qatif [la capitale de cette région du nord-est, NDLR] pour dénoncer l’intervention militaire au Yémen. Mais ils ont appris que les autorités s’apprêtaient à réprimer le rassemblement, donc ils ont décidé d’annuler.

Pour autant, l’opération de dimanche [5 avril] était vraiment inattendue. Les forces de sécurité sont arrivées dans Awamiyah à grand renfort de véhicules blindés. Immédiatement, les locaux ont répliqué. Ils ont érigé des barrages avec des pneus enflammés. Certains ont même ouvert le feu sur la police. Il s’agit des affrontements les plus violents depuis des mois.

Les manifestations contre le gouvernement partent très souvent d’Awamiyah. Ici les armes circulent sans problème, même les armes automatiques. Je vis à 500 mètres de là et je peux témoigner que des tirs et des explosions ont retenti de façon interrompue de 15 h 30, quand les forces de sécurité sont arrivées, à 21 h. On aurait vraiment dit que les deux camps étaient à armes égales. En général, les forces de l’ordre prennent le dessus assez vite. Mais là, elles ont dû lutter plus qu’à l’accoutumée.

Des affrontements à Awamiyah dimanche soir.

Selon mes sources dans la localité, les forces de sécurité ont ciblé les domiciles de plusieurs activistes connus. On m’a expliqué que l’un d’entre eux ne se trouvant pas chez lui, sa maison a été incendiée. Par ailleurs, deux autres maisons ont pris feu à cause des combats.

Une maison touchée par les affrontements.

Cette opération a pour but de tuer dans l’œuf tous les futurs appels à manifester contre l’intervention au Yémen. Entre ça et le récent accord nucléaire entre l’Iran [pays à majorité chiite] et les États-Unis [Plus largement l’accord a été signé avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne, NDLR], on a le sentiment que les autorités saoudiennes s’inquiètent que la communauté chiite n’en profite pour réclamer plus de droits. Je pense que des violences vont reprendre dans les prochaines semaines.

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