SYNDICALISMEPourquoi l’Unef est-t-elle toujours une écurie du parti socialiste?

Pourquoi l’Unef est-t-elle toujours une écurie du parti socialiste?

SYNDICALISMEAlors que le congrès de l'Unef démarre ce jeudi, «20 minutes» revient sur le parcours des anciennes figures du syndicat étudiant qui se sont lancées en politique...
Bruno Julliard et Jean-Baptiste Prévost, en 2007. Ces anciens présidents de l'Unef se sont tous les deux engagés en politique.
Bruno Julliard et Jean-Baptiste Prévost, en 2007. Ces anciens présidents de l'Unef se sont tous les deux engagés en politique. - FRANCOIS GUILLOT / AFP
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Quel est le point commun entre Manuel Valls, Jean-Yves Le Drian, Michel Rocard, François Hollande, Lionel Jospin, Julien Dray, Harlem Désir, Benoît Hamon, Jack Lang, Bruno Julliard et Jean-Christophe Cambadélis? Ces socialistes sont tous passés par l’Unef. Alors que le premier syndicat étudiant a démarré son congrès annuel ce jeudi, certains de ses militants les plus talentueux seront peut-être repérés par leurs futurs mentors politiques.

Aujourd’hui encore, l’Unef reste une écurie pour le PS. Les députés Jean-Christophe Cambadélis, Pouria Amirshahi ou Christophe Borgel l'ont présidé. Plus récemment, Bruno Julliard, président du syndicat de 2005 à 2007 est devenu premier adjoint à la Maire de Paris, Anne Hidalgo. Son successeur à l’Unef de 2007 à 2011, Jean-Baptiste Prévost est, quant à lui, devenu conseiller au cabinet de Najat Vallaud-Belkacem. «Ceux qui se lancent dans l’arène politique se retrouvent le plus souvent dans des cabinets ministériels, dans l’arrière-cour du PS, s’engagent dans l’action locale ou deviennent députés», constate Jean-Philippe Legois, chercheur spécialiste des mouvements étudiants.

La bonne école de militantisme

Une ambition politique qui s’inscrit dans la logique de leur parcours, selon Robi Morder, politologue, spécialiste des mouvements étudiants: «C'est dans le prolongement de leur engagement citoyen», explique-t-il. Reste que les places sont chères et que tous les militants de l’Unef ne parviennent pas à pénétrer la sphère politique.«Il faut avoir été repéré par le parti et avoir reçu son investiture. Certains ont dû parfois passer par le filtre d’associations amies, comme la Mnef ou la LMDE», indique Dominique Andolfatto, chercheur spécialiste du syndicalisme. Les présidents de l’Unef participent régulièrement aux universités d'été du Parti socialiste pour s’assurer une certaine visibilité auprès de leurs aînés.

Assurer la relève

Et ça marche car le profil de ces syndicalistes chevronnés plaît au parti. «Ils ont la connaissance du terrain, ils ont exercé des responsabilités et savent négocier», note Robi Morder. Mais ce n’est pas tout: «Ils sont rompus à l’exercice médiatique, savent gérer un congrès ou une assemblée générale, organiser une manifestation. Le fait de savoir tenir la dragée haute face à un auditoire est un atout certain», insiste Dominique Andolfatto. «Ils ont aussi le sens du terrain et du collectif et ont le souci que leur action mène à du concret», poursuit Jean-Philippe Legois. Outre leur pragmatisme, le PS apprécie la nouvelle image du parti qu’ils peuvent renvoyer: «Les partis politiques sont friands de nouveaux profils. C'est ce pourquoi Edouard Martin, ancien syndicaliste de Florange, avait été nommé tête de liste PS pour les européennes dans le Grand Est. Dans cette logique, Bruno Julliard qui a été la figure de proue dans la lutte contre le CPE peut toucher une certaine fibre de l’électorat de gauche», indique Jean-Philippe Legois. Un bon moyen d’assurer la relève, tout en dépoussiérant son image.

Mais une fois parvenus dans l’arène politique, ces anciens syndicalistes aux idées très marquées à gauche ne risquent-ils pas une sévère désillusion? «Ils sont au contraire mieux armés que les autres à accepter le principe de réalité, car ils ont appris à faire des compromis lors de leurs négociations passées avec le ministère de l’Enseignement supérieur», estime Robi Morder. Des vieux briscards de la politique donc.

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