Centrafrique : calme relatif à Bangui, Air France reprend ses vols

 

Centrafrique : calme relatif à Bangui, Air France reprend ses vols

    Après des journées explosives marquées par des pillages, des lynchages et des appels à la haine entre chrétiens et musulmans, un calme relatif régnait mercredi à Bangui, la capitale de la République centrafricaine. Aussi, dans la soirée, Air France a annoncé qu'elle reprenait jeudi ses vols vers Bangui. La compagnie aérienne avait suspendu ses liaisons depuis mardi, après la mort de deux jeunes militaires français près de l'aéroport.

    L'armée française a poursuivi méthodiquement le périlleux désarmement des groupes armés. La tension extrême des derniers jours a soudainement baissé dès mercredi matin dans la capitale centrafricaine aux avenues et quartiers écrasés par la chaleur. Contrairement aux dernières 48 heures, aucun pillage massif n'a été signalé dans la ville.

    «Ce matin, les gens sortent massivement autour de chez moi», a raconté un habitant du quartier de Ben Zvi, non loin de la Primature. «Les gens ont faim. Ils doivent sortir», commentait un autre. Cette accalmie s'est confirmée au fil des heures. Quelques taxis ont même recommencé à circuler dans la capitale toujours survolée par des hélicoptères de combat français.

    VIDEO LP. Les soldats français désarment les milices à Bangui

    Pascal Canfin : «Un vrai risque de guerre civile»

    Sur le terrain, outre le désarmement, les soldats français ont désormais aussi pour tâche d'éviter une généralisation des représailles contre les civils musulmans de la part d'une population chrétienne terrorisée pendant des mois par les combattants de l'ex-rébellion Séléka, composée en majorité de musulmans, parvenue au pouvoir en mars 2013.

    Le père de Nicolas Vokaer, un des deux soldats français tués, a expliqué au «Parisien» que son fils avait été témoin de scènes de lynchage de miliciens musulmans désarmés par les militaires français : «Dès que les soldats français désarmaient des miliciens musulmans, ils les voyaient se faire lyncher par une foule de chrétiens, en pleine rue. Et l'armée ne pouvait rien faire pour empêcher ça.»

    Malgré l'accalmie, la situation dans ce pays plus grand que la France peut à tout moment basculer de nouveau dans une extrême violence. La Centrafrique se trouve face à un «vrai risque de guerre civile» qui n'a «peut-être» pas encore été écarté, a déclaré mercredi le ministre français délégué au Développement, Pascal Canfin.