Le français perd du terrain à Ottawa

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Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Selon le plus récent rapport sur le Portrait des groupes de langues officielles dans la région de la capitale nationale, la proportion de la population de langue maternelle tierce a dépassé celle dont la langue maternelle est le français à Ottawa. De l'autre côté de la rivière des Outaouais, le français est la langue maternelle la plus parlée, cependant la part relative de la population de langue maternelle tierce a plus que triplé en 30 ans.
Langue maternelle : le portrait statistique
À Ottawa, en 2011, la langue maternelle de la majorité demeure l'anglais (63,7%), mais le principal enseignement du rapport est que la part relative de la population de langue maternelle tierce (21,3 %) est plus importante que celle de langue maternelle française (15 %).
À Gatineau, la forte majorité (78,4 %) a pour langue maternelle le français. Les proportions que représentent les populations de langue maternelle anglaise (12 %) et tierce (9,5 %) sont plus faibles.
« Je pense que cela fournit des données pour un débat éclairé sur le statut linguistique d'Ottawa », croit le commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser.
À écouter : L'entrevue du commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, à l'émission Les voies du retour

L'évolution de 1981 à 2011
En 30 ans, la population de la capitale nationale est passée de 542 000 à plus de 872 000 habitants.
Sur cette même période, la population de langue maternelle anglaise a progressé de 45,9 % pour se situer à presque 555 500 personnes en 2011, soit 63,7 % de la population totale. Quant à celle de langue française, elle a enregistré une croissance plus faible (+26,1 %), atteignant 131 300 personnes en 2011, soit 15 % de la population totale.
L'augmentation de la population de langue maternelle tierce est particulièrement frappante : en proportion, elle a presque triplé (+225,1 %), totalisant environ 185 700 personnes en 2011, soit 21,3 % de la population totale.
Selon Graham Fraser, il serait abusif d'en conclure que le français n'est plus la seconde langue maternelle parlée à Ottawa.
« On parle des allophones, mais ils ne parlent " allo ". Ce sont des gens qui parlent toutes sortes de langues. Je pense que c'est faux de dire que le français est devenu la troisième langue dans la région », précise le commissaire aux langues officielles du Canada.
Sur la rive québécoise de la rivière des Outaouais, la population est passée d'environ 166 000 à plus de 263 000 personnes de 1981 à 2011. La langue de la très grande majorité demeure le français (83,7 %) avec 206 500 personnes, soit 48 % de plus qu'en 1981. L'anglais est la langue maternelle de 31 700 personnes en 2011 (78,4 %), et enregistre une hausse de 46,5 % comparativement à il y a 30 ans.
Depuis 1981, la population dont la langue maternelle est autre que le français et l'anglais a plus que quintuplé (+408,2 %), s'établissant à 25 100 personnes en 2011, soit 9,5 % de la population totale.
« Les chiffres qu'on a regardés dans le document ne sont pas surprenants en regardant le nombre d'immigrants depuis 1981 jusqu'à aujourd'hui », soutient le directeur général de l'organisme Accueil-Parrainage Outaouais, Bato Redzovic.
La première langue officielle parlée en 2011
Quand on s'intéresse aux données sur la première langue officielle parlée (PLOP), on constate qu'à Ottawa l'anglais demeure l'idiome de la grande majorité (82,3 %). La situation est la même à Gatineau avec le français (83,7 %).
Selon les chercheurs, du côté ontarien, il apparaît que la population de langue maternelle tierce adopte essentiellement l'anglais comme langue officielle : la part relative de la population de langue française est de 16,4 %, alors que celle n'ayant ni le français ni l'anglais comme PLOP est de 1,3 %.
Cette tendance ne s'observe pas à Gatineau, selon les mêmes experts : 53 % des personnes de langue maternelle tierce avaient le français comme PLOP alors que 41 % avaient l'anglais.
« Tous les nouveaux arrivant embarquent à l'école, embarquent en francisation s'ils ne parlent pas la langue », rappelle Bato Redzovic. Selon lui, il n'est pas possible de se lancer sur le marché de l'emploi au Québec sans parler français.
Méthodologie :
Les données et l'analyse contenues dans le rapport Portrait des groupes de langues officielles ont été préparées par Statistique Canada en juin 2014 en réponse à une commande du Commissariat aux langues officielles. Ce portrait des groupes linguistiques d'Ottawa-Gatineau présente de l'information tirée des recensements canadiens de 1981, 1991, 2001, 2006 et 2011 et de l'Enquête nationale auprès des ménages de 2011. Pour le Recensement de 2011, l'information provient de données intégrales (100 % des ménages canadien) alors que pour les recensements antérieurs, elle provient de donnéeséchantillon (20 %).
Source : Commissariat aux langues officielles