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Du Yémen à l'Arabie saoudite, « c'est comme la frontière américano-mexicaine, mais en pire »

Radio-Canada

Ils disent s'appeler Ghanem et Amin, respectivement âgés de 12 et 10 ans. Assis en tailleur à l'arrière d'une camionnette des gardes-frontière saoudiens, les deux gamins à l'allure frêle ont les mains liées par des attaches de plastique.

Un texte de Marie-Eve BédardTwitterCourriel correspondante au Moyen-Orient

Libérés de leurs attaches, ils descendent de voiture et racontent avoir marché pendant deux heures à travers les montagnes hostiles du Yémen pour s'infiltrer en Arabie saoudite. Une incursion qui aura été de courte durée.

Photo : Radio-Canada/Sylvain Castonguay

Le chargement qu'ils tentaient de livrer ici, dans la province de Jizan, aurait rapporté gros à ceux qui les ont embauchés. Méticuleusement enveloppé dans plusieurs couches de papier humecté, de feuilles de bananes et dans des serviettes, chacun des petits ballots de khat, une herbe psychotrope euphorisante, se revend plusieurs centaines de dollars sur le marché noir.

Les trafiquants utilisent les enfants, parce qu'ils savent qu'on ne peut rien leur faire. On ne peut pas les arrêter. On ne peut que les reconduire à la frontière et les renvoyer au Yémen.

Le lieutenant-colonel Hamed Alahmari
Photo : Radio-Canada/Sylvain Castonguay

Le trafic de drogue, dans ce cas-ci du khat, est passible de la peine de mort par décapitation en Arabie saoudite, mais cela ne suffit pas à décourager la contrebande. Le royaume, avec tous ses interdits, représente une occasion d'affaires en or pour quiconque arrive à déjouer la vigilance saoudienne.

Au cours des six derniers mois, plus de 100 tonnes de khat, 10 tonnes de haschich et 477 000 pilules d'amphétamines ont été saisies le long des quelque 300 kilomètres de frontière que Jizan partage avec le Yémen. La contrebande d'armes n'est pas en reste. Les gardes-frontière ont également confisqué plus de 3000 armes, 88 000 balles de tout calibre et des explosifs.

Photo : Radio-Canada/Sylvain Castonguay

La guerre qui fait rage au Yémen fait augmenter la marge de profits en même temps que le désespoir.

Interrogés par le lieutenant-colonel Alahmari, les deux garçons arrêtés affirment qu'on leur a promis 200 riyals saoudiens chacun, soit une soixantaine de dollars. « On aurait pu acheter à manger », dit le plus âgé des deux.

Photo : Radio-Canada/Sylvain Castonguay

Balayant l'étendue inhospitalière de la frontière du regard, le lieutenant-colonel Alhamari se rappelle ses années d'études au Texas, près de la frontière mexicaine.

C'est comme la frontière américano-mexicaine, mais en pire. L'écart de richesse entre nos deux pays est tellement important. La situation ne sera jamais normale.

Le lieutenant-colonel Hamed Alahmari

Le Yémen est le pays le plus pauvre de la péninsule arabique. Les combats dans lesquels s'opposent les milices houthis et leurs alliés contre les groupes armés fidèles au président Abed Mansour Hadi, maintenant réfugié en Arabie saoudite, font basculer le pays vers la catastrophe totale.

Avec la dernière campagne de bombardements aériens des Saoudiens et leurs alliés du Golfe, baptisée « tempête décisive », on craint que la frontière ne s'embrase.

« Ils peuvent profiter de la hauteur des montagnes pour observer nos patrouilles. Ils peuvent diriger leurs opérations comme cela, dit le lieutenant-colonel Alahmari. Ce pourrait être les milices houthis, Al-Qaïda ou un autre groupe. »

Ce ne serait pas la première fois. En 2009, l'aviation saoudienne avait soutenu le président yéménite de l'époque, Ali Abdallah Saleh, qui réprimait un soulèvement des Houthis dans le nord du Yémen.

Photo : Radio-Canada/Sylvain Castonguay

Les milices houthies avaient envahi et occupé un village en Arabie saoudite à lourde perte pour le royaume. Avant le retour au calme, 130 soldats sont morts. Cette fois, les Saoudiens se disent prêts.

« Nous sommes toujours la première ligne de défense, mais l'armée s'est installée derrière nos positions. Si nous sommes attaqués par des milices mieux armées que nous, nous pouvons les appeler en renforts », dit le lieutenant-colonel Alahmari.

Marie-Eve Bédard décrit la situation à la frontière entre le Yémen et l’Arabie saoudite

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