Jeter un emballage est devenu un geste du quotidien tellement anodin. Mais savez-vous ce qu'il en advient de cet emballage ?
L' océan recouvre prés de 71% de la terre. Il est indubitablement une ressource halieutique indispensable à l’Homme et contribue également à la régulation climatique : grâce aux phytoplanctons, l’océan produit et recycle environ 80 % de l'oxygène de l'air.
Ces océans sont animés par des courants marins. La combinaison de ces courants forme de gigantesques tourbillons d'eau appelés « Gyre Océanique ». Les Gyres sont provoqués par la force de Coriolis.
Quelques chiffres assez éloquents
Selon l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), nous produisons chaque année plus de 260 millions de tonnes de déchets plastique. 10% de ces déchets finissent dans les océans.
Selon le programme des nations unies pour l'environnement, le plastique représente 90% des déchets de l'océan dont 80% sont de source terrestre. On y retrouve également des déchets liés à l'activité de pêche. Ces plastiques sont acheminés et s'amoncellent dans la gyre océanique et y reste AD vitam aeternam.
Saviez-vous qu’il faut en moyenne 20 ans à un sac plastique pour se dégrader et 450 ans pour une bouteille en plastique! Vous l'avez compris ces déchets produisent un effet néfaste sur l'écosystème et empoisonnent la faune et la flore par ces débris impossible à digérer.
Vers un septième continent
Ces dernières années un phénomène très préoccupant s'est considérablement développé. À mi-chemin entre la côte Ouest américaine et le large du Japon, plus précisément dans la Gyre nord pacifique, un septième continent de déchets plastiques (appelé également, Iles de déchets,vortex, great pacific garbage patch...) a fait son apparition. Sa surface est estimée a plus de 7 fois celle de la France, et contribue à y dégrader la vie.
Dès les années 1980 la National Oceanic & Atmopheric Adminitration (NOAA) avait observé ces débris plastiques s'agglutiner dans la gyre proche des côtes japonaises. En 1997, à l'issu d'une expédition le navigateur et marin, Charles Moore lance l'alerte, estimant la densité de déchets à 5,1 à kg par kilomètres carrés sur une profondeur moyenne de 10m. L'ONG Greenpeace avait également tiré la sonnette d'alarme.
Boyan Slat, ou la part du colibri
Un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s'activait, allant chercher quelques gouttes d'eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d'un moment, le corbeau, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit:« Colibri ! Tu n'es pas fou? Tu crois que c'est avec ces gouttes d'eau que tu vas éteindre le feu ? » . Le colibri lui répondit alors : « Je le sais, mais je fais ma part. » La légende raconte que chaque animal se sentant alors concerné, «fit sa part», chacun à sa manière et que la forêt fut sauvée.
Dans le cas du 7eme continent, Ce colibri porte un nom, Boyan Slate. Ce néerlandais ne dépassant pas la vingtaine a eu cette idée utopique de collecter les débris de matière plastique flottant dans la gyre de l’océan Pacifique, via le "Crowdfunding" (financement participatif). Il a déjà récolté plus de 1 million de dollars, l'idée consiste à installer une sorte d'entonnoir géant afin que les débris viennent s'y agréger. Je vous invite à consulter le projet détaillée sur le site, http://www.theoceancleanup.com
Artistes et anonymes s'engagent pour la même cause
Le chanteur américain Pharrell Williams s'est également allié à la cause en s'associant à la marque néerlandaise de vêtements G-Star Raw afin de concevoir une collection fabriquée à partir des déchets marins recyclés. Une collection qui devrait être réalisée à partir de fibre issue de bouteilles plastiques recyclées, élaborée par la société Bionic Yarn, dont Pharrell est le cofondateur. Une initiative à nous rendre happy!
Un groupe d’étudiants de l’Institut supérieur de design de Valenciennes a imaginé un drone marin dont la mission consistera à récupérer de façon automatisée les sacs de plastique et autres déchets qui polluent les océans.
Plus improbable, l’architecte Ramon Knoester du cabinet d'architectes WHIM veut transformer ce tas de débris plastique en une île artificiel : "Pourquoi ne pas nettoyer la mer et créer un nouvel habitat en même temps ? Rien ne serait gaspillé, pas même les déchets. Il serait anti-écologique de ne pas recycler les déchets à l’endroit où ils se trouve."
Comment lutter efficacement ?
En évitant d'aggraver la situation, en responsabilisant les pollueurs, sans en arriver au principe de "Pollueur payeur". Sinon responsabiliser les industriels en les incitant à créer moins de packaging ou alors des packaging biodégradables. Au parlement, dans le cadre de l'examen du projet de loi sur la transition énergétique, les députés ont votés l'interdiction des sacs plastiques à usage unique à partir de 2016.
Malheureusement, Une grande partie de ces Gyres se trouvent hors des eaux nationales, aucun État ne veut en assumer la responsabilité. Sans mauvais jeux de mots ils s'en lavent les mains. Comme pour les débris de satellites qui flottent en orbite dans l'espace.
Ne désespérons pas, gardons un œil sur la planète, restons optimiste, espérons un réveil des consciences.
Saïd EL Boundati