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Politique

Les noces entre Aubry et Hollande? C'est du bidon!

François Hollande et Manuel Valls ont obtenu satisfaction puisque la maire de Lille est bel et bien rentrée dans le rang. Les apparences sont donc sauves. Pourtant rien n'est réglé. voici pourquoi. 
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120415 Challenges Martine Aubry et François Hollande
Martine Aubry et François Hollande
DENIS CHARLET / AFP

Ainsi Martine Aubry a-t-elle décidé, en vue du congrès socialiste en juin prochain à Poitiers, de signer la motion majoritaire conduite par le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis. Congrès plié, paix des braves chez les socialistes, après la raclée des élections départementales, avant la dérouillée des régionales à la fin de l'année. François Hollande et Manuel Valls ont obtenu satisfaction puisque la maire de Lille est bel et bien rentrée dans le rang. Les apparences sont donc sauves, un conflit politique majeur n'affaiblira pas une nouvelle fois un parti à l'agonie. Pourtant rien n'est réglé puisque Martine Aubry, soudain raisonnable, n'en reste pas moins en désaccord avec les choix économiques, financiers et sociaux du trio Hollande-Valls-Macron.

Reste à expliquer, et comprendre, ce ralliement.

Renouer des liens ou couler tous ensemble  

Il est bon de savoir qu'avec Cambadélis en appui- et l'ex-trotskyste est fort habile dans ce genre de situation - François Hollande en personne a conduit l'opération reconquista de Martine Aubry. Il sait y faire, ce maître tacticien de la politique. La tambouille des congrès socialiste, ça le connaît. Hollande a compris qu'il était indispensable qu'il renoue lui-même un lien, passablement rompu, avec Martine Aubry, que s'il s'appliquait, elle éprouverait les plus grandes difficultés à lui résister. Parce qu'elle n'a pas échappé au marasme politique et électoral des socialistes - et le président n'a pas manqué de le lui signifier : ils couleront (à coup sûr) ensemble ; ils survivront (peut-être) ensemble. Parce qu'en effet Martine Aubry ne résiste pas mieux que les Hollandais pur jus : elle a perdu le département du Nord ; elle pourrait bientôt laisser à l'extrême droite la région Nord-Pas-de-Calais. Ce serait un désastre national et elle en porterait une (grande?) part de responsabilité. Un élément capital dans son retour à la "raison". Il est passé, ce retour à la raison, par de multiples contacts et conversations avec François Hollande - lequel lui a concédé une série de mesures sociales qui hérissent déjà le poil de Valls et de Macron. Mais en politique tout se paye, le président en étant le permit convaincu. 

Pourtant entre François Hollande et Martine Aubry, rien n'est réglé. Car ils divergent sur ce que doit être le socialisme du XXIe siècle: social-libéral selon le chef de l'état ; social-démocrate, d'après l'ex-ministre du Travail. Et les différences ne sont pas que formelles : sur le rôle de l'état, ils ne partagent pas la même conception, pas davantage sur le rapport au patronat ou sur la manière dont il faut combattre les excès de la finance. Cet accord ne peut être qu'une alliance à court terme.  

Seule compte l'élection présidentielle  

On le sait, les alliances à court terme ne peuvent durer car elles ne font que gommer les divergences de fond. A ce genre d'exercice, les socialistes se livrent, avec des bonheurs divers, depuis ... 1983, depuis le tournant de la rigueur impulsé et imposé par la triplette Mitterrand-Mauroy-Delors. Cette rigueur, la fille de Jacques Delors continue de s'y opposer et le parti socialiste de naviguer entre deux conceptions antagonistes. Tout au long du quinquennat Hollande, cette stratégie de la godille montrent ses limites : entre les thèses d'Emmanuel Macron et celles de Martine Aubry, il faut choisir. Nous savons d'ores et déjà que le congrès de Poitiers ne servira à rien puisque, une fois encore, ce partage essentiel sera évité, contourné, pour le grand bonheur de François Hollande et avec l'accord officiel de la dame des 35 heures. Les bizarreries de la politique à la française, cet univers où les idées ne comptent guère, où seul importe l'élection présidentielle. 

C'est d'ailleurs comme cela que Hollande a fini par convaincre Aubry, en la persuadant qu'il avait encore une chance de triompher en 2017 à la condition sine qua non que les grands chefs socialistes restent unis et qu'il puisse compter sur elle. Ainsi sera-t-il. Jusqu'à quand ?  

Car, de leur côté, Manuel Valls et Emmanuel Macron n'ont pas l'intention de mollir. Pour gagner, il est indispensable de persister à réformer. Ne rien faire jusqu'au premier tour de la prochaine présidentielle - ce qui pourrait être désormais la thèse du président - le chef du gouvernement et le ministre de l'Economie s'y refusent. Régression de la France assurée. Échec électoral garanti. Mais s'ils osent, ils peuvent compter sur Martine Aubry, leur nouvel partenaire, pour les rappeler à l'ordre.   

Pendant ce temps, Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé observent, plutôt réjouis : ces socialistes là, en apparence unis, ne les inquiètent guère.

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