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Le projet de casinos à Paris ne plaît pas à tout le monde

•Les opérateurs craignent qu'un gros casino nuise aux offres actuelles.•Les élus parisiens sont divisés sur l'intérêt d'une offre légale de jeux.

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Par Christophe Palierse

Publié le 14 avr. 2015 à 01:01

La création de casinos à Paris est loin de faire l'unanimité. Que ce soit au niveau politique ou chez les professionnels. Depuis février dernier, le ministère de l'Intérieur a confié au préfet Jean-Pierre Duport une mission sur la création d'une offre légale de jeux dans la capitale. Au coeur de cette mission, l'éventualité de l'ouverture d'un établissement, voire de plusieurs dans la capitale pour remplacer les cercles de jeux considérés comme sulfureux.

Le projet suscite des sentiments mitigés dans le secteur du jeu. Chez Casinos de France, l'une des trois organisations patronales qui réunit notamment des poids lourds du secteur tels que Barrière - le numéro un français -, JOA et Tranchant, on manifeste ainsi une ouverture certaine sur le sujet tout en manifestant la plus grande réserve... « La position des opérateurs est simple : si on met un casino de type Las Vegas, on tue la profession », résume, entre autres, son secrétaire général, Georges Tranchant, le fondateur du groupe éponyme. Un gros casino à Paris porterait un coup rude à celui d'Enghien-les-Bains dans le Val- d'Oise. Cet établissement de Barrière est le plus proche de la capitale et le plus important de France. Un gros projet parisien concurrencerait aussi des établissements plus éloignés comme ceux de Deauville, également exploités par Barrière, ou même de Forges-les-Eaux et de Saint-Amand-les Eaux, tous deux gérés par Groupe Partouche, le numéro deux français. En conséquence, Casinos de France plaide pour une étude d'impact.

« On jugera sur pièce », déclare, de son côté, le président du Syndicat des casinos modernes de France, Ari Sebag, par ailleurs membre du directoire de Partouche. Casinos de France plaide de son côté pour l'ouverture de plusieurs casinos « moyens », avec environ une dizaine de tables de jeu et 200 machines à sous chacun, ce qui permettrait de couvrir harmonieusement le territoire parisien.

Dossier sensible

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Face à ces incertitudes, la maire de Paris n'aurait pas encore arrêté de position, d'après son entourage. La mairie mesure d'ailleurs encore mal les positions des groupes politique du Conseil de Paris. Certains conseillers pensent que le ministère de l'Intérieur n'est qu'un faux nez d'une mairie en recherche d'argent frais. D'après les estimations, les revenus des casinos pourraient rapporter jusqu'à 15 millions d'euros à la Ville. Ce que nie fermement l'entourage d'Anne Hidalgo, laquelle ne serait pas spontanément très favorable aux jeux d'argent. Ses alliés verts ne sont pas davantage emballés. A droite, la présidente du groupe UMP Nathalie Kosciusko-Morizet accusait récemment la gauche de briser un consensus contre les casinos à Paris, regrettant que « la gauche vende sa morale ». D'autres élus UMP se montrent pourtant plus favorables. En revanche, les centristes trouvent que les casinos apporteraient un atout supplémentaire dans le développement d'une capitale mondiale du tourisme. A condition « d'être cohérent et d'accepter le travail le dimanche », tâcle néanmoins Eric Azière, président du groupe.

Si jamais le rapport Duport parvient à réunir une majorité en mai, le ministère de l'Intérieur pourrait dans la foulée intégrer en loi de finances 2016 (LF) une modification de la loi de 1920 qui interdit cette activité dans Paris. Les pouvoirs publics souhaiteraient le déploiement rapide d'une offre légale de jeux, redoutant le développement de jeux clandestins avec la fermeture des cercles parisiens.

D'après nos informations, la mission Duport proposera de placer ces casinos sous le régime d'une délégation de service public qui exigera un vote du Conseil de Paris. Compte tenu des délais de la LF, ce vote n'aura pas lieu avant 2016.

Conscients de l'incertitude du projet, les opérateurs profitent de ce débat pour remettre sur la table leur demande d'un schéma directeur des casinos en France. Si la Côte d'Azur paraît saturée, tout comme la côte normande, des possibilités de création ne manquent pas. « Il faudrait placer Paris dans une réflexion globale. Il n'y a pas de casino à Orléans, Reims ou Tours », observe à ce propos le président du directoire de JOA, Laurent Lassiaz.

Christophe Palierse Matthieu Quiret

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