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Quel est l’impact des éoliennes sur les riverains ?

Selon un sondage CSA, seuls 7 % des Français vivant à proximité des turbines se disent gênés par le bruit des pales. Mais les études scientifiques manquent sur les effets sanitaires des parcs.

Par  et

Publié le 14 avril 2015 à 19h25, modifié le 09 avril 2019 à 11h45

Temps de Lecture 4 min.

La question des nuisances des éoliennes est une fois de plus posée. Après la sortie d’une étude pilotée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie concluant que la France pourrait tirer la totalité de son électricité de ressources renouvelables à l’horizon 2050, sans véritable frein technique ou économique, reste un blocage : les populations, qui ne sont pas toujours prêtes à accepter une turbine près de chez eux.

Si 70 % des Français vivant près d’un parc ont une bonne image des éoliennes, 61 % d’entre eux ne savent pas dire si ces turbines représentent un avantage ou un inconvénient pour eux, selon le premier sondage à grande échelle réalisé par CSA auprès de riverains, pour la fédération d’industriels France énergie éolienne (FEE), publié mardi 14 avril. Les sondés sont nombreux (61 %) à mettre en avant les effets positifs pour l’environnement des parcs proches de chez eux, mais moins de la moitié estiment que leur présence a permis de générer de nouveaux revenus pour leur commune (43 %), financer de nouveaux services publics (24 %), attirer de nouvelles entreprises (19 %) ou créer des emplois (16 %).

7 % des riverains gênés par le bruit

En matière de nuisances sonores, 76 % des riverains n’entendent jamais les éoliennes ; seuls 7 % se disent gênés par le bruit des pales. Quant à la pollution visuelle, 71 % des habitants estiment les turbines bien intégrées au paysage.

Une image globalement positive, donc, brandie par les industriels du secteur pour démontrer que les Français sont favorables aux turbines, y compris près de chez eux, loin du stéréotype des résidents clamant « Not in my backyard » (« pas dans mon arrière-cour »). Reste que les 506 personnes interrogées vivent « à moins de mille mètres d’un parc », et donc pas forcément à la distance minimale fixée à cinq cents mètres par la loi Grenelle II qui doit séparer les mâts et les zones urbaines d’habitations. L’impression de gêne aurait-elle été davantage ressentie à plus grande proximité des turbines ? 

Selon un arrêté de 2011, les éoliennes ne doivent pas rajouter au bruit ambiant si ce dernier est supérieur à 35 décibels (dB), plus de 5 dB le jour et 3 dB la nuit, à une distance de cinq cents mètres. « Le choix des sondés a été fait par le CSA. On leur a seulement donné la liste des communes proches des parcs », répond Frédéric Lanoë, président de FEE. La France compte environ 5 000 éoliennes réparties en 800 fermes. « Elles se situent le plus souvent dans des zones peu peuplées car les parcs demandent de la place », poursuit-il, sans pouvoir donner le nombre de Français vivant à proximité des turbines.

Distance minimale avec les parcs

La distance minimale entre les parcs éoliens et les habitations est controversée, alors que le Sénat a voté un amendement à la loi de transition énérgétique, en mars, visant à la faire passer de cinq cents à mille mètres. Le texte doit être examiné en commission spéciale à l’Assemblée nationale à partir de mardi, avant un nouveau vote en séance plénière à la mi-mai.

« Cette mesure priverait 85 % du territoire métropolitain d’éoliennes, s’insurge Frédéric Lanoë. Elle mettrait à mal l’objectif de la loi de passer de 20 % à 40 % d’électricité d’origine renouvelable à l’horizon 2030. » Actuellement, l’éolien terrestre représente 9 000 mégawatts (MW), soit 4 % de l’électricité française, loin encore des 19 000 MW fixés d’ici à 2020.

Des effets délétères sur la santé ?

Les parlementaires ne disposent dans l’immédiat que de très peu d’arguments scientifiques pour fonder leur décision. Dans un rapport rendu public le 9 avril, le Conseil des académies canadiennes (CAC), un organisme indépendant, écrit que pour la plupart des effets sanitaires délétères parfois attribués au bruit des éoliennes, « la preuve est insuffisante pour parvenir à une conclusion sur la présence ou l’absence d’un lien de causalité ».

Le comité d’experts, parmi lesquels des chercheurs américains et suédois, a passé plus de 300 publications scientifiques sur le sujet au crible, en retenant comme définition de la santé « un état de bien-être physique, mental et social », qui ne se limite donc pas à « une absence de maladie ou d’infirmité ».

Pour autant, le CAC retient que « la preuve est suffisante pour établir une relation causale entre l’exposition au bruit des éoliennes et un dérangement. » Les études ne permettent néanmoins pas de différencier le poids des effets visuels et celui des effets sonores dans ce désagrément, qui peut aussi être lié aux « attitudes personnelles » à l’égard des éoliennes. Le conseil canadien relève enfin qu’il pourrait y avoir un lien de causalité entre l’exposition au bruit des éoliennes et la perturbation du sommeil.

Preuves « insuffisantes »

En revanche, « les données semblent indiquer qu’il n’y a pas de lien de causalité avec la perte auditive ». Et cela, « même pour une exposition sur une durée de vie entière ». De même, les preuves sont « insuffisantes » pour conclure à « un lien direct de causalité » avec le stress, à la différence de ce qui a été établi pour d’autres sources sonores comme la circulation routière ou le trafic ferroviaire et aérien. Pour tous les autres effets potentiels sur la santé examinés (fatigue, acouphènes, vertiges, nausées, étourdissements, maladies cardiovasculaires, diabètes, etc.), les résultats ne sont là encore pas conclusifs. Dans certains cas, « les données ne sont pas cohérentes ». Dans d’autres, les études comportent « des limites méthodologiques » rédhibitoires.

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En France, l’étude la plus récente sur le sujet date de 2008. En 2013, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a repris ses conclusions : « Les émissions sonores des éoliennes ne génèrent pas de conséquences sanitaires directes, tant au niveau de l’appareil auditif que des effets liés à l’exposition aux basses fréquences et aux infrasons. » Toutefois, ces émissions sonores « peuvent être à l’origine d’une gêne, souvent liée à une perception négative des éoliennes ». A la demande du ministère de l’écologie, l’Anses mène actuellement une expertise sur les effets des infrasons et des basses fréquences des parcs éoliens, qui devrait être rendue publique courant 2016.

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