BFMTV
Terrorisme

Départs pour le jihad: plus de filles que de garçons en mars

Des femmes musulmanes turques, à Istanbul, en août 2013. (photo d'illustration)

Des femmes musulmanes turques, à Istanbul, en août 2013. (photo d'illustration) - AFP

INFO BFMTV - Pour la première fois en mars, le nombre de jeunes filles partant pour le jihad a dépassé celui des jeunes hommes. Une tendance qui s'explique par une accentuation de la propagande de Daesh à leur égard.

Depuis le 29 avril 2014, quelque 3.670 cas de départs pour le jihad ont été signalés. C'est ce qui ressort des appels sur le numéro vert (67% des signalements) à destination des familles qui veulent alerter (également par Internet pour 33%) de la radicalisation de leurs proches. On savait déjà que beaucoup de candidats au jihad étaient des personnes fraîchement converties.

Fait nouveau en mars, il apparaît que davantage de filles que de garçons sont parties rejoindre Daesh, selon le préfet Pierre N’Gahane, secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance. "Il y a une implication importante des femmes et c'est un phénomène nouveau par son ampleur", a-t-il dit précisé mardi lors d'une conférence mardi, sans détailler cette tendance. Il faut dire que les efforts de propagande pour convaincre les jeunes femmes de rejoindre les jihadistes ont redoublé.

Les départs féminins dépassent les masculins

Si l'on examine les chiffres depuis la mise en place du numéro vert, il y a un an, la proportion de femmes partant pour le jihad était jusqu'à une période récente était de 43%, contre 57% d'hommes. Mais en mars 2015, la tendance s'est inversée. Elles étaient 136 femmes contre 125 hommes a avoir été signalées comme candidates au jihad.

Ce renversement, explique le ministère de l'Intérieur, tient au fait que la propagande de l'Etat islamique vise de plus en plus les femmes avec des vidéos conçues pour les séduire. Certaines en quête du grand amour ou d'une grande cause idéaliste, se laissent séduire. "Les réseaux ont ce pouvoir de le convaincre qu'elles (les jeunes filles et femmes) sont un maillon essentiel, car ce sont elles qui vont donner naissance aux futurs combattants", explique Delphine Bergère-Ducote, de la Direction de la protection de la jeunesse.

Une propagande très étudiée

Une fois sur place, en Syrie, en Irak ou dans d'autres zones où l'Etat islamique exerce son influence, la réalité est bien différente de celle qui avait été promise. Les jeunes femmes sont simplement "séquestrées", précise l'anthropologue Dounia Bouzar. "Aucune mineure n'a réussi à rentrer vivante. Dès lors que les jihadistes sentent qu'elles ont compris la réalité, ils vont les surveiller deux fois plus", continue-t-elle.

Selon Bernard Castanet, commandant de l'unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat), 434 Français ou ressortissants français présents sur le front irako-syrien sont "formellement identifiés". Il souligne que Français séduits par le jihad étaient souvent attirés par une propagande "extrêmement efficace sur internet", avec des vidéos dignes "de blockbuster américains", faites de prises de vue réalisées par des drones ou des "effets à la Matrix".

Lundi, Manuel Valls a révélé que sept Français ou résidents français, dont six convertis, sont morts en commettant des attentats suicide en Irak et en Syrie, en défendant le texte du projet de loi sur le renseignement à l'Assemblée nationale.

D. N. avec Antoine Heulard, Sarah-Lou Cohen-Bacri