La bactérie «tueuse d'oliviers» est arrivée en France
Ce que craignait le ministère de l'Agriculture est arrivée: la bactérie «tueuse d'oliviers» Xyllela fastidiosa, qui attaque les arbres du sud de l'Italie, a été identifiée pour la première fois en France dans un plant de caféier intercepté au m

L'affaire est prise très au sérieux par le ministère de l'Agriculture. Ce dernier a annoncé ce mercredi que la bactérie «tueuse d'oliviers» Xyllela fastidiosa, dont le seul nom déclenche l'effroi depuis qu'elle attaque les arbres du sud de l'Italie, a été identifiée pour la première fois en France dans un plant de caféier intercepté au marché de Rungis. La date de saisie chez un des revendeurs du plus grand marché de gros européen n'a pas été précisée.
«Les caféiers ont été introduits dans l'Union européenne via les Pays-Bas» et proviendraient «d'Amérique Centrale», a toutefois précisé le ministère. Autrement dit, le même itinéraire que celui suivi par la bactérie qui décime depuis 2013 les oliveraies italienne des Pouilles. En effet selon l'Institut agronomique méditerranéen basé à Bari, la bactérie est arrivée dans le pays via des plants de caféiers ornementauxs en provenance du Costa Rica. Depuis, elle a attaqué des milliers d'oliviers dans le talon de la botte, l'une des premières régions productrices d'huile d'olive au monde, également riche en vignes et en fruits.
L'Europe tarde à agir
En Italie, des mesures drastiques ont été prises pour stopper l'invasion. Des milliers d'oliviers centenaires, l'emblème de Mare Nostrum depuis l'Antiquité, risquent d'être arrachés pour contenir fastidiosa. Aucun traitement ne permet d'éradiquer la bactérie transmise par un insecte volant.
«Une enquête est en cours pour déterminer leur origine exacte», a indiqué le ministère français qui attend d'en savoir plus pour déterminer s'il y a lieu de prendre des mesures sur d'autres végétaux sensibles qui auraient pu être exposées au risque de contamination. La France a déjà entamé une campagne de surveillance et de prévention renforcées au début du mois d'avril pour se protéger et interdit unilatéralement l'importation de végétaux en provenance des zones infestées.
Dans ce plan d'action, la mesure qui cible directement les productions des Pouilles provoque en Italie une vive émotion. Le ministère français fait valoir qu'il a défendu depuis le départ l'adoption de mesures de protection au sein de l'Union européenne: «Puisqu'aucun plan n'a encore été proposé au niveau européen, nous avons décidé de ne pas attendre et de prendre nos propres mesures nationales.» Ainsi, 102 espèces végétales venant des Pouilles ont été interdites d'entrer en France. «Alors que 13 seulement sont susceptibles d'être infestées», a en revanche déploré Cosimo Lacirignola, directeur de l'Institut agronomique de Bari et enfant des Pouilles.
La Corse sous haute surveillance
Si la bactérie a été repérée dans la région parisienne, une région bien plus lointaine est sous haute surveillance. La proximité de la Corse avec les côtes italiennes, région qui a relancé dans les années 80 sa production d'olives tombée en désuétude, n'est pas étrangère à la décision française.
Le député européen José Bové et un ancien élu corse, François Alfonsi, sont montés au créneau, évoquant «une menace jamais vue sur l'ensemble du pourtour méditerranéen» pesant «à la fois sur notre culture et sur nos productions agricoles».
«Si la bactérie apparaît en Corse, on risque de se retrouver à terme avec une île au paysage lunaire, car les chênes, les arbres fruitiers, les amandiers et même la vigne pourraient être touchés», s'inquiétait au début du mois dans «Le Parisien» - «Aujourd'hui en France» l'oléicultrice Fabienne Maestracci. «Moi, si je perds mes arbres, c'est tout un patrimoine humain et culturel qui disparaîtra», avait-elle averti.
Le Languedoc-Roussillon, grande région fruiticole du sud de la France, est aussi vigilante.