La réforme de Najat Vallaud-Belkacem vexe les Allemands

Achtung ! Les allemands sont froissés. La réforme du collège, dont la dernière mouture a été présentée la semaine dernière par Najat Vallaud-Belkacem, semble en passe de créer un incident diplomatique entre la France et ses voisins d'Outre Rhin. Ils craignent que la ministre de l'Education nationale, au nom de son combat pour l'égalité au collège, ne saborde au passage l'enseignement de la langue de Goëthe.
«L'Allemand va maintenant être relégué en France au même rang que la culture des orchidées» s'agace ce jeudi, dans les colonnes du quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, le directeur de l'institut Goethe à Paris, Joachim Umlauf. Pour lui, la gifle est d'autant plus cinglante que les gouvernements allemand et français avaient récemment promis de renforcer l'apprentissage des deux langues dans leurs pays respectifs. Le quotidien allemand, dans le même article, tacle «la jeune ministre» qui juge les classes d'allemand renforcé au collège «trop élitistes».
La fin des classes bilangues
Le texte de la réforme ne prévoit pourtant pas la suppression de l'allemand, mais des classes bilangues, qui permettent à certains élèves d'étudier une deuxième langue étrangère, en plus de l'anglais, dès la 6e. A la rentrée 2016, tous les élèves apprendront une deuxième langue à partir de la 5e (au lieu de la 4e aujourd'hui), à raison de deux heures par semaine. En contrepartie, les classes bilangues et les classes européennes sont supprimées au collège.
La réforme attaquée de toutes parts
Dans une lettre à la ministre, révélée par le site Lesechos.fr, l'ancien Premier Ministre - et prof d'allemand - Jean-Marc Ayrault, s'est aussi ému du sort réservé à sa matière préférée et aux classes bilangues, créées à l'origine pour endiguer la chute vertigineuse de la langue germanique. Ces classes «ont permis à l'allemand de rester la troisième langue vivante en France» derrière l'Anglais et l'Espagnol, écrit à la ministre Jean-Marc Ayrault. Plusieurs députés, membres du groupe d'amitié franco-allemand mobilisent aussi contre la suppression de ces classes. Ce jeudi, l'ancienne ministre et porte-parole de l'UDI Chantal Jouanno s'est jointe à la fronde. Elle estime que la réforme participe à un "nivellement par le bas" du système éducatif.
"Les expérimentations montrent que commencer la seconde langue vivante en classe de 5e renforce l'apprentissage de l'allemand» assure de son côté Najat-Vallaud Belkacem, qui ajoute que le nombre de postes de profs d'allemand ouverts au concours de recrutement est à la hausse - 514 en 2015 contre 443 en 2014.
Actuellement, 485 000 enfants apprennent l'allemand au collège.