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Le scénario du pire ne peut être exclu pour l’EPR d’Areva

La Chine veut lever les doutes sur la sûreté des EPR français.Une catastrophe industrielle ne peut plus être totalement exclue.

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L’EPR de Flamanville

Par Emmanuel Grasland

Publié le 19 avr. 2015 à 17:00

Les anomalies détectées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans la composition de l’acier du couvercle et le fond de la cuve du réacteur EPR de Flamanville (Manche) commencent à susciter des inquiétudes à l’étranger. « La Chine ne chargera pas de combustible dans ses deux réacteurs nucléaires de type EPR conçus par le français Areva tant que tous les doutes quant à la sûreté des équipements ne seront pas intégralement levés », a annoncé en fin de semaine dernière le ministère chinois de l’Environnement.

Dans sa forge du Creusot (Saône-et-Loire), Areva utilise en effet le même procédé de fabrication pour les composants de la cuve des deux réacteurs EPR construits dans le sud de la Chine, sur le site de Taishan, que pour l’EPR de Flamanville. « Globalement, le système de garantie à Taishan fonctionne de manière efficace. La qualité de la construction est sous contrôle», a assuré l’Administration chinoise de sûreté nucléaire. Pour autant, les autorités ont demandé « à ce que soit conduite rapidement une analyse et une évaluation des éventuels problèmes sur le site», a expliqué un responsable du régulateur chinois, cité par l’agence Chine Nouvelle. Premier marché mondial du nucléaire civil, la Chine se doit de réagir. Elle compte 23 réacteurs en construction et représente 9 % du chiffre d’affaires d’Areva, qui y a noué d’étroites coopérations avec les groupes CNNC et CGN.

Anomalies « très sérieuses »

Ces anomalies sont un coup très dur pour la réputation d’Areva. Elles desservent aussi les intérêts de la filière nucléaire en Grande-Bretagne, où EDF doit construire deux réacteurs EPR à Hinkley Point. Pour autant, les annonces des autorités françaises n’ont pas, pour le moment du moins, suscité de réactions outre-Manche.

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Vendredi, dans un entretien vidéo avec « Les Echos », le président de l’Autorité de sûreté nucléaire, Pierre-Franck Chevet, a qualifié ces anomalies de fabrication de « sérieuses, voire très sérieuses ». « La cuve du réacteur est un élément crucial en termes de sûreté. Elle contient le cœur avec les assemblages combustibles où a lieu la réaction nucléaire», a-t-il expliqué. Elle est soumise à une très forte pression, 155 bars (la pression est de 5 bars dans une Cocotte-Minute). L’ASN estime que ces anomalies datent d’une dizaine d’années.

EDF et Areva vont mener d’ici à octobre des essais complémentaires afin de démontrer que la pièce satisfait quand même aux normes requises par la nouvelle réglementation sur les équipements sous pression nucléaires (ESPN). Si ce n’était pas le cas, il faudrait enlever la cuve installée à Flamanville et la refaire. Ou bien abandonner le chantier. Un scénario catastrophe encore théorique, mais qui ne peut pas être totalement exclu.

Emmanuel Grasland

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