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Ma Vie Après l’Alerte

Publié le | par

L’affaire des Panama-Papers relance le sujet des lanceurs d’alerte et de leur protection. Alors que les révélations de Stéphanie Gibaud ont permis à l’Etat de récupérer 13 milliards d’Euros, cette ancienne employée de la banque UBS est toujours dans une précarité financière absolue. Il est urgent d’indemniser les hommes et les femmes qui ont le courage de dénoncer ces pratiques illégales.

Première diffusion : 13 avril 2015

Stéphanie Gibaud était responsable marketing chez UBS France pendant huit ans. Face à l’une des plus grosses banques du monde, elle a refusé de se taire. Aujourd’hui elle vit du RSA… C’est ça une vie de lanceuse d’alerte ? 

Stéphanie Gibaud travaille chez UBS France, filiale française d’UBS (Union des Banques Suisses), première banque mondiale dans la gestion de fortune. Sa vie bascule lorsqu’en 2008, elle refuse d’exécuter l’ordre de sa supérieure hiérarchique de supprimer des fichiers clients. Elle découvre que la banque agit dans l’illégalité et décide de porter plainte : c’est le début de quatre années d’isolement et de harcèlement, jusqu’à son licenciement en février 2012. Elle n’a pas retrouvé de travail depuis. Lanceuse d’alerte malgré elle, elle tente de se reconstruire entre batailles judiciaires et médiatisation.

Recrutée en 1999 chez UBS France, Stéphanie Gibaud est chargée pendant huit ans d’organiser des évènements culturels et sportifs à l’attention des clients de la banque. En temps que directrice marketing, elle était l’ambassadrice de la marque et se devait d’être au service des clients. L’organisation de tournois de golf et de matchs de tennis était son quotidien.

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Pour Stéphanie, impossible de s’imaginer à ce moment-là que son entreprise favorise le démarchage illicite de clients français pour l’ouverture de comptes non déclarés en Suisse (comptes offshore). Elle ne s’imagine pas que des chargés d’affaires suisses démarchaient les clients dont elle s’occupait pendant les évènements qu’elle organisait.

En 2007, lorsque que Bradley Birkenfeld, chargé d’affaire chez UBS à Genève, dénonce les pratiques d’évasion fiscale de la banque aux Etats-Unis, elle commence à se poser des questions. Puis tout s’enchaîne.

En juin 2008, les locaux du directeur général d’UBS France sont perquisitionnés. Dans la foulée, sa supérieure hiérarchique lui demande de supprimer tous les fichiers contenant les noms des clients et de leurs chargés d’affaires. Stéphanie refuse de répondre à cet ordre et ne détruit pas ces fichiers. Elle se doute que quelque chose ne va pas et découvre qu’UBS tient une comptabilité parallèle. Elle en parle à ses dirigeants. Elle est persuadée que l’affaire sera rapidement réglée et que ses supérieurs la remercieront même d’avoir découvert ces pratiques irrégulières. Elle n’a pas idée de ce qui l’attend. Ses dirigeants la font passer pour une menteuse, et nient en bloc. Trompée, choquée par ses découvertes, Stéphanie décide de porter plainte contre UBS en 2009.

Mise à l’écart, harcèlement, menaces : pendant les quatre années suivant sa dénonciation, Stéphanie «n’est plus personne », on veut la faire craquer. Ses collègues l’évitent, on la traite de « folle ». Finalement, UBS parvient à la licencier en 2012.

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Pour cet ex-cadre d’une banque de gestion de fortune, c’est la perte de repères. Elle se retrouve sans emploi et sans soutien, face à une multinationale contre laquelle elle continue à se battre. Après son licenciement Stéphanie informe les médias.

Depuis juillet 2014 elle vit avec le RSA. Stéphanie est loin des soirées cocktails et de Roland Garros.

Aujourd’hui, elle lutte pour la reconnaissance du statut de lanceur d’alerte, qui ne bénéficie que de très peu de protection. Rien dans la loi française ne prévoit de dédommager les lanceurs d’alertes qui se retrouvent comme elle, dans une situation précaire.

Les dénonciations de Stéphanie ont conduit à la mise en examen d’UBS France pour démarchage illicite de riches clients et blanchiment aggravé de fraude fiscale en 2013 et en 2014. UBS a dû signer un chèque de caution d’un montant record de 1,1 milliard d’euros.

Le 5 mars 2015, le Conseil des Prud’hommes a reconnu UBS coupable de harcèlement moral à l’encontre de Stéphanie Gibaud. Une victoire ? Pour elle, il ne s’agit que d’une étape. 30 000 euros de dédommagement « ce n’est rien du tout, pour une carrière brisée ».

Le combat n’est pas terminé. Elle veut continuer à mettre en avant sa liberté de parole, et à dénoncer ces scandales.

« Mon rôle aujourd’hui c’est de continuer à faire du bruit. Je fais juste mon travail de citoyen. Le seul regret que j’ai, c’est d’avoir ouvert les yeux si tard ».

La réponse de François Hollande à Sophie Binet et Stéphanie Gibaud

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 Lanceur d’alerte ?

Pour Transparency International France, le lanceur d’alerte est « tout employé qui signale un fait illégal, illicite ou dangereux pour autrui, touchant à l’intérêt général, aux instances ou aux personnes ayant le pouvoir d’y mettre fin ».

Les lanceurs d’alerte dans la loi française : statuts et protection

Les lanceurs d’alerte bénéficient d’une protection parcellaire et fragile. Cinq lois offrent aux salariés des secteurs publics et/ou privés des protections disparates, selon les domaines d’activité.

  • Loi du 13 novembre 2007 : elle protège les salariés du secteur privé des signalements de « faits de corruption ».
  • Loi du 29 décembre 2011 : elle protège toute personne signalant des « faits relatifs à la sécurité sanitaire des produits ».
  • Loi du 16 avril 2013 : elle protège tous ceux qui préviennent « un risque grave affectant la santé publique ou l’environnement ».
  • Loi du 11 octobre 2013 : elle protège les membres du gouvernement, principaux exécutifs locaux ou personnes chargées d’une mission de service public qui dénoncent « des faits relatifs à une situation de conflits d’intérêts ».
  • Loi du 6 décembre 2013 : elle protège le signalement par les secteurs public et privés « de faits constitutifs d’un délai ou d’un crime ».

Affaire Bradley Birkenfeld, Premier lanceur d’alerte UBS aux Etats-Unis

En 2007 Bradley Birkenfeld, banquier américain chez UBS à Genève, dénonce les activités de la banque visant à faciliter l’évasion fiscale des riches Américains. En 2009, UBS a payé une amende de 780 millions de dollars au fisc américain. La même année, Bradley Birkenfeld est condamné à 40 mois de prison pour complicité à la fraude. Grâce à sa dénonciation, l’état américain a récupéré à ce jour 5 milliards de dollars. En 2012, le Fisc américain lui verse une prime de 104 millions de dollars pour le remercier de son action en temps que lanceur d’alerte. Il a reçu la plus grande prime jamais payée à un lanceur d’alerte. Le 27 février 2015, il a témoigné à Paris dans le cadre de la mise en examen d’UBS France pour démarchage bancaire illicite et fraude fiscale.

L’affaire Stéphanie Gibaud en 10 dates

  • 1999 : Stéphanie Gibaud est embauchée par UBS France
  • Juin 2008 : Perquisition chez UBS France. Ordre donné par la hiérarchie à Stéphanie Gibaud de supprimer ses listings clients.
  • 2009 : Dépôt de plainte de Stéphanie Gibaud contre UBS
  • 2010 : UBS dépose plainte contre Stéphanie Gibaud pour diffamation
  • Février 2012 : Licenciement de Stéphanie Gibaud
  • Juin 2013 : Première mise en examen d’UBS France pour complicité de démarchage illicite de riches clients
  • 6 février 2014 : Sortie du livre « La femme qui en savait vraiment trop » de Stéphanie Gibaud  (éditions du Cherche-Midi)
  • 23 juillet 2014 : Mise en examen d’UBS pour blanchiment aggravé de fraude fiscale. Réévaluation de la caution à 1,1 milliard d’euros
  • 5 mars 2015 : Condamnation d’UBS par les Prud’Hommes à 30000 euros de dommages et intérêts à Stéphanie Gibaud pour harcèlement moral
  • 5 mai 2015 : Convocation de Stéphanie Gibaud à comparaitre devant le Tribunal de Paris dans le cadre de la plainte d’UBS pour diffamation

L’équipe du stage Reporter Parisien

Lina Soualem
Julie Bruchert
Mathieu Ewondo
Romain Potocki

Des liens

 

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Les commentaires (4)

  1. Sujet bien traité.
    Très bonne synthèse de l’affaire.
    On espère maintenant un vrai statut pour les lanceurs d’alerte !

  2. Stéphanie Gibaud explique qu’au moins on ne s’en est pas pris à son intégrité physique. Il n’en a pas été de même pour moi. Une mise d’office en arrêt de maladie pour raisons psychiatriques a été diligentée à mon encontre avec tentative d’internement d’office et j’ai été licenciée. Des pressions ont été exercées sur mon fils mineur élève à l’École des Pupilles de l’Air.

    Ma lettre à François Hollande http://florence-jarrier.net/lettre_francois_hollande.php est d’actualité.

    Mon site internet donne plus d’informations http://florence-jarrier.net/

    Florence Jarrier

  3. un certain sakozy président a dit qu’il s’attaquerait à la finance… on sait le résultat !
    un certain hollande président a dit qu’il s’attaquerait à la finance, on connait la encore le résultat !
    le prochain « roi des cons » nous promettra quoi ? peu m’importe la réponse puisque j’ai tirer la chasse sur ma carte d’électeur