SYRIE - Un entretien "pour apprendre quoi? Rien". L'interview exceptionnelle accordée par Bachar al-Assad à France2 a fortement déplu à plusieurs responsables politiques de gauche qui ont accusé la chaîne publique de n'avoir pas contredit les "mensonges" du dictateur syrien.
Quatre ans après le début de la guerre en Syrie, le chef de l'Etat syrien répondait pour la première fois aux questions d’une télévision française dans un entretien diffusé ce lundi 20 avril au 20Heures de France2. Cible des pays occidentaux qui ont tout fait pour l'acculer au départ mais remis en selle par la montée en puissance de l'Etat islamique, celui qui est accusé d'avoir ordonné le massacre de plusieurs dizaines de milliers de Syriens a profité de cette fenêtre de tir médiatique pour accuser la France de "soutenir les terroristes".
Une interview "déshonorante" tacle le député François Lamy
Un entretien très critiqué par plusieurs responsables de gauche, à commencer par l'ancien ministre socialiste François Lamy qui a jugé l'interview "déshonorante pour le service public".
Un entretien "pour apprendre quoi? Rien", a poursuivi ce mardi sur RFI le député de l'Essonne. "Pour que M. Assad nous explique que la France soutient les terroristes? Pour nous expliquer - ce qui, paraît-il, est le scoop du jour - qu'il y aurait eu des contacts avec les services français? Des contacts avec les services étrangers, il y en a tous les jours. Tout ça pour lui laisser la parole, le laisser dire un certain nombre de mensonges sans réagir", s'est indigné ce proche de Martine Aubry.
D'autres parlementaires socialistes se sont également élevés contre cet entretien.
Réponse de David Pujadas sur le site de FranceTVInfo: "Bachar Al-Assad est l'une des parties prenantes d’un des conflits les plus dévastateurs de ces vingt dernières années. Nous avons un devoir d’information sur la Syrie, un devoir que nous exerçons très largement. Pouvoir questionner Bachar Al-Assad est un exercice journalistique qui participe à l’information de nos téléspectateurs".
Paris, comme Londres, a fermé en mars 2012 son ambassade à Damas afin de protester contre la répression conduite par le régime. Depuis deux ans, la France fait l'objet de pressions syriennes et de certains hommes politiques français pour restaurer des relations diplomatiques bilatérales mais le président François Hollande s'y refuse de manière catégorique.