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Politique

ENA, secteur privé... D'où viennent les conseillers du président François Hollande?

EXCLUSIF A l’Elysée, François Hollande a davantage de conseillers venus de l’entreprise que Nicolas Sarkozy, selon une étude encore confidentielle du Cevipof.
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210415 Challenges Jean-Pierre Jouyet et François Hollande
Jean-Pierre Jouyet et François Hollande
BERTRAND LANGLOIS / AFP

Surprise: à l’Elysée, François Hollande a davantage de conseillers venus de l’entreprise que Nicolas Sarkozy, selon une étude encore confidentielle du Cevipof, qui analyse les entourages de tous les chefs d’Etat depuis Valéry Giscard d’Estaing.

Il y a 10 mois, l’arrivée de Laurence Boone comme conseillère économique de François Hollande avait suscité la polémique. Le socialiste qui avait fait campagne contre le «monde de la finance» recrutait à l’Elysée une ancienne de la banque américaine Merrill Lynch. Une exception dans un cabinet peuplé d’énarques? Pas vraiment à en croire une étude confidentielle du Cevipof que ChallengeSoir s’est procurée et qui compare méthodiquement les CV des conseillers de François Hollande et de Nicolas Sarkozy.

A rebours des clichés

D’après ces données moulinées par Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS, le chef de l’Etat compte plus de collaborateurs venus des entreprises (13%), qu’elles soient publiques ou privées, que son prédécesseur (9%). L’écart se creuse encore si l’on retient les conseillers ayant au moins une expérience dans le privé –36 contre 28%.

Un résultat à rebours des idées reçues qui voudraient que l’élection de François Hollande signe le retour des hauts fonctionnaires au sommet de l’Etat, alors que la présidence Sarkozy aurait joué l’ouverture au privé avec des profils très médiatisés, tel François Pérol, à l’époque secrétaire général adjoint de l’Elysée débauché de la banque d’affaires Rothschild.

Evolution des élites

L’analyse de Luc Rouban est sans appel. «L’alternance n’a pas renversé la situation de «rupture » recherchée par Nicolas Sarkozy en 2007 car l’expérience du secteur privé ou la formation en écoles de commerce se sont répandues quelle que soit la couleur politique des gouvernements, reflétant en cela l’évolution générale des élites administratives», décrypte le chercheur.

A l’Elysée, François Hollande s’est proportionnellement entouré de moins d’énarques (39%) que Nicolas Sarkozy (50%). Les conseillers issus des grands corps de l’Etat –Inspection des Finances, Conseil d’Etat et Cour des comptes– sont même presque 2 fois moins présents (12%) que durant le quinquennat précédent (20%)!

Les diplômés d’école de commerce ont légèrement moins la cote –12 contre 14%–, tandis que les polytechniciens prennent leur revanche –7 contre 4%.

Le vivier de l’entreprise

En fait, François Hollande est le 2e président depuis 1974 qui a le plus pioché dans les entreprises pour constituer sa garde rapprochée. Les conseillers issus du monde économique ne formaient que 10,9% du cabinet de Valéry Giscard d’Estaing, 8,7% de celui de François Mitterrand de 1988 à 1995 et 7,1% de ceux des mandats de Jacques Chirac. Seule l’équipe de Mitterrand entre 1981 et 1988 en comptait davantage, avec 23,7% de collaborateurs venus des entreprises. Des scores élevés pour les présidents socialistes qui s’expliquent aussi par la nécessité d’aller chercher d’anciens hauts fonctionnaires proches de la gauche partis dans le privé pendant les années de pouvoir de droite.

Et dans les ministères?

L’intérêt de l’Elysée pour les profils du privé ne se retrouve toutefois pas à Matignon et dans les ministères. Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls ont moins débauché dans les entreprises (5%) que François Fillon (9%). Ils ont en revanche beaucoup plus de conseillers anciens militants ou élus (17%) que leur prédécesseur (11%).

Les postes les plus prestigieux des ministères –directeurs d’administration– reviennent en priorité à des hauts fonctionnaires –84 contre 77% sous Nicolas Sarkozy. Les bras droit des ministres proviennent plus souvent de l’administration –51 contre 46 %–, avec une préférence pour le Conseil d’Etat –8 contre 5%– et la Cour des comptes –12 contre 2%–, au détriment de l’Inspection des Finances – 3 contre 11 %. 

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