
“Tout est modifiable, sauf les articles concernant ‘la pénalisation des rapports sexuels en dehors du mariage et la rupture publique du jeûne pendant le mois de ramadan’. Telle est la conclusion faite, le 20 avril, par le ministre de la Justice et des libertés, Mustapha Ramid”, qui s’exprimait lors d’une rencontre organisée autour de l’avant-projet de réforme du Code pénal rendu public le 1er avril, rapporte Au Fait Maroc.
Pour Ramid, “il s’agit de deux atteintes à l’islam, dans le pays du Commandeur des croyants”, poursuit le quotidien. Concernant l’avortement, actuellement interdit et criminalisé, le ministre a précisé que sa proposition relative à “la problématique de l’avortement clandestin a été envoyée au Cabinet royal, après avoir reçu l’aval du Conseil supérieur des Oulémas [jurisconsultes]”, sans donner plus de détails.
Le texte introduit de nouvelles notions, comme l’instauration des peines alternatives, les sanctions en rapport avec la discrimination, le racisme ou l’incitation à la haine, et de nouvelles dispositions concernant le harcèlement sexuel. “Mais cette réforme est considérée comme une véritable menace quant aux acquis en matière de libertés individuelles”, déplore Au Fait Maroc.
Evolution des mœurs et des comportements
Depuis la publication de cet avant-projet de réforme sur le site du ministère de la Justice, une mobilisation prend de plus en plus d’ampleur sur les réseaux sociaux : “‘Des textes moyenâgeux’, des articles ‘régressifs’, ‘liberticides’, ‘passéistes’ ou encore ‘rétrogrades’, dénoncent les Marocains connectés”, relate le quotidien.
De son côté, La Vie éco estime qu’“on ne relève pas de grandes modifications, en général, si ce n’est un certain flottement et un durcissement (discret, anodin, mais bien réel) de la politique pénale appliquée par le gouvernement”. Et de s’indigner : “Alors que dans le monde entier la tendance est à la tolérance en général, là on bétonne, et on en rajoute”.
L’hebdomadaire s’alarme : “Il devient urgent d’abroger la disposition pénale réprimant les relations sexuelles hors mariage. Tout bêtement pour ne pas essayer de contrer ce qui est inévitable sous toutes les latitudes, mais admettre l’évolution des mœurs et des comportements dans une société (la nôtre), qui entend poursuivre son évolution, aussi bien sur les plans politiques et économiques, mais aussi sociaux et humains”.