Le double discours de l'Indonésie sur la peine de mort
L'Indonésie reste sourde aux appels de Paris de ne pas exécuter Serge Atlaoui mais lorsque ses ressortissants sont condamnés à mort, elle tente, elle aussi, de les sauver.
La France et l'Indonésie sont au bord d'une crise diplomatique depuis que la Cour suprême indonésienne a condamné à mort le Français Serge Atlaoui pour trafic de drogue. Laurent Fabius a décidé de convoquer ce mercredi après-midi l'ambassadeur d'Indonésie.
À Paris, cette décision de justice était attendue depuis des mois. François Hollande, lui-même, avait déjà demandé, en février dernier, au président indonésien, Joko Widodo, de ne pas exécuter le Français. Mais cette requête n'a pas abouti, l'Indonésie restant intransigeante sur les questions de stupéfiants.
En effet, le pays cherche, depuis plus de 40 ans, à endiguer le fléau de la drogue. L'Indonésie reste un pays clé dans la fabrication des drogues telles que l'ecstasy, l'héroïne ou encore la résine de cannabis.
Contre la peine de mort pour ses ressortissants à l'étranger
Inflexible, l'État indonésien peut aussi demander la clémence lorsque ses ressortissants sont condamnés à mort dans un pays étranger. Ce fut le cas ce mois-ci avec une Indonésienne, Siti Zaenab, condamnée à la peine capitale en Arabie Saoudite pour avoir tué son employeur. Dès lors, le gouvernement indonésien a essayé par tous les moyens de la sauver. En vain.
Selon le journal indonésien, le Jakarta Globe, Siti Zaenab n’avait pas à payer « pour les pêchés » de son gouvernement qui a exécuté 6 personnes en 2014. Au lieu de cela, sa mort devrait servir de cri de ralliement mondial pour la suppression de la peine de mort qui est, pour le quotidien de Jakarta, « une relique barbare qui n'a pas de place dans nos sociétés civilisées que ce soit en Arabie Saoudite ou en Indonésie »
229 Indonésiens condamnés à mort dans le monde
Ce cas n'est pas isolé pour l'Indonésie puisque 229 ressortissants indonésiens sont condamnés à mort, principalement en Malaisie et en Arabie Saoudite. Pour chaque cas, le gouvernement indonésien tente de sortir ses concitoyens du couloir de la mort. Ces prises de positions sont très proches de celles employées par la France pour épargner Serge Atlaoui.
Mais le gouvernement de Jakarta doit aussi faire face à la pression des Indonésiens qui se disent à 85 % favorables à l'exécution des étrangers impliqués dans un trafic de drogue.
Si Serge Atlaoui venait à être fusillé, il serait le premier Français à être exécuté en 38 ans, selon l'ONG Ensemble contre la peine de mort.