Deux ans de mariage pour tous en France : un bilan terrifiant

Par Pascal Riché

Publié le , mis à jour le

Mariage pour tous. Photo d'illustration.

Mariage pour tous. Photo d'illustration. JDD/SIPA

EN 2015, VOUS AVEZ LU… un édito de Pascal Riché : deux ans après le "mariage pour tous", on nous promettait la guerre civile, du sang. Et rien!

En bref


  • EN 2015, VOUS AVEZ LU… Retrouvez ici la sélection des articles les plus lus de l'année sur le site de "l'Obs". 

  • Voici un édito de Pascal Riché : deux ans après le "mariage pour tous", on nous promettait la guerre civile, du sang. Et rien!

  • Article publié le 23 avril 2015.

Lors du débat sur le mariage pour tous, Laurent Chambon, cofondateur de Minorités, prof installé aux Pays-Bas, avait rédigé sur Rue89 une tribune titrée de façon ironique et provocatrice : "Douze ans de mariage gay en Hollande : un bilan terrifiant".

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Il expliquait qu'en réalité, il ne s’était rien passé, ou presque rien, depuis la réforme néerlandaise. Le mariage homosexuel est entré rapidement dans les mœurs ; politiquement, il est vite devenu un non-sujet. Même l’extrême-droite hollandaise, ayant conscience que ses électeurs "ne comprendraient pas pourquoi on discriminerait son voisin, son enfant, son frère, sa sœur ou soi-même", était devenue pro-mariage gay. Terrifiant... 

On fête ce jeudi le deuxième anniversaire de l'adoption par l’Assemblée nationale de la loi ouvrant le droit au mariage et à l’adoption aux personnes de même sexe. La loi avait été votée dans un contexte très tendu : dramatisation des enjeux, manifestations monstres, agressivité des propos, violences homophobes... A l'époque, les opposants au mariage pour tous promettaient d'autres tensions, d'autres rejets, la fronde de maires "vertueux", un déclin des valeurs... Que s'est-il passé ? Eh bien, comme aux Pays-Bas : rien.

Les maires ont rempli leur mission, et les incidents causés par des maires récalcitrants, dans les 36.000 communes, se comptent sur les doigts d'une main. Le mariage des homosexuels est entré dans les moeurs.

Même au FN, l'homophobie recule

Et comme dans tous les pays qui ont adopté le "mariage pour tous", l'homophobie recule. Même au Front national, qui n'est pas le parti le plus "gay friendly" du paysage politique, on peut désormais croiser des dirigeants ouvertement gays sans que cela ne soulève un grand débat interne, c'est dire. Et c'est à la quasi-unanimité que l’Assemblée nationale a adopté le 3 avril un amendement à la loi Santé contre l’exclusion des homosexuels du don de sang.

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La question a déserté le discours politique. Ceux qui, à droite, juraient qu’ils "démarieraient" les mariés homosexuels une fois de retour au pouvoir se taisent. "Les Français attendent d'autres priorités que la réécriture de la loi Taubira", a même écrit Nadine Morano dans un tweet. Fermez le ban.

Et les Frigide Barjot, Christine Boutin, Ludivine de la Rochère et autres Béatrice Bourge qui pronostiquaient "du sang qui coule", "la guerre civile" et autres plaies se sont évaporées comme des traces de buée au soleil. 

Deux français sur trois

Selon les sondages, jamais autant de Français ne se sont déclarés favorables au mariage pour tous : on atteint 68%. Même les sympathisants UMP se déclarent en faveur du mariage pour tous en grande majorité : 58% (contre 33% en janvier 2013).

Sur la question de l’adoption par des couples homosexuels, les Français sont davantage divisés, mais jamais l'on a constaté autant de Français qui s'y déclarent favorables (53%).

Avec la loi Taubira, la bataille pour l’égalité des droits n’est certes pas terminée, mais elle a bien avancé. Pas de guerre civile, pas de bain de sang, juste l’inverse : un peu plus de "vivre ensemble" et de fraternité. 

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