Capture d'une vidéo de Stéphane Puccini pour VICE News
Ce jeudi, des manifestations de l'opposition contre le calendrier électoral ont eu lieu dans plusieurs villes de Guinée. Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont principalement eu lieu à Conakry, autour de la route Le Prince qui traverse la ville, et à Labé, à 300 kilomètres au Nord-Est de Conakry, selon le gouvernement.Une équipe de VICE News a vécu cette journée à Conakry, au coeur du quartier général de l'opposition, entouré par les forces de l'ordre.Selon le bilan officiel fourni par les autorités, les manifestations de ce jeudi ont fait un mort, à Labé. « Au cours de ces affrontements un jeune nommé Ousmane Bah aurait trouvé la mort après avoir reçu un projectile au niveau des cervicales, » lit-on dans le communiqué, qui précise l'âge de la victime : 28 ans. L'AFP, de son côté, évoque une source hospitalière anonyme affirmant que l'homme tué à Labé, âgé de 25 ans, est « mort sous les coups de matraque des forces de l'ordre ». Une enquête a été ouverte, a déclaré le gouvernement.***Ce jeudi, 10h du matin dans la commune de Dixinn à Conakry, capitale de la République de Guinée. Le domicile de Cellou Dalein Diallo, leader de l'opposition, est transformé en QG de l'Union des Forces Démocratiques Guinéennes (UFDG), son parti. C'est de cette maison que doit partir une marche de protestation, suivant le même programme que lundi dernier, autre jour de mobilisation, mais qui ne concernait que Conakry. Aujourd'hui le test est national.À lire : En photos : violentes manifestations à Conakry contre le gouvernementIl y a là déjà une cinquantaine de militants, Diallo bien sûr, mais aussi sa famille et son équipe de communication. Le garde du corps de Diallo n'est pas loin non plus. Devant le domicile, une vingtaine de gendarmes est postée. Diallo explique à VICE News qu'on a donné l'ordre aux policiers de ne pas le laisser sortir lui et ses militants dans les rues de Conakry aujourd'hui.D'autres figures de l'opposition guinéenne rejoignent Diallo pour signifier leur opposition à un calendrier électoral jugé trop favorable au gouvernement en place. Les revendications sont aussi plus larges, on manifeste contre l'insécurité qui règne dans le pays et qui est imputée au gouvernement par les opposants. On croise entre autres chez Diallo les présidents ou porte-parole du RDIG, du NFD, PGP, PEDN, UFR.À 13h ils tiennent une conférence de presse commune alors que des quartiers de la ville sont bloqués par les manifestants, mouvement suivi dans quelques autres villes du pays. L'opposition se félicite "Notre manifestation est un succès total car les gens ont répondu à notre appel à la journée "ville morte". Cela démontre bien que les populations sont avec nous." Diallo prend la parole pour dénoncer des violences commises par les forces de l'ordre sur les manifestants et annoncer que d'après ses informations il y a un mort dans une ville du centre du pays, Labé. Les membres de l'opposition promettent déjà dans leur déclaration qu'ils vont "poursuivre les manifestations". Reste que cette journée de protestation est loin d'être finie.Des manifestants sont chargés d'entourer le domicile de Diallo pour prévenir d'éventuelles intrusions de contre-manifestants.Après cette conférence de presse à la mi-journée, Cellou Diallo et les autres représentants de l'opposition tentent une sortie dans la rue. Ils sont précédés par une petite centaine de manifestants qui quittent le domicile de Diallo. À peine 100 mètres plus loin, ils arrivent à un carrefour. Ils sont bloqués, la police fait barrage. Les forces de l'ordre font usage de grenades lacrymogènes alors que les manifestants commencent à leur jeter des pierres. Le cortège finit par se replier rapidement chez Diallo. Plusieurs blessés par les tirs de grenades lacrymogènes y sont soignés.Après plusieurs tentatives infructueuses, les leaders de l'opposition ont réussi à rentrer chez eux en voiture, la police les laisse passer en fin d'après-midi. Les jeunes militants attendront eux la fin de la journée dans la cour de Diallo pour pouvoir rentrer chez eux à pied.***Dans son bilan de cette journée de jeudi, le gouvernement fait état de 14 blessés, dont 11 policiers et gendarmes, et de 93 arrestations. L'opposition contredit en partie ce bilan, en déclarant par exemple à l'AFP que des dizaines de personnes ont été arrêtées dans la ville de Kindia, là où les autorités affirment que rien n'est à signaler.Mi-avril, une manifestation similaire avait au moins un mort, des témoins et des sources médicales avaient mentionné des tirs par balles des forces de l'ordre sur la foule, version démentie catégoriquement par le gouvernement.À lire : Émeutes en Guinée : interview du leader de l'oppositionLe président de Guinée, Alpha Condé, devait revenir en Guinée ce vendredi d'une visite officielle à Paris, effectuée la veille, où il a rencontré François Hollande. Une visite à l'issue de laquelle M. Condé a indiqué n'envisager aucun changement du calendrier électoral.Toutes les photos de cet article sont des captures d'écran d'une vidéo de Stéphane Puccini pour VICE News. Retrouvez bientôt leur reportage en vidéo dans l'émission de VICE et France 4, « Le Point Quotidien ».Retrouvez leurs reportages ici et suivez les sur Twitter @mareczkoP et @StephanePuccini
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