Politique : le machisme a la vie dure

VIDÉO. Dans un documentaire diffusé dimanche sur France 5, des femmes politiques racontent leurs combats contre le sexisme ordinaire. Édifiant.

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Temps de lecture : 3 min


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Caquètements, insultes, sifflets, commentaires sur leur tenue ou leur coiffure... Elles ont tout entendu, les femmes en politique. Le sujet peut sembler éculé et pourtant le machisme est toujours bien présent dans l'hémicycle, dans les instances des partis ou sur le terrain. La loi sur la parité de 2003 n'aura pas tout réglé et aucunement changé les comportements parfois archaïques de certains mâles dotés du "code génétique du chimpanzé" (dixit Mélenchon).

Dans Sexisme en politique : un mal dominant*, la réalisatrice Stéphanie Kaïm est allée à la rencontre d'élues que ces messieurs ont tenté d'aider de leur conseils. Florilège de leurs recommandations : "Ne parle pas, comme ça on pourra croire que tu es intelligente !" a pu entendre la volubile Cécile Duflot à ses débuts ; "Mets-toi là, interviens à tel moment... et surtout ne parle pas de ta famille, de tes enfants, ça peut être interprété comme une faiblesse", a-t-on recommandé à Chantal Jouanno, qui a fait l'inverse ; "Va falloir que tu mettes des tailleurs", a-t-on préconisé à Samia Ghali, qui n'en porte toujours pas... Heureusement, la plupart des femmes qui se lancent dans l'arène politique sont têtues et dures au mal. Il n'empêche, les "À poil !" balancés à Ségolène Royal ou "Barbie" à Barbara Pompili les ont blessées.

"J'ai des couilles, j'ai une bite... Maintenant, on peut parler politique ?"

Autrefois, c'était l'héritage paternel qui leur servait de marchepied : Michèle Alliot-Marie, Roselyne Bachelot et Martine Aubry ont été adoubées par leurs pères. Une nouvelle génération est arrivée grâce à la loi de 2003. Ainsi, Duflot se revendique-t-elle comme "une créature de la parité". Mais les femmes restent sous-représentées (25 % au Sénat, 27 % à l'Assemblée, 16 % de femmes maires...). La solution, selon la coprésidente des Verts à l'Assemblée ? Arrêter de les investir dans des circonscriptions ingagnables.

La politique semble demeurer un univers masculin fait par et pour des hommes. Les femmes devraient-elles user des mêmes codes pour se faire une place ? Parler cru, hausser le ton, voire insulter, être "viriles", pour ne pas dire "couillues"... Sarkozy ne dit-il pas de Nathalie Kosciusko-Morizet qu'elle est "celle qui en a le plus", nous rappelle notre collègue Anna Cabana, interrogée dans le documentaire. Huée dans l'hémicycle à cause d'une robe à fleurs bleue, l'ex-ministre avoue avoir dû parfois employer un langage trivial pour se faire respecter. À un responsable du PS chargé des relations avec les partis, et visiblement mal à l'aise de devoir traiter avec elle, la secrétaire nationale des Verts a sorti : "Regarde-moi, je n'ai pas de seins, j'ai des couilles, j'ai une bite ! Maintenant, on peut parler politique ?" Seule Marine Le Pen semble tirer son épingle du jeu. "J'ai un physique qui me sert dans ce métier", confesse-t-elle. Jusqu'ici, elle échappait aux critiques sur sa coupe de cheveux ou ses tenues. Mais c'était avant l'épisode new-yorkais en robe de cocktail bleue...

"Celle qui en a le plus ! "

En dehors du look, la question qui taraude le plus les mâles politiques, c'est "Qui va garder les enfants ?", pour reprendre l'expression de Laurent Fabius visant Ségolène Royal. Mères la plupart, elles jonglent avec des emplois du temps "totalement incompatibles avec la vie de famille" (dixit la patronne du FN). La plus culottée a tout de même espéré que les institutions puissent s'adapter à ses contraintes de mère de quatre enfants : à peine nommée ministre du Logement, Duflot a soumis une requête à Hollande: "J'ai demandé au président de la République si on pouvait changer le jour du conseil des ministres." Il fallait oser !

*Diffusé le 26 avril, à 22 h 20, sur France 5.

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Commentaires (11)

  • Clicoeur

    Les politique mâles de "haut niveau" ne se font pas de cadeaux entre eux, alors, pourquoi en feraient-ils aux politiques femmes sous prétexte qu'elles sont des femmes ? Nicolas Sarkozy, ce sont ses talonnettes et ses tics ; François Hollande, sa cravate et son embonpoint ; Cécile Duflot sa robe à fleurs bleues et ses jeans. Il est certain que ces remarques sur le physique et la tenue vestimentaire de nos politiques ne font pas honneur à leur auteurs masculins, car, lorsqu'on parle de parité, sur ce point là, il faut reconnaître que les femmes ne sont pas encore à la page, et c'est tant mieux. Je crois même qu'il est préférable que les femmes politiques ne se formalisent pas outre mesure, et traitent par le mépris le comportement imbécile de certains. Elles ont bien d'autres choses à faire en politique que de vouloir changer la mentalité de certains hommes envers les femmes. De toute façon, c'est peine perdue. Les mentalités changeront plus sûrement avec la nouvelle génération.

  • bernhard

    Le grand responsable de cette situation, c'est la loi de parité !
    On commence par faire son équipe au mieux, et puis faut en arriver à la parité ! Et alors les choix ne se font plus sur la compétence, mais (hélas) uniquement SUR LE SEXE ! C'est déplorable !
    Mais avec les socialistes ça va mieux, car ils sont arrivés à unifier le niveau d'incompétence totale et généralisée !

  • excalibur2015

    C'est bien peu de chose comparé à l'incompétence économique et décisionnelle de nos politiciens qui vivent et élèvent dans les meilleures ecoles privées Leurs ENFANTS grâce à nos impôts. Ce n'est rien en comparaison de la corruption, du favoritisme, du clienteliste et de leur abus de bien sociaux. Demandez leur juste de justifier leur notes de frais personnelles annuelles et ça calmera tout le monde !. Après ça les petits écarts des uns et des autres... C'est bien peu de choses et doivent être sanctionné par exemple par des retenues sur salaire.