TERRORISME - On ne sait pas grand-chose du premier terroriste arrêté dans cette affaire après s'être blessé. À part sa maladresse et qu'il n'était sans doute pas prêt pour la mission que lui aurait confié un donneur d'ordre syrien : attaquer des églises à Villejuif. L'homme nie ces projets. Il aurait toutefois exprimé son désir de partir en Syrie sur Facebook. Son ex-compagne, convertie, porte la burqa. Sa sœur a cherché à le disculper en expliquant qu'il était un garçon tout à fait charmant, qu'il enseignait dans la mosquée El Fath au Vert Bois à Saint-Dizier.
Présentée selon les sources comme une mosquée classique, elle a organisé des cars pour se rendre à la Rencontre annuelle de l'UOIF (tendance Frères musulmans) au Bourget. Une rapide recherche permet de trouver des appels assez étonnants sur sa page Facebook. Comme cette citation décontextualisée du Coran: "Les Juifs vous combattront mais vous serez vainqueurs". Un lien vers un site salafiste invite aussi à combattre la Saint-Valentin. Bref, pas vraiment un appel à aimer son prochain.
Si l'enquête le confirme, des jihadistes syriens visent donc des églises. Comme si le travail d'extermination entamé contre les Chrétiens d'Orient ne suffisait plus, il faudrait donc aussi les attaquer en Occident.
Ceci n'est pas une guerre de religions
Une guerre de religion, c'est lorsque deux groupes se font la guerre en mettant en avant le fait d'appartenir à des religions différentes. Ce que nous vivons est très différent. Des démocrates de tous horizons et de toutes religions sont ciblés par des totalitaires terroristes.
Les jihadistes sont en guerre contre tous ceux qui ne sont pas comme eux. Cela fait du monde: les Chiites, les Yazidis, les homosexuels qu'ils lapident ou jettent des toit, les juifs bien sûr, toujours les juifs, les Chrétiens, les athées, les blasphémateurs, mais aussi les islamistes non takfiristes. Cela fait quand même du monde. Aucun mouvement aussi sectaire n'a la moindre chance de réussir son projet totalitaire à grande échelle. Il peut nous déstabiliser, mais il ne peut qu'élargir le nombre de ses ennemis. Encore faut-il que ses adversaires sachent se montrer solidaires pour lui tenir tête. Si ce n'est par les armes, au moins dans les esprits, par les mots.
Les athées, les blasphémateurs, les juifs, les homosexuels n'ont aucun mal à épouser la cause des Chrétiens d'Orient, ni à se reconnaître en eux face à cette barbarie. Qu'il s'agisse d'aujourd'hui ou d'hier.
Beaucoup se sentent choqués lorsque trois députés belges refusent la minute de silence en mémoire des victimes du génocide arménien, ou lorsque Barack Obama lui-même évite de prononcer le terme. Sans doute pour ne pas fâcher la Turquie.
Il ne viendrait à personne l'idée de justifier un attentat contre une église ou le Vatican. Même si le Vatican préfère discriminer un ambassadeur catholique parce qu'il est gay. Même s'il mène la fronde contre les droits des femmes et des minorités sexuelles aux côtés de pays musulmans à l'ONU. Même si le Pape a déclaré, juste après l'attentat de Charlie et la couverture des survivants, qu'un blasphème pouvait justifier une réponse physique: "Si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s'attendre à un coup de poing, et c'est normal".
Le voilà placé devant ses contradictions. Qui doit-il tolérer en prirorité: ceux qui blasphèment mais ne menacent personne ou ceux qui imposent leur sacré et menacent tous les autres?
Le fanatisme le plus violent de notre époque vise aussi bien les Chrétiens que les blasphémateurs. Qu'on parle ou qu'on se taise sur l'islamisme, on peut être visé.
Au Pakistan comme sous le règne de Daech, chaque fois qu'il existe des lois contre le blasphème, les athées et les minorités religieuses sont persécutées. Asia Bibi croupit en prison parce qu'elle a osé parler de ses convictions chrétiennes lors d'une dispute autour d'un puits avec des voisines sunnites. Dès qu'une croyance est sacralisée, elle se place au-dessus des autres. Dès cet instant, il n'est plus besoin de blasphémer pour prendre le risque d'être persécuté. Il suffit de croire en autre chose: le rationalisme ou le christianisme.
Voilà pourquoi la défense du droit au blasphème (et non du blasphème en soi) est si importante. Elle devrait unir croyants et non croyants. Car ce droit garantit un cadre de vie en commun qui les protège tous.
Les blasphémateurs sont aux côtés des Chrétiens d'Orient. Ils soutiennent les lois qui interdisent l'incitation à la haine en raison de l'appartenance à une religion. Qu'en est-il des autorités chrétiennes? Ne doivent-elles pas soutenir cette liberté d'expression, y compris lorsqu'elle moque le sacré? Qu'attendent-elles pour dire, une bonne fois pour toutes, que le combat pour les Chrétiens d'Orient passe par des États civils où l'islam ne peut pas imposer sa loi. Tout simplement, parce qu'aucune religion n'est censée le faire.