Les avancées enregistrées ces dernières années dans la génétique ont permis, malgré elles, à de vieilles théories racistes de connaître un nouvel avènement, avertissent des scientifiques américains.

La double hélice de l'ADN. Photo d'illustration.

afp.com

Tout le monde le sait, la dépression modifie votre humeur. Ce que les scientifiques du Wellcome Trust Centre for Human Genetics de l'université d'Oxford viennent de découvrir, c'est qu'elle modifie aussi votre ADN. Une étonnante découverte qui permettrait non seulement d'améliorer la détection de la dépression, mais aussi d'améliorer les traitements destinés à soigner ce trouble mental, rapporte Science News.org..

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Les chercheurs ont eux-mêmes été surpris par les résultats de leur étude, obtenus un peu par hasard. Comme l'explique la prestigieuse revue Current Biology, les scientifiques tentaient initialement de déterminer s'il existait un gène responsable ou lié à la dépression. Ils ont mené l'enquête sur 11 000 personnes étant ou ayant été victimes de dépression, tout en leur faisant passer une batterie de tests médicaux.

Augmentation de la taille de l'ADN mitochondrial

Sauf qu'ils n'ont pas trouvé de gène lié à ce trouble de l'humeur. Pour autant, ce qu'ils ont découvert fortuitement n'est pas anodin: un lien entre la dépression, l'augmentation du nombre d'ADN mitochondrial -le "deuxième génome des cellules"- et... des télomères de plus petites tailles.

Une explication s'impose ici. Les mitochondries sont les centrales électriques des cellules. C'est elles qui fournissent l'énergie nécessaire à leur bon fonctionnement. Lors d'une dépression, elle deviennent moins efficaces. Le corps compense alors en augmentant leur nombre pour satisfaire les besoins en énergie.

Les télomères, ces petits "bonnets" positionnés au bout des brins d'ADN, ont pour rôle de protéger nos chromosomes de la dégradation et donc de la perte de l'information génétique. À chaque fois qu'une cellule se réplique, la longueur du télomère devient plus courte jusqu'à ce que la cellule ne puisse plus se diviser. Un phénomène qu'on peut résumer par un mot: le vieillissement.

La dépression réduit la durée de vie?

Les scientifiques ont ensuite cherché à confirmer ces changements moléculaires sur des souris, en les soumettant à quatre semaines de stress. Résultat: les petits mammifères ont bien augmenté leur génome mitochondrial et présentaient aussi des télomères de taille réduite.

>> Lire aussi: Remèdes anti-âge: pourquoi jouer avec son ADN et ses télomères est dangereux

Après quatre semaines, les chercheurs ont constaté que ces deux phénomènes étaient en parties réversibles. Or, dans le cas d'une dépression, la réversion est beaucoup plus compliquée, selon l'étude... Ce qui pourrait provoquer une baisse de la durée de vie.

Améliorer la détection et les traitements

Sans forcément répondre à cette dernière question, l'étude devrait permettre d'améliorer les futurs traitements contre la dépression. Par exemple en observant le nombre de mitochondrie et la taille des télomères pour détecter une dépression ou encore pour s'assurer de l'efficacité d'un traitement.

Elle permet aussi de comprendre comment le stress et la dépression -considérée d'habitude comme un trouble de l'humeur-, ont des répercussions jusqu'au niveau de nos cellules.


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