Eric Woerth, arrive au Palais de l'ElysŽe le 8 juin 2011 ˆ Paris pour participer ˆ un dŽjeuner entre le PrŽsident de la RŽpublique et les dŽputŽs UMP. AFP PHOTO LIONEL BONAVENTURE

Les démêlés judiciaires de son principal animateur, Eric Woerth, ont affaibli la mécanique.

AFP PHOTO/LIONEL BONAVENTURE

Nicolas Sarkozy a un faible pour les donateurs les plus prodigues de l'UMP, ceux qui déboursent sans ciller des milliers d'euros. Pour eux, il crée le "premier cercle" au mitan des années 2000 : un club réservé à ceux qui sont prêts à signer un chèque annuel de 3 000 euros (minimum) à 7 500 euros (le plafond légal). Jusqu'en 2010, cette belle machine à cash tourne à plein régime grâce à ses 544 membres, banquiers (beaucoup), patrons, héritiers, médecins, cadres... Des Français, mais aussi des étrangers, et bon nombre d'exilés fiscaux.

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En retour, ces happy few ont droit à une carte premium bleu nuit et à deux ou trois cocktails par an avec le président Sarkozy lui-même, dans un hôtel chic de la capitale. Grâce à ces bienfaiteurs, le premier cercle rapporte de 1,5 à 1,6 million d'euros chaque année, soit près de 20% des dons engrangés alors par l'UMP.

Depuis, la mécanique s'est grippée. Les démêlés avec la justice d'Eric Woerth, trésorier du parti et cheville ouvrière du premier cercle, la défaite de 2012, la guerre des chefs à l'UMP et, enfin, le feuilleton Bygmalion lui ont porté de rudes coups. Depuis que Nicolas Sarkozy a repris les rênes du parti, à l'automne dernier, il rêve de remettre la machine en marche. Il y va de l'équilibre des comptes de la maison, plombés par les dettes. "Daniel Fasquelle, le trésorier de l'UMP, nous a envoyé un courrier, au début de cette année, pour annoncer la relance du premier cercle", indique un membre.

Une rencontre est organisée, en mars, entre ce même Daniel Fasquelle, Frédéric Péchenard, directeur général de l'UMP, et les grands donateurs. Au cours du week-end de Pâques, ceux-ci reçoivent un courriel qui les convie, le 4 mai, à une rencontre avec Nicolas Sarkozy au siège du parti. A cette occasion, ils côtoieront les 50 personnes qui auront, les premières, libellé un chèque à l'ordre de l'UMP, en réponse à un e-mail de Daniel Fasquelle sollicitant, le 10 avril, l'ensemble des donateurs de la maison.

"Trop concentré sur Nicolas"

Les organisateurs craignent-ils que les sociétaires du premier cercle n'accourent pas en rangs serrés? C'est possible, car les intéressés ne font pas montre d'un enthousiasme débordant. "Je n'y serai pas", tranche un patron interrogé par L'Express. "Je ne participe plus", lâche un marchand d'art. Plus disert, un chef d'entreprise, "en retrait depuis l'affaire Bygmalion", s'explique : "Je ne voudrais pas que mes contributions alimentent un financement illicite..." Un autre se dit "échaudé par la présidence Sarkozy". Il n'a pas apprécié l'ouverture du gouvernement à des personnalités de gauche, encore moins le maintien de l'impôt sur la fortune et celui des 35 heures.

Un médecin parisien, lui, juge le premier cercle "trop concentré sur Nicolas". Or sa préférence va à un autre prétendant à l'investiture de l'UMP pour la prochaine élection présidentielle. Patricia Balme, présidente de la société de communication PB Com international et fidèle sarkozyste, conteste ce point de vue : "Ce club réunit les donateurs du parti, pas les soutiens de son président. Libre à ceux qui le souhaitent d'épauler leur favori pour 2017." Naguère figure éminente de ce cénacle, un banquier ne donne pas cher de son avenir : "Il va exploser, car nombreux sont les candidats à la primaire qui sollicitent ses membres pour lever des fonds."

Le 30 mai, l'UMP changera de nom et adoptera de nouveaux statuts. Le premier cercle, lui, devrait survivre à ce chamboulement. "La formule sera maintenue, même si un changement de nom n'est pas exclu", précise Thierry Baudier, directeur des relations extérieures, des adhérents et des donateurs. En espérant faire revenir les anciens et en séduire de nouveaux.

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