L'épilogue du bras de fer entre Renault et l'Etat aura été en faveur de ce dernier, qui a réussi à imposer le droit de vote double à l'assemblée générale annuelle de l'entreprise, contre la volonté de la direction du constructeur automobile français.
L'assemblée générale, qui s'est tenue jeudi 30 avril, a pris cette année une signification particulière, vu l'épreuve de force qui oppose depuis près d'un mois le gouvernement socialiste et le PDG de l'entreprise, Carlos Ghosn. Celui-ci a cherché à dédramatiser le revers, jeudi, estimant que l'essentiel était de « converger sur le fond ». Le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, a salué « une bonne nouvelle, cohérente avec notre volonté de défendre un capitalisme de long terme ».
« Une action, une voix »
A l'origine de ce contentieux, la loi Florange de mars 2014, qui prévoit que tout actionnaire, y compris l'Etat, se voit automatiquement attribuer un droit de vote double à l'issue d'une période de deux ans de détention continue des titres.
Seule l'assemblée générale peut empêcher l'application de ces dispositions, par un vote d'une résolution à la majorité des deux tiers. Or, elle n'a pas atteint ce seuil, avec 60,53 % de voix pour et 39,39 % contre.
La résolution a été introduite par la direction de Renault dans l'ordre du jour : elle énonçait que Renault appliquerait dans ses futures assemblées générales le principe « une action, une voix ».
Dans l'esprit du gouvernement, la loi Florange était censée lutter contre la spéculation et favoriser une stabilité de l'actionnariat. Dans le cas de Renault, le gouvernement avait sorti une botte secrète pour repousser la 12e résolution : faire monter sa part du capital de 15 à 19,74 %, par un rachat d'actions pour un montant situé entre entre 814 et 1 232 millions d'euros, devenant ainsi le principal actionnaire.
Nissan, qui contrôle 15 % du capital de son allié Renault, a fait savoir que cela perturberait l'équilibre de l'alliance. Daimler, qui participe aussi à l'alliance, a fait part de la même préoccupation. D'autres actionnaires ont également fait connaître leur opinion défavorable à l'abandon du principe « une action-une voix », a relevé Renault.
Le gouvernement a promis qu'il revendrait les actions Renault nouvellement acquises dès l'assemblée générale passée. Mais même avec 15 % des parts, l'Etat voit son influence renforcée après le vote de jeudi.
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