À Dachau, Merkel assène que "le judaïsme fait partie de notre identité"

La chancelière a appelé dimanche "à ne jamais fermer les yeux devant l'antisémitisme", célébrant le 70e anniversaire de la libération du camp.

Source AFP

À Dachau, Merkel assène que
À Dachau, Merkel assène que "le judaïsme fait partie de notre identité". © ANDREAS GEBERT / AFP

Temps de lecture : 3 min

Devant les derniers déportés encore en vie, la chancelière allemande Angela Merkel a appelé dimanche "à ne jamais fermer les yeux" devant l'antisémitisme. Elle s'y est rendue à l'occasion d'une célébration émouvante du 70e anniversaire de la libération du camp de concentration de Dachau, au sud de l'Allemagne. Évoquant le "grand honneur" de retrouver des survivants de la barbarie nazie, Angela Merkel a également martelé que le judaïsme était "une partie de notre identité".

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Durant ces 12 mois de cérémonies marquant la fin du joug nazi, c'est la seule fois où la dirigeante participe à une cérémonie dans un des camps qui ont notamment vu six millions de juifs exterminés dans la plus grande tentative d'élimination d'un peuple de l'histoire. En raison du grand âge des rescapés, c'est également l'une des dernières occasions où la chancelière, en tant que représentante du gouvernement allemand, et les témoins encore en vie se retrouvent dans ce lieu de mémoire où périrent 43 000 personnes dans une horreur indicible.

Arrivée sous des trombes d'eau, Angela Merkel, en imperméable bleu marine, le visage fermé a déposé une gerbe de fleurs devant l'ancien crématorium, avec un ancien déporté français, Clément Quentin. M. Quentin, âgé de 94 ans, avait raconté à l'AFP qu'il "attendait de crever" quand le 29 avril 1945 les soldats américains étaient venus libérer le camp.

Foulard des déportés

"Aux morts !" a ensuite lancé l'un des responsables du comité international de Dachau, qui regroupe des rescapés, avant que la foule ne se recueille longuement, près du four crématoire de ce camp, le premier créé par le régime nazi, en 1933.

Dans un silence étourdissant, uniquement interrompu par les cloches des chapelles du camp, la foule mêlant rescapés, dont certains en fauteuil roulant, d'autres portant le foulard des déportés, et anciens combattants américains, a effectué à pied et sous la pluie le chemin vers la place d'appel.

Quand les Américains ont libéré le camp, "je me suis senti redevenir un être humain", a raconté un autre rescapé français, Jean Samuel, dans un vibrant témoignage, devant des centaines d'invités du monde entier. Les Américains "n'en croyaient pas leurs yeux devant les monceaux de cadavres" qu'ils ont découverts à leur arrivée dans cette usine de la mort, a-t-il ajouté. "J'avais 21 ans, la guerre m'avait volé ma jeunesse", a-t-il poursuivi, évoquant ensuite ses années de silence avant finalement de commencer à témoigner de son calvaire à l'âge de la retraite.

"L'empathie diminue"

À l'heure où de nombreux survivants sont déjà morts, le président du Conseil central des juifs d'Allemagne, Josef Schuster, a invité à garder intacte la mémoire de la Shoah. Avec le temps, "la distance grandit, l'empathie diminue", a-t-il insisté. S'adressant à la jeunesse, il a lancé : "Vous n'êtes pas fautifs, mais vous portez la responsabilité" de ne pas oublier l'horreur des camps.

À l'entrée du camp, la porte en fer forgé vient rappeler le cynisme des nazis avec son inscription "Arbeit macht frei" ("Le travail rend libre").

Retour sur images

Ouvert initialement pour interner les prisonniers politiques, Dachau a servi de modèle d'organisation pour les autres camps de la mort, de Treblinka à Buchenwald. Le 29 avril 1945, il avait été libéré par les Américains. Les images d'archives de l'époque montrant notamment les survivants hagards, malades et amaigris, restent insoutenables.

Dans cette paisible cité verdoyante de Bavière, le camp, ouvert le 22 mars 1933 - moins de deux mois après l'arrivée d'Hitler au pouvoir -, fut installé d'abord dans une usine de munitions à l'abandon, avant la construction d'un grand complexe de bâtiments à partir de 1937. Plus de 206 000 prisonniers, venus d'une trentaine de pays, y ont été détenus.

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Commentaire (1)

  • surlemail

    Il ne faut pas oublier que les camps comme Dachau ou Buchenwald ont été crée pour interner les opposants à Hitler. Par la suite ils ont été la dernière destination des résistants, notamment français.