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L'Argentine légifère sur le harcèlement de rue

Illustration. ELMER MARTINEZ/AFP

Une étudiante victime d'agressions verbales à caractère sexuel a déclenché la mobilisation contre ce fléau en postant une vidéo qui a été vue par plus d'un demi-million d'Argentins.

Trois projets de loi sont actuellement discutés en Argentine pour mieux prévenir et sanctionner le harcèlement de rue. L'un est examiné par le Congrès national, les deux autres par le parlement communal de Buenos Aires.

C'est une jeune étudiante qui a lancé cette mobilisation en postant une vidéo intitulée «du compliment au viol» (del piropo a la violacion) qui a été vue un demi-million de fois en Argentine. Aixa Rizzo, étudiante en administration des entreprises, y raconte comment des ouvriers d'une entreprise d'électricité l'ont harcelée alors qu'ils travaillaient à côté de son domicile. «Quand j'ai voulu porter plainte, s'il n'y avait pas eu les répercussions médiatiques (de la vidéo), la police n'y aurait pas accordé d'importance» explique-t-elle à l'agence EFE. Elle assure que toutes les femmes ont subi un jour le harcèlement de rue de la part de «beaucoup d'hommes de tous les âges et de toutes les professions».

Volet préventif

Les textes de loi actuellement en discussion prévoient que les paroles ou actions de rue à teneur sexuelle qui agressent, humilient, perturbent ou offensent les femmes doivent être plus lourdement sanctionnées. Celui présenté au Congrès national par la députée Victoria Donda prévoit des amendes de 100 à 7000 pesos (10 à 700 dollars) et également des peines de prison. Au niveau du parlement communal, ce sont les députés péronistes Gabriela Alegre et Pablo Ferreyra qui défendent des textes étendant la notion de harcèlement de rue à des «regards lascifs, des sifflements, des baisers» et même l'utilisation du klaxon d'un véhicule, réalisés dans des espaces publics ou des espaces privés avec un accès public.

Les projets de loi comprennent également un volet préventif qui prévoit la diffusion de campagnes pour donner plus de visibilité au problème, informer sur le contenu de la loi et expliquer ce qui caractérise un harcèlement de rue. Enfin, la police de Buenos Aires devra «élaborer un protocole d'action face aux dénonciations de harcèlement sexuel dans des lieux publics» pour mieux accueillir les victimes.

Le Pérou prévoit des peines pouvant aller jusqu'à 12 ans de prison

Il y a quelques mois, l'association Accion respeto dirigée par Veronica Lemi avait organisé une campagne choc pour dénoncer le harcèlement de rue sous le slogan «si cela te gène de le lire, imagine-toi si tu l'écoutes!». Les affiches reprenaient quelques exemples d'agressions verbales comme «Mami, si je t'attrape, je te fais un autre enfant», «Viens la brune qu'on te viole», «la blonde, je te fais tout».

Le Pérou dispose depuis mars d'une loi prévoyant des peines allant jusqu'à 12 ans de prison pour les personnes convaincues de harcèlement sexuel dans la rue. En France le Haut conseil à l'égalité entre hommes et femmes avait publié un rapport édifiant le 16 avril dernier affirmant que 100 % des femmes utilisant les transports en commun avaient été victime de harcèlement sexuel.

L'Argentine légifère sur le harcèlement de rue

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5 commentaires
  • Michel THILLOUX

    le

    "Piropear"dans la rue est une habitude bien argentine mais applicable sur tout le continent.Piropear,c'est énoncer tout haut des compliments parfois un peu salés mais cette habitude fait partie de la vie quotidienne dans les rues.C'est souvent un hommage à la beauté,à la personnalité,aux vêtements utilisés et d'une façon générale,c'est un hommage a la "mujer".Reconnaissons que certaines réflexions manquent de poèsie et qu'elles tombent dans la catégorie de grossièretés exagérées.La femme de Buenos-Aires est habituée à ce genre d'hommage verbal permanent.Dans la rue,dans un salon de thé ou un café,dans un magasin,dans un transport en commun,elle doit s'habituer à ces petites phrases.Suivant sa façon de répondre,l'auteur saura si son compliment fut bien ou mal reçu.Légiférer sur ce thème est exagéré et je crains que cela ne change rien à cette coutume.Le gêneur,l'outrancier est rapidement éconduit avec parfois l'aide de tiers qui l'invitent à terminer avec ses plaisanteries salaces ou ses remarques de corps de garde.La rue serait bien triste sans cette habitude si argentine de faire des compliments à une femme ou de s'émerveiller de son allure ou sa tenue.Pour les femmes,c'est un peu comme la pluie pour les canards:ils ne se mouillent pas mais aiment cependant un petit déluge.On dit"mucho ruido y pocas nueces"(beaucoup de bruit mais peu de noix) ce qui signifie que ces "piropos" font partie d'une habitude dont les conséquences sont pratiquement inexistantes.

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