Areva : le plan d'économies inquiète les 42 000 salariés

Areva : le plan d'économies inquiète les 42 000 salariés

    Comment le fer de lance du nucléaire français, filière d'excellence que de nombreux pays nous envient, en est-il arrivé làâ??? Areva a essuyé 4,8 milliards d'euros de pertes en 2014 et près de 8 milliards d'euros de déficit sur quatre ans. Mercredi, selon Le Figaro, les dirigeants de l'entreprise doivent rencontrer les représentants syndicaux pour préciser le volet social du plan de performance d'un milliard d'euros que le groupe entend appliquer au cours des trois prochaines années. Selon les syndicats, la coupe pourrait être sévère, touchant près de 15% de la masse salariale.

    Pas de licenciements secs. Au lendemain de l'annonce des résultats, alors que l'Etat est actionnaire à 87% de l'entreprise, le gouvernement a assuré qu'il n'y aurait pas de licenciements secs. La direction d'Areva a promis de privilégier les départs volontaires ou anticipés. L'Etat-major du groupe a déjà annoncé la suppression de 1 500 postes en Allemagne... Selon les syndicats, le pire pourrait même arriver : «Areva peut mourir, tout à fait. On est en danger, c'est une question de survie. Dans un an, on peut très bien arrêter le paiement et être dans une situation catastrophique», a lancé Jean-Pierre Bachman, coordinateur CFDT Areva. Et d'ajouter : «Si on veut trouver un milliard, cela ne va pas se faire comme ça. Cela va toucher l'emploi, de manière importante, cela touchera les rémunérations, les conditions de travail, les statuts collectifs, les garanties collectives, le temps de travail. C'est extrêmement préoccupant.»

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    Entrée possible des Chinois dans le capital. Pour autant, si ce plan d'économies semble inévitable, il ne sera probablement pas suffisant. Le groupe a besoin d'argent frais, «au moins 3,9 milliards d'euros» selon les syndicats, et va devoir se séparer de plusieurs activités. Selon Les Echos, Engie (ex-GDF-Suez) aurait déjà mandaté des banques d'affaires pour étudier une reprise partielle de certaines activités d'Areva, notamment les services pour le parc nucléaire installé.

    Par ailleurs, comme l'Etat actionnaire va devoir mettre la main à la poche pour renflouer les caisses, il est possible, comme pour le groupe PSA Peugeot-Citroën, qu'il soit fait appel à des fonds étrangers. Selon le Journal du Dimanche, même si aucune négociation n'a officiellement commencé, les groupe chinois CGN (China General Nuclear) et CNNC (China National Nuclear Corporation), ainsi que le spécialiste des équipements industriels dans l'énergie DEC (DongFang Electrical Corporation), ont déjà fait part de leur intérêt pour l'ingénierie de la division réacteurs d'Areva. Autre hypothèse : l'Etat pourrait accepter que les Chinois entrent comme actionnaires minoritaires, à hauteur de 10% du capital, en échange de l'accès pour les Français au marché de l'Empire du milieu.

    Un rapprochement avec EDF. Par ailleurs, si l'entreprise paie des erreurs stratégiques passées, comme le rachat d'UraMin en 2007 pour 1,7 milliard d'euros alors que l'entreprise valait six fois moins un an plus tôt, ou encore l'après-Fukushima avec l'annulation de 50 réacteurs au Japon ou l'arrêt du nucléaire allemand, elle doit aussi se débattre actuellement avec les 4 milliards d'euros de pertes de l'EPR, et ses retards en Finlande ou à Flamanville, dûs aux problèmes de conception. L'EPR reste la clef de l'avenir d'Areva à l'export mais, pour cela, l'entreprise ne peut plus faire cavalier seul et son rapprochement avec EDF semble incontournable. Au gouverment maintenant d'en définir le périmètre.

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