INTERVIEWTrois ans de l'élection de Hollande: «Il lui sera très compliqué de remonter la pente»

Trois ans de l'élection de Hollande: «Il lui sera très compliqué de remonter la pente»

INTERVIEWFrançois Hollande fête ses trois ans à l'Elysée ce mercredi. Jérôme Fourquet de l'institut de sondage Ifop explique à «20 Minutes» pourquoi tout n'est pas encore joué...
Le président François Hollande sur le perron de l'Elysée le 29 avril 2015 à Paris
Le président François Hollande sur le perron de l'Elysée le 29 avril 2015 à Paris - THOMAS SAMSON AFP
Mathieu Bruckmüller

Propos recueillis par Mathieu Bruckmüller

Après trois ans à l'Elysée, François Hollande entre dans la dernière ligne droite de son quinquennat. Et à deux ans de la prochaine échéance présidentielle, sur fond de chômage record, sa cote de popularité fait grise mine. Le chef de l'Etat a-t-il encore une chance de renverser la tendance? Éléments de réponses avec Jérôme Fourquet, de l'institut de sondage Ifop.

François Hollande est-il toujours dans la course pour la présidentielle de 2017?

Trois ans après son élection, la cote de popularité de François est de 21% selon le dernier baromètre Ifop-JDD. A la même période de son mandat, Nicolas Sarkozy avait dix points de plus, avant de progresser jusqu’à 36% en mars 2012 à la veille de la présidentielle. Et malgré tout, cela a été insuffisant pour se faire réélire. François Hollande part a priori avec un sérieux retard. Il lui sera en théorie très compliqué de remonter la pente. Mais rien n’est joué. Objectivement, il peut se passer beaucoup de choses en deux ans. Regardez les attentats de janvier qui ont entraîné une hausse de la popularité de l’exécutif. Des événements impromptus peuvent entraîner de puissants mouvements d’opinion. Il faut se rappeler que l’affaire du Sofitel en mai 2011, mettant hors course DSK, à un an de l’échéance présidentielle, a bouleversé la donne au PS. Par ailleurs, la situation géopolitique est inflammable notamment au Moyen-Orient.

Le principal atout de François Hollande n’est-il par la reprise économique?

L’éventuelle reprise économique est en effet un atout sur lequel Nicolas Sarkozy n’avait pas pu s’appuyer. Il y a des signes encourageants avec des indicateurs avancés qui virent au vert (consommation, dépense des ménages). Mais il faudrait pour cela que la reprise soit dynamique, tonique et cela sans tarder. Il y a des délais incompressibles. Plusieurs trimestres seront nécessaires pour que les entreprises investissent, embauchent et que cela se traduise par une baisse du chômage. Or à moins de 1,5% de croissance, l’économie ne crée pas d’emploi. A cela s’ajoute le délai entre l’amélioration de la situation économique et celle des sondages, le temps pour l'opinion de surmonter son scepticisme. Quand le chômage avait baissé sous les gouvernements Raffarin et Villepin, il avait fallu un an et demi pour que le scepticisme de l’opinion se dissipe. Il reste deux ans. Les délais sont très courts.

La meilleure chance pour François Hollande de se faire réélire en 2017 n’est-elle pas d’affronter Nicolas Sarkozy ?

Il est certain que si le président de l’UMP remportait la primaire à droite, l’électorat de gauche se ressouderait davantage que si c’était Alain Juppé par exemple. Mais en attendant, la gauche est fracturée comme jamais, le Front de gauche tire à boulets rouges sur le gouvernement, les Verts sont coupés en deux et au sein du PS, les frondeurs n’ont pas désarmé.

Jusqu'ici, qu’est-ce que les Français peuvent retenir de l’action de François Hollande?

Il s’agit certainement de la séquence qui a suivi les attentats de janvier et qui a permis à François Hollande d’endosser la stature présidentielle.

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