Jean André, dessinateur de l’intime : “Instagram est une source d'inspiration infinie”

Le temps d'une exposition, le “digital lover” dopé aux réseaux sociaux rend hommage au corps féminin, qu'il aime représenter.

Par François Chevalier

Publié le 06 mai 2015 à 05h00

Mis à jour le 16 mars 2021 à 10h01

Après avoir étudié le graphisme dans une école parisienne, Jean André s'est entièrement consacré à sa première passion : le dessin. Dans un premier temps, le trentenaire collabore avec Because Music en réalisant des pochettes de disques, notamment pour le groupe Justice. Son trait caractéristique, presque naïf, tape dans l'œil de Pedro Winter, qui en fait le directeur artistique de son label électro Ed Banger.

Dans l'exposition qui lui est consacré à la galerie 12 Mail, Jean André présente une partie de ses travaux récents sur le thème de son amour pour les femmes. Un sujet casse-gueule par excellence dont il se dépêtre avec une certaine élégance, en dévoilant une vision contemporaine de l'illustration érotique. Rencontre avec un digital lover très actif sur son compte Instagram.

Vous qualifiez votre travail de « gentleman art ». Pour quelle raison ?
Au départ, il s’agit de mon attitude vis-à-vis des filles que je dessine. Je veux faire des dessins élégants, en évitant la vulgarité que peut sous-entendre le dessin de charme. Mes images sont faites pour séduire, garçons et filles, avec les moyens qui sont à ma disposition. En réalité, le terme le plus approprié aujourd’hui serait « Gentlewoman art », qui désigne les demoiselles qui posent pour moi et que j’aime représenter. C'est une démarche plus sensible, moins machiste.

Qu'allez-vous présenter dans cette exposition ?
J’ai essayé de sortir l’arôme qui se dégage des dessins que je poste tous les jours sur les réseaux sociaux et de les présenter physiquement dans une jolie galerie. J’ai travaillé les matériaux qui me séduisent : la peinture à l’huile, du néon, des statuettes de plâtre, des carrés de soie, de la broderie, des dessins au rouge à lèvre et mon préféré : l’encre noire. Des mediums plutôt chaleureux et féminins au final.

La femme est au cœur de votre dispositif…
Je suis un amoureux. J’adore les attitudes des filles, leurs manières, leur caractère et puis bien sûr leurs courbes, les bouches… Les traits sont ronds, les ombres sont chaleureuses, c’est aussi agréable à dessiner que fascinant à regarder. J’ai une approche très professionnelle du milieu dans lequel j’évolue, ça empiète rarement sur ma vie personnelle.

Lors de votre exposition, il y aura un versant participatif, puisque vous allez réaliser des portraits à la demande. C'est important pour vous d'interagir avec votre public ?
C’est primordial oui ! Ce sont les gens qui me guident, m’encouragent, me boostent tous les jours. J’ai besoin de cet amour et quand j’ai l’occasion de faire participer, je le fais avec grand plaisir et beaucoup de reconnaissance. Tout le monde pourra se procurer un objet lors de mon expo, que ce soit des dessins à un prix accessible ou des pin’s, du chocolat et des petits bouquins de dessins. C’est important de rester accessible pour moi.

Vous êtes très actif sur Instagram, un réseau sur lequel vous postez régulièrement vos travaux. Ne craignez-vous pas de trop vous exposer et d'enlever une part de mystère ?

Je n’ai pas montré les pièces de mon exposition. Je reste discret sur ma vie personnelle, en prenant soin de ne pas mélanger travail et vie privée. J’ai l’impression de sortir de ma zone de confort tout en essayant de me réserver une marge d'évolution sans limites, avant de lasser les gens.

“J’envisage Instagram comme un terrain de jeu”

Comment utiliser intelligemment ce médium, également outil de communication, quand on est un artiste ?
Je ne pense pas qu’il y ait de règles. Personnellement, mon objectif est de produire une image par jour, que je poste à une heure précise selon la zone géographique que je souhaite atteindre. J’essaye de répondre aux gens qui m’écrivent et d’être toujours de bonne humeur !

Instagram est-il une source d'inspiration pour vous ?
J'envisage Instagram comme un terrain de jeu, le flux d'images est une source d’inspiration sans fin. Malgré le nombre incalculable de selfies, les gens font très attention aux photos qu’ils postent. En règle générale, les utilisateurs savent se mettre en valeur sous leur meilleur angle et se prendre en photo, quasiment comme des pros. C’est une fenêtre ouverte sur les journaux intimes. Cette proximité et les possibilités infinies de dessins me fascinent.

En quoi consiste votre collaboration avec Ed Banger ?
J’ai rencontré Pedro Winter il y a deux ans. J’ai adoré l’homme, qui est certainement le mec le plus gentil sur terre. Après un passage comme graphiste chez Because music, je cherchais un nouveau boulot et il m’a embauché pour travailler avec lui. C’est l’une des rencontres les plus importantes de ma vie et je lui serai toujours reconnaissant d’avoir cru en moi.

Le régime de Jean André sur Instagram ? Une publication par jour.

Le régime de Jean André sur Instagram ? Une publication par jour. © Jean André

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