Vivre ensemble Face aux dégradations et aux incivilités : le maire de Colmar brandit la dénonciation

Interpellé par des habitants du quartier Saint-Vincent-de-Paul excédés par les dégradations et les incivilités, le maire de Colmar Gilbert Meyer les a clairement invités à recourir à la dénonciation. Cet appel lancé au nom de la coopération entre les citoyens et la police se heurte aux représailles qu’ont déjà vécues certains riverains.
Franck Buchy - 06 mai 2015 à 05:00 | mis à jour le 06 mai 2015 à 10:28 - Temps de lecture :
 | 
Lundi soir, à la réunion de quartier Saint-Vincent-de-Paul et Bel Air-Florimont.  Photo DNA-Nicolas Pinot
Lundi soir, à la réunion de quartier Saint-Vincent-de-Paul et Bel Air-Florimont. Photo DNA-Nicolas Pinot

L’esprit charitable de Saint-Vincent-de-Paul ne souffle plus sur le quartier Saint-Vincent-de-Paul à Colmar. « Rue de Hunawihr, quand y aura-t-il une police efficace pour sortir tous ces truands ! », s’énerve un habitant qui ne supporte plus la vue d’une « douzaine de personnes » qui « trafiquent jusqu’à 23 h » et « mettent le feu aux broussailles ». « Il faudrait que quelqu’un intervienne », dit-il.

« Il habite où le maire ? »

« Route d’Ingersheim, c’est carrément une autoroute, c’est incroyable ! », pointe un autre Colmarien du secteur, « réveillé la nuit par des motos ». « Il y a des périodes », réplique Gilbert Meyer. « Il habite où le maire ? », se demande à voix basse une dame, un brin agacé. « Oh, sûrement pas à Colmar… », lui répond sa voisine.

« La rue de Mittelwihr est une zone sinistrée », lance à son tour une dame, archétype de la population vieillissante de ce quartier résidentiel et ancien qui doit cohabiter avec de l’habitat social. Un jour, cette femme a interpellé des jeunes qui pliaient un arbre de Judée. Après leur avoir demandé d’arrêter, un membre de la bande s’est dirigé vers sa voiture pour piétiner le capot. Elle a déposé plainte au commissariat. « Le policier m’a dit : heureusement que vous ne les avez pas pris en photo ».

« Ce n’est pas un bon conseil, ça », embraie aussitôt le maire qui en appelle à la dénonciation. « Vous avez droit à la tranquillité, mais il faut aussi nous aider », a-t-il répété au cours de la soirée. « Il faut prendre le numéro des plaques d’immatriculation et prendre des photos. Les dépôts de plainte s’accompagnent toujours de photos », dit-il. « Prenez les numéros et donnez-les au chef de la police municipale. Il faut être deux pour réussir ! ».

« Ça, c’est du pipeau ! »

Son appel ne convainc pas tout le monde. « Mais il y a des représailles ! », dit un habitant. « La police ne se déplace même pas », déplore un autre. « Ça, c’est du pipeau ! », clame un troisième. « Les représailles, c’est moi qui les aurais », assène la pauvre dame qui s’est fait défoncer son capot pour être intervenue.

En fin de réunion, une riveraine de la rue de Mittelwihr propose la mise en place d’une caméra de vidéosurveillance. « Ça dissuadera ! », dit-elle en se demandant « si des gens ne vont pas déménager ». Gilbert Meyer se montre sceptique. « Faut les déplacer ! », glisse un homme dans la salle. Plus loin dans les rangs, un autre suggère : « Faut amener le Kärcher ». Esprit de Saint-Vincent-de-Paul, où es-tu ?

La dénonciation et le droit : En droit pénal, la dénonciation désigne l’acte par lequel un citoyen informe les autorités judiciaires ou administratives de l’existence d’une infraction commise par autrui (contravention, délit ou crime). L’autorité compétente pour recevoir les dénonciations et apprécier les suites à leur donner est le procureur de la République (Code de procédure pénale). Attention, toute dénonciation calomnieuse ou imaginaire est passible d’amende et de peine d’emprisonnement. La dénonciation pose des questions d’ordre éthique et moral.

Franck Buchy