Procès Pétain 1/15

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**A l’occasion des 70 ans du procès du maréchal Pétain, la fiction de France Culture a choisi de rediffuser les quinze épisodes du feuilleton reconstituant une partie de ce procès d’après son compte rendu sténographique publié en 1949. **

Pétain lors de son procès, avec son avocat Jacques Isorni
Pétain lors de son procès, avec son avocat Jacques Isorni
© Maxppp

« 23 juillet 1945. Palais de justice de Paris. Le procès du maréchal Pétain, 89 ans, s’ouvre devant la haute Cour de Justice.

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L’ancien chef de l’Etat doit répondre de complot contre la France – en enterrant la République - et d’intelligence avec l’ennemi - en instaurant une collaboration active avec l’occupant.

L’ambiance ? C’est peu dire qu’elle est explosive. La fin de la guerre en Europe ne date que de deux mois et demi et le pays épuisé, ruiné, peine à retrouver ses repères. Les journaux se passionnent et dépêchent leurs meilleures plumes : Léon Werth, François Mauriac, Georges Bernanos, Jules Roy. Pour France-Soir , c’est Joseph Kessel, héros de la France Libre, auteur du « Chant des Partisans », qui rend compte du procès : « La première séance du procès Pétain ? Comme elle vieille et cassée, et combien pareille à celle que la France entendait si souvent à la radio, la voix qui répond à l’interrogatoire d’identité : Mon nom Philippe Pétain. Qualité : Maréchal de France. Après quoi le maréchal Pétain se rassied et plus rien ne semble le toucher. Une voix qui appartient aux disques de radio plutôt qu’à un homme. Un képi lauré sur une vieille petite table. Un vieillard sur un vieux fauteuil. »

L’ancien chef de l’Etat français a confié à Me Isorni, son principal défenseur aux côtés de Mes Payen et Lemaire, le soin de le disculper devant la cour et devant l’histoire. Après une brève intervention, l’accusé gardera le silence. Long défilé à la barre des témoins de l’accusation : Léon Blum, Albert Lebrun, Jules Jeanneney, etc., suivi par les témoins de la défense : Marc Boegner, Pierre Laval, etc. Kessel, crayon à la main, note le moindre rictus de l’accusé, les regards des uns ou des autres, les silences, les incidents de séance, les émois de l’auditoire, la mémorable passe d’armes qui oppose Paul Reynaud à Maxime Weygand.

Comme la majorité des Français de l’époque, le grand reporter accable Pétain sans pour autant se départir d’un certain respect pour le vieux maréchal. Même si l’écrivain insiste avec lucidité sur l’implication du chef de l’Etat français dans la politique de Collaboration, son discours distingue volontiers le « mauvais Vichy » de Laval du « moins mauvais Vichy » du Maréchal .

Peine capitale ou perpétuité ? Quel sera le verdict ? Drame comme dans tous les procès politiques, plus que d’autres sans doute, tant celui-ci renvoie aux années sombres de l’Occupation, aux faiblesses, aux compromissions, aux crimes, aux trahisons. Témoignages, réquisitoires et plaidoiries vont durer jusqu’à la nuit du 14 au 15 août 1945. Sept heures de délibéré, les jurés reviennent dans la salle.

4 heures du matin : Philippe Pétain est déclaré coupable de haute trahison et d’intelligence avec l’ennemi. Il est condamné à mort. Le verdict est assorti du vœu que la sentence ne soit pas appliquée. Transféré d’abord au fort du Portalet, il sera ensuite assigné à résidence et jusqu’à sa mort à l’Ile d’Yeu en 1951.

Pour composer ce feuilleton, j’ai suivi le compte-rendu sténographique minutieux et exhaustif (publié par le Journal officiel ), qui reprend mot pour mot le contenu des vingt auditions houleuses et d'une densité dramatique que vécurent l'assistance, la Cour et bien sûr le maréchal Pétain durant ces trois semaines de procès. »

Dominique Missika

Choix des extraits par Dominique Missika

Réalisation : Etienne Vallès

Conseillère littéraire :** Emmanuelle Chevrière**

Bibliographie

Albin Michel a publié dans la collection dirigée par Me Maurice Garçon de l’Académie française, en 1949, le compte rendu sténographique du procès du maréchal Pétain en deux volumes.

**Et autour : **

Jacques Isorni, Le Condamné de la Citadelle , Flammarion, 1982

Jules Roy, Le Grand Naufrage ; chronologie du procès Pétain , Albin Michel, 1998

Joseph Kessel, Jugements derniers , Tallandier, Collection « Texto » , 2007

Fred Kupferman, Le Procès de Vichy, Pucheu, Pétain, Laval , Complexe, 2006.

Léon Werth, Le Procès Pétain , Viviane Hamy, 1995

Marc Ferro, Pétain, Fayard, 1995

Biographie

Dominique Missika est éditrice et a été productrice à France Culture, ainsi qu’ancienne rédactrice en chef de la chaîne Histoire. Elle a consacré la plupart de ses ouvrages à la France sous l’Occupation. Elle a notamment publié* Le Chagrin des Innocents* (Grasset 1998) sur le sort des enfants juifs pendant l’occupation allemande, Petit Louis, histoire d’un héros de la Résistance (Hachette, 2002), ou encore Berty Albrecht (Perrin, 2005) et *Je vous promets de revenir, le dernier combat de Léon Blum * (Robert Laffont, 2009).

Dominique Missika a publié aussi *Résistance, Histoires de famille, 1940-1945 * aux éditions Armand Colin.

Au nom de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, elle a mené à bien l’enregistrement de 110 témoignages de déportés, d’enfants de déportés et de Justes, en collaboration avec l’INA.

Actuellement elle prépare l’édition en DVD de douze heures d’extraits du procès Barbie pour Arte. Elle avait produit les trois procès Barbie, Touvier et Papon à la fois pour la chaîne Histoire (3 séries de 80 heures) et pour France Culture (3 séries de 25 heures).

**1er épisode **
le Président Mongibeaux : Gabriel Le Doze

le Procureur général Mornet : Jean Bollery

Pétain :** Roger Dumas**

le bâtonnier Payen : Philippe Laudenbach

Maître Lemaire : Jean-Yves Berteloot

Narration : Hélène Lausseur

Le public des audiences était composé de :

Emilie Blon-Metzinger, Guy Lamarque, Nicolas Melocco, Olivier Chauvel, Anne Voutey, Marie-Laure Crochant, Olivier Augrond, Daniel Isoppo, Félicien Juttner, Christophe Boudet, Hugues Boucher, Antoine Brugière, Rudy Galiffi, Philippe Siboulet, Julien Lecroix, Jean-Yves Chilot, Thierry Pietra

Bruitages : Sophie Bissantz

Prise de son et mixage : Olivier Dupré

Assistance technique et montage : Clotilde Thomas

Assistant à la réalisation : Benjamin Hû

L'équipe