Diane 35, pilules de 3e génération: un an plus tard, les leçons du scandale
Par Sandra Lorenzo
Reuters
PILULE - "L'année a été difficile". De l'aveu même de la présidente du planning familial, Marie-Pierre Martinet, 2013 restera dans les annales. Pour la première fois, depuis sa mise en vente en 1969, la pilule a été au centre de toutes les polémiques. En question? Sa dangerosité. Pour la première fois, ce symbole du droit des femmes à disposer de leur corps a été massivement pointé du doigt.
En quelques semaines, les dangers de la pilule, jusque là très peu médiatisés, sont affichés au grand jour. Le débat s'installe, les spécialistes s'écharpent sur le sujet, les couvertures des journaux se font de plus en plus alarmistes. Face à la pression, la ministre de la Santé met finalement en place un numéro vert. En quelques semaines, l'ANSM revoit ses consignes de prescription.
En janvier 2013, Le HuffPost avait interrogé plusieurs spécialistes pour tenter de comprendre les angoisses des Françaises. Parmi eux, Isabelle Bonpain, gynécologue dans le Nord et Marie-Pierre Martinet, présidente du planning familial ont accepté de revenir sur cette année mouvementée. Que s'est-il passé? Les inquiétudes se sont-elles calmées?
Ce qu'il s'est passé : En cette fin d'année, le docteur Bonpain semble sereine, "les choses se sont bien calmées". On est loin du flot ininterrompu de coups de fils inquiets que subissait la spécialiste au début de l'année précédente. "Depuis la fin des fêtes, le téléphone n'arrête pas de sonner!" déplorait en janvier dernier cette gynécologue du Nord. Un an plus tard, le constat est sans appel, "Aujourd'hui, si mes patientes sont bien moins inquiètes, au cours de l'année, plus de la moitié d'entre elles ont changé de contraception" constate la gynécologue.
Une tendance en partie confirmée par les chiffres officiels. Depuis janvier 2013, près d'une femme sur cinq a changé son moyen de contraception selon les chiffres du ministère. Le schéma "tout pilule" ne fait plus autorité, les femmes, mieux informées, posent plus de questions. Dans le détail, les Françaises ont massivement arrêté de prendre les pilules de 3e et 4e génération au profit des 1e et 2e générations d'abord, mais aussi, dans une moindre mesure, des stérilets en cuivre.
"Ces polémiques auront eu au moins un effet positif, les femmes se sont posées des questions sur leur contraception" explique Marie-Pierre Martinet, la présidente du planning familial. "Mais, déplore-t-elle, quel dommage d'avoir attendu tout ce temps".
Ce qu'il s'est passé : "Il faut arrêter de prendre les Françaises pour des idiotes, elles peuvent réagir intelligemment" s'agace Marie-Pierre Martinet. Comprenez, ce n'est pas parce que les femmes vont arrêter leur contraception ou en changer qu'elles vont tomber enceintes. Sur ce point, les chiffres du ministère sont formels : le nombre d'IVG est resté stable en France avec une moyenne de 17.000 avortements par mois.
Ce qu'on pensait : Malgré les précédents scandales sanitaires, le système de pharmacovigilance fonctionne bien.
Ce qu'il s'est passé : "Depuis ces polémiques, je suis scrupuleusement les recommandations de l'ANSM, je prescris automatiquement une pilule de 2e génération" confie Isabelle Bonpain sans être tout à fait convaincue par les positions de l'Agence Nationale du Médicament. Il faut dire qu'entre les recommandation de l'ANSM, les déclarations du ministère de la Santé, l'agenda officiel de la Ministre, suivre le mouvement n'a pas été simple, ni pour les patientes, ni pour les spécialistes.
Mois après mois, voici l'année mouvementée de la pilule :
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Octobre 2011 - Une étude anglaise pointe du doigt les pilules 3e génération - Ce n'est pas la première étude à pointer du doigt ces pilules, mais l'étude publiée en octobre 2011 dans le British Medical Journal attire l'attention de la Haute Autorité de Santé. Selon les chercheurs, le risque de thrombose veineuse (phlébite ou embolie pulmonaire) est en effet deux fois plus élevé sous une pilule de troisième génération que sous une deuxième génération, et cinq fois plus élevé que sans contraceptif hormonal.