Un journaliste irakien laïque abattu chez lui

BAGDAD - Un journaliste irakien, notoirement laïque, a été abattu chez lui à Bagdad, ont indiqué jeudi son père et une organisation luttant pour la liberté des médias.

Raed al-Joubouri a été tué mardi «d’une balle en plein coeur à son domicile, dans le quartier de Qadissiyah. Une autre balle a touché son oreiller», a déclaré à l’AFP Ziad al-Ajili, de l’Observatoire irakien pour la liberté de la presse.

Si les motifs de l’assassinat ne sont pas clairs, M. Ajili et des collègues de Raed al-Joubouri affirment qu’il se savait menacé. Il avait récemment donné à des amis le numéro de téléphone de l’Observatoire au cas où quelque chose lui arrive.

M. Joubouri, qui présentait une émission sur la chaîne de télévision al-Rasheed et écrivait une chronique dans le journal Azzaman, ne se privait pas de critiquer les politiciens pour les problème sécuritaire et économiques de l’Irak.

Un porte-parole des services de sécurité a affirmé à la chaîne de télévision publique Iraqiya que l’enquête préliminaire suggérait que M. Joubouri s’était peut-être suicidé, hypothèse que le père du journaliste a immédiatement balayée.

«Le meurtre de mon fil était prémédité, ce n’était pas un suicide», a-t-il dit à l’AFP.

Les menaces contre les journalistes en Irak sont nombreuses.

Plusieurs reporters ont été tués, blessés ou enlevés par les jihadistes du groupe État islamique (EI) depuis le début de leur offensive dans le pays en juin 2014.

Pour Reporter sans frontière, avec qui travaille l’Observatoire irakien pour la liberté de la presse, les menaces peuvent aussi être politiques.

«Alors que la violence et l’impunité règnent en Irak, les journalistes continuent d’être harcelés par des responsables qui refusent la critique et n’hésitent pas à les traîner en justice», a affirmé l’ONG dans un communiqué.

L’Irak est classé 156e sur 180 au baromètre RSF de la liberté de la presse.